La terre nourricière

Envie de vous lancer dans l’aventure du jardin créole ? En juin, le 1er numéro de Créola révélait les dynamiques qui font du jardin créole une terre si nourricière. Passons aux travaux pratiques. Première étape : préparer le sol.

Terre des profondeurs

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D’abord, il faut faire le test : avec une pelle, creuser le sol. La terre est dure ? Comme la plupart d’entre nous, vous êtes, chez vous, en présence d’une terre qui vient des profondeurs. Que votre logement soit récent ou non, son terrain, à sa construction, a été retourné par une pelle mécanique qui a fait remonter en surface une terre rouge et compacte impropre à la culture. Et, horreur, ce jardin est planté de pelouse, qui consomme le peu de vitalité de ce sol. Résultat : « La terre est pauvre, sans vie, ni insectes, ni vers de terre. Les arbres et les plantes ne poussent pas et sont attaqués par les nuisibles, alors que dans la nature ils se défendent » explique Hugues Occibrun, fondateur de l’association 100% Zèb.

Imiter la forêt

« Imaginez les racines fragiles des petites plantes : impossible pour elles de se développer dans ce sol. » Alors, que faire ? « Imiter la forêt ! » lance Hugues. « En Forêt, les feuilles et les troncs tombent, les animaux meurent : les plantes poussent sur ce substrat riche. Si votre sol est dur, plutôt que de fouiller en profondeur, travaillez en surface : disposez un mélange de feuilles, de brindilles et de déchets verts. » La tonte de gazon, elle, est utilisée séchée, pour ne pas favoriser la prolifération d’un champignon. « Il faut autant de matière carbonée (marron) qu’azotée (verte), donc une proportion égale de feuilles vertes et de feuilles mortes, comme en forêt ! » En quelques jours les premiers insectes décomposeurs apparaissent, iules, myriapodes, coléoptères et vers de terre. Ils dégradent la matière et la mélangent à la terre, qui s’ameublit. Le sol devient fertile.

Bute lasagne

C’est le nom du procédé en permaculture : 20 cm de cet entreposage de feuilles auquel on ajoute 20 cm de terre végétale – dont la qualité importe peu car elle ne sert que de support. Assurez-vous néanmoins qu’elle n’est pas chlordéconée[1]. On plante dessus le jour même. « La couche en décomposition est le garde-manger des plantes. Et ça pousse ! » conclut Hugues.

La suite dans Créola #3 : on plante !

[1] Consulter la cartographie des analyses de la chlordécone sur guadeloupe.gouv.fr et martinique.gouv.fr

Texte : Julie Clerc 

Photo:  Aurélien Brusini

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