On a tous connu, un jour ou l’autre, un chagrin d’amour, n’est-ce pas ?
Exprimer cette souffrance, ô combien douloureuse, n’est pas toujours facile, et elle l’est encore moins pour les messieurs.
Les filles en fait, on y arrive plutôt bien (vive les copines, vive maman, vive mon chat !)
Chez nous, c’est bien connu, l’homme antillais n’a pas de chagrin d’amour. Vous voyez de quoi je parle : il ne peut pas en avoir, le fameux Gwo Pwèl antillais entraîne, chez les autres, rires, moqueries et dérisions assortis de « blié sa ! ».
Le soir de la Saint-Valentin, Fabrice Théodose nous offre sa vision au masculin, son regard sur le Gwo Pwèl en verbalisant cette souffrance entre slam et théâtre, une introspection, à découvrir à Tropiques-Atrium. C’est gonflé pour un 14 février, mais ça accroche !
Nous l’avons rencontré :
Bonjour Fabrice, tu seras bientôt seul sur scène pour « Le monologue du Gwo Pwèl », racontes-nous cette aventure ?
Tout est parti d’un délire sur Facebook. Amusé par ceux qui racontent dans les moindres détails leur vie sur les réseaux sociaux, j’ai décidé de raconter moi aussi une histoire, je me suis inventé un drame personnel, un gwo pwèl, et j’ai écrit de nombreux textes m’épanchant sur mes états d’âme d’homme délaissé.
Comment passe t-on d’écrits sur Facebook à la scène ?
Il y avait vraiment beaucoup d’écrits et les assonances et les consonances étant travaillées et plutôt jolies … De ces écrits est venue une certaine reconnaissance du propos. J’ai donc fait une compilation de tous mes textes … Et de tout cela est né la volonté de créer un personnage. De fil en aiguille ce personnage est devenu un texte slamé théâtralisé, aujourd’hui présentée en co-production avec Tropiques-Atrium.
Tu as choisi Patrice Lenamouric, pour t’accompagner sur ce spectacle, comment cela s’est il passé ?
Pour la mise en scène, je me suis en effet adressé à lui. Patrice a fait, à partir de l’ensemble des textes remis, un travail remarquable, il a construit une histoire et nous y avons intégré mes écrits. Cette collaboration a été un fabuleux travail, en plus de celui de narration et de mémorisation – au final plus d’une heure de texte à mémoriser tout de même ! Et pour ceux qui me connaissent et qui m’ont déjà vu sur scène, je n’apprends jamais mes textes et suis toujours feuilles à la main – il y a eu un rapport au corps et au mouvement particulier. Moi qui vient du slam, où je suis plutôt statique, j’ai du appréhender l’espace, bouger – 1h de training chaque jour avant les répétitions d’où ma nouvelle silhouette : 4 kilos perdus depuis le début de l’aventure !
Que raconte cette pièce ?
En fait, sur scène je vis les émotions d’un homme totalement désarmé, dans une blesse profonde, en total désespoir. Un homme qui souffre, qui en chie réellement et qui passe par tous les états émotionnels : il est triste, aigri, désespéré, il l’aime encore, la déteste … Toujours sur le fil du rasoir entre pleur et rire, compassion et dérision…
Difficile de ne pas s’interroger ? C’est une histoire vécue ?
Oh j’ai déjà eu un chagrin d’amour et connu cet état, mais en l’occurrence je ne partage pas du tout cet état de souffrance, et quand tout a commencé sur Facebook, je connaissais au contraire un grand bonheur avec la naissance de ma fille.
Quel avenir espères-tu pour la pièce ?
Après cette première, nous espérons vraiment faire tourner la pièce. « Le monologue du Gwo Pwèl » est une structure légère, facile à délocaliser et qui peut être jouée vraiment partout. Donc, nous aimerions pouvoir aller l’interpréter chez l’habitant, dans les pitts, et dans bien d’autres lieux. L’idée est que cette pièce de slam soit vue par le maximum de personnes aux quatre coins de l’île.
Plus de places pour le 14 février, mais séance supplémentaire prévue mercredi 15, à 20h 😉