Je me souviens de la première fois que je l’ai rencontré. Avec Jordan on l’a attendu près de la Poste de Sainte-Marie… longtemps, on l’a attendu.
Et puis enfin, MONSIEUR s’est décidé à nous faire l’honneur de sa présence:
« Ah désolé, ma marraine voulait pas me laisser partir…. SALUUUUUT »!!!!!
Heu wait… Sa ki misié? Qui est cet individu vêtu d’une singulière chemise ananas, arborant un afro complètement WTF laissant entrevoir ses cheveux secs ternes et déshydratés, qui est cet individu qui m’empêche d’aller au restaurant, alow ke man FAIM?!
Lui c’est le grand, que dis-je,l’immense, YORHANN EMMANUEL, MONSIEUR ALEXANDER, jeune Martiniquais passionné de mode qui fait ses armes à Paris…
Styliste, personal shopper, conseiller en image, il s’est surtout fait connaitre grâce à sa participation en 2018 à la Fashion Week de Capetown en Afrique du Sud et à son désormais mythique selfie avec la Black Panther Naomi Campbell!
Ay chèchéy!
Alors je lui ai demandé « Mais comment as-tu fait pour en arriver là? »
Il m’a raconté… Et je me suis pris la claque de ma vie. J’ai compris, que pendant toutes ces années…Je n’avais rien compris!
J’ai découvert derrière la diva qui nous fatigue pour des posts Insta « n’oubliez pas de mettre mon nom en crédit photo!!! » […] une personnalité extrêmement déterminée, détermination propre à cette jeunesse martiniquaise qui veut briller dans le monde.
Ce ti chabin non-locksé m’a donné une vraie leçon vie façon TED-X !
Et puisque Créola, c’est avant tout le partage, j’ai décidé de t’en faire profiter. Une façon, aussi, de découvrir Yorhann Emmanuel, autrement.
LEÇON 1: FAIRE DE SA PASSION UN MÉTIER
« La vocation, c’est avoir pour métier sa passion. » Stendhal
- ÉCOUTER SON ENFANT INTÉRIEUR
Oui, la mode c’est une vocation chez Yorhann. Une vocation qui naît pendant l’enfance:
« Quand j’étais jeune, je lisais Créola chez ma mamie, ça m’inspirait beaucoup!Non mais tu te rends pas compte mais pour le jeune que j’étais Créola c’était LE magazine, c’était un moyen d’évasion ».
La mode, est une révélation et ouvre le champ des possibles à ce petit garçon des Terres Sainville. Il faudra cependant attendre l’adolescence et une émission pour lui donner définitivement envie d’intégrer ce monde si particulier.
« 2008 c’était l’époque des Martinique Queens avec Moana… J’achetais tous les Créola pour les voir, tu te rappelles la photo de Ingrid avec la robe Léopard olala ! C’était une très belle époque pour le milieu de la mode, il y avait une effervescence sur l’île.»
- SE LANCER
Très inspiré, il décide, en parallèle à ses études (qui ne le passionnent pas de ouf) de faire de la photo, en amateur…
« Ça m’a donné envie de faire de la photo, j’avais un petit appareil de rien du tout mais je m’amusais à faire des shootings d’abord des paysages puis des gens sur la Savane, le Malecon ! Et j’ai commencé à poser aussi! »
Grâce à Facebook il commence à fréquenter le monde de la mode martiniquaise, assiste aux shows Martinique Queens, rencontre des personnalités du milieu…Une période très riche et formatrice.
Ce qui semble n’être au départ qu’un passe temps fini par prendre de plus en plus de place dans sa vie…
LEÇON 2: PRENDRE DES RISQUES
« Vous devez faire ce dont vous rêvez, et ce, même lorsque vous avez peur. » Arriana Huffington
Le truc quand t’es un passionné, c’est que rien ne peut te détourner de cette passion.
Et très vite, vient le temps du choix, le choix entre « la contemplation ou l’action ».
Ben oui la route vers le succès sé pa rédi chèz bô tab!
- QUITTER LE NID
Le premier choix a été d’abandonner ses études en cosmétologie à l’UAG pour s’envoler vers la France en 2011 et tenter les beaux-arts. Echec.
« J’ai envoyé des dossiers, tout le monde m’a refusé. »
- TENTER
Il se tourne alors vers une licence en lettres modernes, « en attendant »…
En 2014, l’occasion s’offre à lui de suivre une formation de conseiller en image.
« C’était l’époque des émissions de relooking sur M6, je me suis dit: mais je veux habiller les gens, je veux faire comme Cristina Cordula! »
Alors oui il est encore étudiant en Lettres Modernes, oui, il a un agenda hyper chargé, et oui cette formation d’un mois avec Jill Cavalli est facturée 4000€, et oui il est pauvre…Mais Yorhann ne renoncera pas à cette opportunité.
« Elle ne prenait que deux étudiants par session, je me retrouvais à devoir payer des mensualités de 1200€ j’avais donc du mal à payer mon loyer, personne ne m’aidait…C’était un vrai suicide financier! Jusqu’à maintenant je me demande comment j’ai réussi à payer la dame en totalité! »
Bien sûr il obtient sa formation.Mais comme i ni an ti maniè Kamikaze il s’est de nouveau retrouvé, quelques temps plus tard, dans une situation …inconfortable. #herewegoagain
- APPRENDRE
Un jour en travaillant avec la styliste française de Rihanna, il tombe sur une veste Berluti à 5000€, un prix qui l’interpelle:
« Elle n’avait rien d’exceptionnel en soi, je ne comprenais pas ce prix. »
C’est décidé, il fera un master en Marketing de luxe.
« Je ne pouvais pas travailler dans la mode et ne pas comprendre l’industrie qui tourne derrière. Son histoires, ses logiques commerciales. »
Il apprendra tous les fondements du marketing liés au domaine du luxe, de la conception au développement du produit, à l’attribution du prix, en passant par sa distribution. Formation indispensable pour la suite de sa carrière.
Ouais sauf que l’école coûte 9000€ la première année, et 7000€ la deuxième. Il tente de trouver des solutions, mais se retrouve piégé :
« La réalité m’a rattrapée. Je luttais depuis des années, mais là j’étais à bout je n’avais pas de solution, j’ai songé à abandonner. Heureusement l’école a été compréhensive. »
Il travaille dur, économise, prend contact avec son conseiller bancaire, reçoit même l’aide de certains amis, mais ce n’est toujours pas suffisant.
Il doit faire un dernier choix: sacrifier son appartement ou son master. La question ne se pose même pas.
En 2019, Yorhann sera diplômé d’un Master en management des métiers du luxe spécialisé en mode et accessoires.
Ay chèché’y!!
LEÇON 3: DÉVELOPPER SON RÉSEAU
On ne bâti pas une carrière sans réseau.
La vie c’est des rencontres, et ça Yorhann l’a bien compris.
Mais plus encore, il faut oser aller à la rencontre de l’autre.
Voici trois des rencontres les plus décisives de sa vie:
- JEANPAUL PAULA
Il rencontre le styliste et directeur de magazine Hollandais alors qu’il est encore étudiant, via une annonce postée par une connaissance sur les réseaux sociaux.
Il deviendra son assistant et l’accompagnera sur des photoshoots, tournages de clips, et autres shootings presse.
« C’était intense sur le plan physique, stressant je n’avais plus de vie, mais on a fait de beaux projets et j’ai beaucoup appris avec lui. »
Yorhann & Jeanpaul
- SARAH DIOUF
Dans nos vies on a tous une « marraine fée » celle qui change notre life forever comme dans Cendrillon tu vois!
Yorhann rencontrera « sa marraine » Sarah Diouf en 2015 grâce au bouche à oreilles.
Sarah Diouf, est une businesswoman Africaine, créatrice du label Tongoro, et directrice des magazines Ghubar et Noir (entre autres choses…)
« J’étais fan d’elle, je la suivais sur Instagram, c’est une pointure dans le milieu Afro, et je suis devenu son bras droit! »
Avec elle, il participera à sa première Fashion Week en 2018, à Capetown:
« J’avais du mal à y croire! Ma première fois en Afrique! C’était hyper émouvant, je me suis senti chez moi! J’ai fais de belles rencontres, c’était une expérience riche et gratifiante. »
L’année suivante, il l’accompagnera à Dakar, lors de l’inauguration de la résidence d’artistes BlackRock, un moment inoubliable puisqu’il fera son désormais célèbre selfie avec Naomi… (je tease, je tease)
- LAËTITIA KANDOLO
En 2016, il devient l’assistant de Laëticia Kandolo, créatrice Congolaise de la marque Uchawi, celebrity stylist, une amie… de Sarah Diouf!! (contaaaaaacts!!!)
Elle habille les plus grands: Rihanna, Beyoncé, Madonna, Kanye West, Lady Gaga, Aya Nakamura…
Le gars fréquente le showbizz il a plus notre temps!
LEÇON 4: TRAVAILLER DUR
Les plus grands vous le diront « pani ayin pou ayin ». Il faut se donner les moyens de ses ambitions.
Yorhann ne compte jamais les heures, ne refuse jamais les opportunités qui s’offrent à lui, et surtout a toujours l’envie d’apprendre et de se perfectionner.
Résultat, il vit pas dans le même monde que nous. Pour nous, simples mortels, une journée fait 24 heures, mais pour Yorhann… disons que la Terre tourne un peu plus lentement sur elle-même… C’est la seule explication que j’ai trouvé pour expliquer son rythme de vie!
Alors qu’il est encore en licence de Lettres Modernes, et réceptionniste dans une grosse boîte à la Défense et il devient assistant de JeanPaul Paula dans le plus grand des calmes.
« Je n’avais plus de vie sociale. »
Il est capable d’être en master, de bosser à côté et de préparer une Fashion Week en 5 jours sans forcer.
Il est sur tous les fronts il ne semble jamais épuisé, alors que moi je compte faire une sieste après la rédaction de cet article…
LEÇON 5: SE RENDRE FIER
C’est important des fois de se poser et de voir le chemin parcouru.
La parcours de Yorhann Emmanuel a été jalonné d’embûches. Dix ans de stress, de choix, de remises en question… Mais il a su construire la vie dont il rêvait. Il l’a fait, là où beaucoup auraient abandonné.
2019 est l’année de la consécration.
Il est tout d’abord diplômé en marketing de luxe à la suite d’un contrat pro chez Givenchy, devient styliste et agent d’image, rencontre Manfred Thierry Mugler, et surtout Naomi Campbell (ou alors c’est Naomi qui a eu la chance de le rencontrer…)!!!
Mais surtout, il est enfin apaisé. Il a appris à se connaitre, il sait désormais ce qu’il veut. Il est parfaitement aligné.
« Je me connais mieux. Je sais maintenant que je suis quelqu’un de déterminé, persévérant, qui ne baisse jamais les bras. La règle d’or est l’abnégation.
Je sais maintenant ce que je veux, je suis plus sûr de moi, parce que je crois en mes rêves. La passion a fait de moi une personne plus patiente et rigoureuse.
Mais surtout j’ai appris à m’aimer. a patience, mais surtout l’amour pour moi-même. Je ne m’entoure que de personnes positives, et j’ai appris à me suffire à moi-même, même si je distribue volontiers mon amour aux autres, en particulier à mon entourage qui a toujours été là pour moi. Je ne pourrai jamais dire que j’y suis arrivé seul, c’est faux. »
WHAT’S NEXT?
Désormais il se consacre à ses projets personnels, à savoir être agent d’image, et accompagner les artistes dans une stratégie marketing globale.
« Je valorise les gens par les vêtements. »
Bien sûr il ne compte pas s’arrêter là sans jamais oublier d’où il vient!
« ma vision a une portée internationale, aux Etats-Unis, en Europe, en Afrique et bien sûr aux Antilles. »
#wearecaribeanexcellence
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YORHANN EMMANUEL :INSPIRANT
En réalité je n’ai qu’une chose à dire Yorhann, c’est merci.
Merci d’avoir été à l’origine d’une introspection à l’heure où je me construis moi-même, et questionne mon avenir professionnel.
Merci de m’avoir insufflé de l’énergie, une nouvelle façon de percevoir le monde, mon métier, mon futur.
Voir quelqu’un faire autant preuve d’abnégation, voir le succès qui en résulte, me fait bel et bien réaliser qu’il n’y a pas de raison de se mettre des barrières dans la vie. Et je ne m’en mettrai plus.
Les opportunités pour avancer sont partout, c’est à nous de les créer.
Yorhann nous montre que le succès réside dans la détermination. Il n’a jamais dévié de sa cible. Même dans les heures les plus dures.
Et juste pour ça je le trouve extraordinaire.
Enfin,Yorhann Emmanuel, c’est le témoin d’une ère, d’une époque. L’époque d’une jeunesse antillaise en ébullition qui s’ouvre au monde grâce à la mode, grâce à des noms qui sont également ses sources d’inspiration: Sarann Moana Luu, Steeven Zammor, son mentor, et bien-sûr et toujours, Créola.
« j’ai grandi avec Créola, je me suis construit avec Créola. »
Et cette jeunesse se doit de continuer ce travail qui a été initié, se doit de faire rayonner nos îles, dans le monde, parce ce que nous sommes le monde.
Yorhann Emmnanuel s’inscrit donc dans cette continuité.
#BuildingACaribbeanExcellence by Yorhann Emmanuel Alexander
« Je te le dis, je veux être le premier homme à faire la couverture de Créola ce serait une belle façon de boucler la boucle tu vois. »
Qui sait les voix de la presse féminine sont impénétrables…!