Une voix délicate et enivrante , un côté insoumis et provocateur, un esprit pénétrant et perspicace…J’ai eu le plaisir de rencontrer Erik Pédurand qui se produira le 18 février sur les planches de l’Artchipel à Basse-terre… Focus sur ce géant (au sens propre comme au figuré lol) de la musique et avide explorateur.
La Fée Pipelette : Bonjour Erik, comment abordes-tu ce concert?
Erik : En toute sérénité.
La Fée Pipelette : Tu te produits à l’Archipel à Basse-terre ? C’est un parti pris ?
Erik : Oui, c’est une scène sur laquelle je ne me suis jamais produit, cela n’a pas été sans mal de l’obtenir.
La Fée Pipelette : Tu vis actuellement à Détroit aux Etats-Unis, tu fais de plus en plus la navette entre Detroit et la Guadeloupe ? Est-ce précurseur d’un retour définitif chez toi ?
Erik : Mon retour est effectivement en préparation. Je compte revenir afin d’enseigner la musique aux scolaires dans le cadre d’un programme de l’éducation à la musique.
La Fée Pipelette : Est-ce que ton retour pourrait donner une orientation différente à ta musique ?
Erik : Tout à fait. Je ne connais pas suffisamment le Gwoka et je compte explorer davantage ce milieu sélect en allant chercher sa racine même, j’ai envie de lancer un signal au Gwoka, musique pour laquelle j’ai beaucoup de respect. Le groupe « 7 son @ to » qui m’accompagnera sur scène a une manière élitiste d’aborder le Gwo ka que je vise.
La Fée Pipelette : Confie-nous ton plus beau souvenir de scène.
Erik : Indéniablement, La Cigale (Paris) en 2010, et je suis toujours très bien accueilli en Martinique, c’est un public fervent, vif et démonstratif.
La Fée Pipelette : Justement, que penses-tu de la scène musicale aux Antilles ?
Erik : Tu m’as pas dit que ça devait être fun ?! RIRES
Erik : Je pense que c’est clivée. Il y a plusieurs publics en Guadeloupe. Etant donné que nous sommes au croisement des peuples, nous ne pouvons pas ignorer les influences extérieures, cependant nous ne sommes pas ouvert à la musique alternative. A Paris, le rapport a l’art est démocratisé, tout le monde y a accès. En Guadeloupe, il y a des cases, la mixité sociale ne fonctionne pas comme à Paris, et cela provoque une incidence sur la créativité. Je n’aurais pas pu crée « Chayé kow » en Guadeloupe. La spécificité aux Antilles, c’est qu’à partir du moment où nous nous intéressons à la musique traditionnelle, les gens sont à l’écoute car finalement, ils ont peur de perdre ce qui leur appartient, je dirai même qu’ils ont peur d’être aliénés. Aux usa, les gens ont moins de culture musical qu’ici, ils ont une approche plus naïve de la musique contrairement aux Antilles . En France, la dimension musicale est intellectuelle.
La Fée Pipelette : Parle nous de ta vie aux Etats-Unis…
Erik : J’ai une vie simple et paisible où je donne des cours de français. J’ai chanté dans de petites salles là-bas mais mon objectif n’était pas d’y faire carrière. J’avais une démarche lucide en m’y installant. Mon but n’était pas de vivre le American dream, qui n’existe plus d’ailleurs. Moi qui ait vécu les années 90, j’étais curieux de ce pôle économique qui régissait le monde.
La Fée Pipelette : Depuis peu, tu es père d’une jolie petite fille, qu’est-ce que ça a changé dans ta vie?
Erik : Sa présence dans ma vie a changé ma vision et mon rapport aux femmes. J’ai été plutôt séducteur, pas toujours dans l’engagement. Je suis féministe dans ma manière de voir les choses, j’ai toujours pensé que les femmes avaient un désir des hommes réprimé par les normes morales et les véléïtés masculines. Il est donc hors de question que je l’empêche d’explorer sa sexualité comme elle le souhaite. Elle sera amenée à vivre dans un monde misogyne. Elle devra pleinement assumer ses désirs. Mon rôle sera de la mettre en garde.
La Fée Pipelette : Parlons de tes goûts en matière de femmes…
Erik : Je suis élitiste dans mes choix. J’aime le charme naturel et je ne suis séduis uniquement par les personnes curieuses, vives, intelligentes, aiguisées, fines et audacieuse. Je suis attiré par les personnes travailleuses qui ont de l’ambition. Le féminisme acerbe est important à mes yeux. En terme d’érotisme, j’apprécie une femme sans limite qui aime explorer, qui soit ouverte et large d’esprit quant à la signification du couple. Il faut qu’elle comprenne ce à quoi un couple aspire et ce qu’il doit accomplir. Il faut qu’elle évite la posture féminine. Pour moi, le couple est composé de deux individus qui se créent de façon libre.
La Fée Pipelette : Quel est ton tue-l’amour par excellence ?
Erik : Ce serait une femme qui n’aime pas les mots, qui truffe ces écrits de fautes d’orthographes ou qui ne sait pas s’exprimer.
La Fée Pipelette : Parlons Fashion : Lors de ton show juillet à Lakasa (Guadeloupe), ta veste était juste sublime! Donne-nous le bon plan!
Erik : C’est une pièce zairoise entièrement travaillée à la main que j’ai acheté à Paris dans un quartier que j’aime appelé « little Africa ». Il se situe derrière le métro Poissonnière en longeant Barbès. On y trouve du beau, du laid, mais je conseille cette zone pour chiner.
La Fée Pipelette : L’habit ou l’accessoire le plus cher que tu ais acheté ?
Erik : Cette veste justement. Elle m’a coûté 300 euros. Elle coûtait initialement 500 euros, j’ai négocié le prix.
La Fée Pipelette : Et pour samedi, donne-nous un avant-goût de ton style…
Erik : J’ai prévu un style qui tend vers le classe, tout en sobriété avec quelques détails clinquants.