Depuis les lois Neuwirth et Veil de 1967 et 1975, la contraception et l’avortement sont autorisés en France, devenant des symboles de libération de la Femme.
Aujourd’hui 72% des femmes Françaises ont recourt à la contraception et peuvent ainsi contrôler leur fécondité.
Cependant, la majorité d’entre elles, déclarent s’occuper seules de cette contraception.
Et il est temps de questionner cette dernière donnée.
En effet, si la contraception est vue comme une liberté pour la femme, force est de constater qu’elle l’emprisonne, paradoxalement…
Et là bien sûr, tu me diras « mais Charlina qu’est ce que tu racontes? »
Je parle tout simplement de charge mentale contraceptive.
On connaissait déjà la charge mentale ménagère, qui traite de la gestion mentale de l’organisation foyer. Charge souvent attribuée de facto à la femme.
Mais dans une couple hétérosexuel, cette charge prend encore une autre forme en s’invitant au coeur de l’intimité de ce couple.
La femme, parce qu’elle incarne la fécondité, se retrouve souvent seule à porter poids de l’évitement de la grossesse.
Elle doit tout planifier pour ne pas tomber enceinte ce qui est épuisant au quotidien: la prise de contraceptif et leurs effets secondaires, les rendez-vous médicaux, le stress en cas de doutes…
AFFAIRE DE FEMMES
Je n’avais pas réalisé le poids que l’on portait en tant que femme, jusqu’à ce que je sois dans une relation sérieuse avec un homme. Depuis je vis dans une angoisse quasi permanente, lancinante à cause de la charge mentale contraceptive.
Elle se traduit par beaucoup de choses. La charge mentale contraceptive c’est:
TRACKER SES RÈGLES
Avant tu détestais avoir tes règles, maintenant tu les espères!
Quand tu sais que tu as eu un rapport non protégé pendant le mois, quand tu n’as pas eu de syndrome pré-menstruel, quand ton application de contrôle de cycle t’envoie une notif « il semblerait que vous ayez du retard »…
Bref, des jours d’angoisses qui souvent se terminent bien! Et là tu sabres le champagne!
PSYCHOTER SUR DOCTISSIMO
Le truc avec l’utérus, c’est que ok on en a toutes un, mais wallah on a aucune idée de comment ça fonctionne. D’autant plus que chaque femme est différente, chaque cycle est différent, chaque corps à son propre mode de fonctionnement!
Et des fois ton corps te fait des trucs chelous, tu es en quête de réponses.
Ton premier réflexe est d’aller sur Doctissimo…qui bien sûr va tout faire, sauf te rassurer.
Ton deuxième réflexe sera de chercher du soutien auprès de tes copines…
Et bien sûr ta copine va te raconter que elle, elle est tombée enceinte, alors qu’elle prenait la pilule, et qu’elle avait ses règles, qu’elle a fait 3 tests de grossesses négatifs blablabla…
L’angoise…
ALLER A LA PHARMACIE ... EN DESPI
Donc tu vas à la pharmacie en panique!
On est toutes déjà arrivée en catastrophe à l’ouverture de la pharmacie en chingpongtong, pas coiffée, pas lavée, dents pas brossées, lassi an ziéw pour acheter des pilules du lendemain et refaire ton stock de tests de grossesse: les tests à 1.39€, les tests Clearblue, les tests Clearblue « précoces » ché pas quoi! On prend tout!
Et comme des fois ça suffit pas, tu te retrouves à Biolab, à faire un test de grossesse à 18€… TCHIP
DIRE ADIEU À TA PUDEUR CHEZ LE GYNÉCO
Bien sûr, depuis que tu es ado, tu vas chez le gynéco… Afin que cette personne puisse mettre ses doigts partout dans le temple sacré de ton intimité… #malaise #angoisse
Et puis, très souvent tu tombes sur des cassos, nonm kon fanm! Ceux qui te jugent, ceux qui ne sont pas tolérants ni délicats, ceux qui ne t’écoutent pas… Bref…
GALÉRER POUR TROUVER LE BON CONTRACEPTIF
C’est clairement un parcours du combattant! Entre les hormones qui entraînent souvent prise de poids, dépression, acné, saignements continuent (parfois pendant des mois!), les stérilets en cuivre qui font mal, qui parfois engendrent une grossesse non désirée (et à risque en plus!) quand elles ne manquent pas de te tuer…
« Ce truc là à failli me tuer, le truc s’est déplacé dans mon utérus, ça a créé une infection des ovaires. C’était comme un tire bouchon qui me piquait en continue.
Et aucun spécialiste ne voulait prendre en compte ma douleur, on me disait de prendre des antalgiques. Heureusement je n’en ai pas pris, ça aurait endormi la douleur, mes trompes auraient explosé et je serais morte d’une septicémie.
Après plusieurs semaines de douleur, j’ai commencé à faire de la fièvre, à délirer, j’ai fini aux urgences, on m’a retiré ça! » Ma pote.
CLAQUER DU FRIC
– Le rendez-vous chez le gynéco: 28€
– La pilule: entre 2 et 14€ par mois soit 24 à 168€ par an
– Le patch:15€ par mois
– La pose du stérilet en cuivre: entre 30 et 50€
– L’implant : 100€
– Les tests de grossesse: entre 1.40 et 8€
– Le test en labo: 18€
Bien sûr personne t’aide à payer ça hein.. ba oui! Your uterus your money!
NE PAS L’ECOUTER QUAND IL TE DIT « JE VEUX UN ENFANT DE TOI »
Ouais, lé nonm lan ni an maniè lè yo amoureux, yo lé an tchanmay!
« Doudou je t’aime fais moi un enfant »... La blague!
Quand on sait que l’amour de certains, ne dure pas plus longtemps qu’une saison de la ligue des Champions, désolée mais la charge contraceptive passe aussi par le fait de prendre son temps et ne pas se précipiter par amour…
J’en connais plus d’une qui ont fait un enfant parce que leur mec voulait. Elles, elles s’étaient pas encore vraiment posées la question, mais il avait l’air tellement sincère…
Comme dab ALERTE SPOILER: les gars les ont quittées, ils donnent même pas de pension alimentaire, ils savent même plus à quoi ressemble leur enfant…
Be careful!
LUI DIRE « ATTENDS … LA CAPOTE »
Ouè lè bagay la cho, certains hommes ont la fâcheuse tendance d’oublier de se protéger: allergie aux latex, connaissance de votre prise de contraceptifs … Bref, y’en a qui te testent je pense. Ils avaient une responsabilité, une seule…
Tu te retrouves très souvent à devoir les rappeler à l’ordre, dans un moment où t’es pas vraiment encline à prendre des décisions, dans un moment où tu es censée te détendre, et pas devoir penser à des trucs comme ça!
Même là, y’en a qui trouvent le moyen de te rajouter une charge mentale supplémentaire! Quand tu viens mettre tes affaires dans mon corps là, man kou maniè apré sa?
C’est quel manque de respect en fait?!
Mon diéééééé calmé kow ma fi!
FAIRE DES CHOIX CORNÉLIENS
La charge mentale contraceptive, c’est aussi parfois, prendre seule des décisions importantes pour notre futur.
Quand un « imprévu » arrive, et que les conditions ne sont pas réunies pour accueillir au mieux cet « imprévu » la pression repose sur les épaules de la femme.
Bien sûr, quand on est en couple, qu’on est bien financièrement… On peut prendre ce genre de décision ensemble, très souvent on fini par être très heureux de cette nouvelle.
Mais qu’en est-il des femmes qui ont une aventure sans lendemain, où simplement qui fréquentent un homme sans qu’il n’y ait de véritable perspective d’avenir…
PRENDRE SA DÉCISION ET ASSUMER LES CONSÉQUENCES
Je me suis renseignée, et un avortement, puisque c’est de cela dont il s’agit, ça a l’air d’être une expérience assez traumatisante…
Askip, l’avortement médicamenteux, ça fait grave hyper mal, c’est long, y’a vla des comprimés à prendre, y’a plein d’effets secondaires (fatigue, vomissements, fièvres, frissons…), tu prends au minimum deux jours pour t’en remettre…Woaw!
Bien sûr, n’oublions pas que cela reste un droit, et que nous avons de la chance en France d’avoir ce CHOIX. Peu importe les opinions de chacun sur cette question.
LA CONTRACEPTION: LIBERTÉ OU PRISON?
Quand la contraception arrive sur le marché, c’est une vraie révolution. Les femmes allaient enfin pouvoir réguler leur fertilité.
Il n’est pas rare d’entendre encore nos grands-mères nous expliquer à quel point ça a changé leur vie, tant il y avait de bouches à nourrir.
- La pilule: un vrai choix?
Le problème est que l’on a érigé la pilule (puisque c’est d’elle dont il s’agit) comme élément central de la contraception française. Résultat, personne ne veut la remettre en question.
La pilule, c’est des hormones, qui techniquement n’ont rien à faire dans notre corps. Forcément y’a des bugs! Est-ce qu’on peut admettre que y’a des bugs dans la machine?
Est-ce que la société peut l’entendre ça?
Non on ne remet pas en cause l’utilité de la pilule, mais des femmes en souffre. La pilule, c’est une déconnexion, une perte de contrôle, de connaissance, d’écoute de son corps.
Beaucoup de femmes le disent, mais personne ne les entend.
Surtout pas les professionnels de santé, qui dès l’adolescence prescrivent la pilule d’office! Comme si ça allait de soi.
- prisonnière du patriarcat
La contraception pose également la question du patriarcat.
Lorsque des gynécologues peut importe leur genre, sont imprégnés du patriarcat dans lequel, nous sommes nés, nient la souffrance des femmes, n’écoutent pas leurs requêtes, elles sont dépossédées de leurs corps.
Lorsque dans un couple, un homme refuse la vasectomie car « il ne veut pas être castré », car « il se sentirait moins homme », mais recommande la ligature des trompes à sa femme, puisque pour elle, c’est pas grave si elle est « moins femme »…
Quand, pour ligaturer ses trompes, faut un accord du corps médical, et surtout avoir plus de 3 enfants … On peut se poser des questions sur « qui contrôle le corps des femmes ».
Donc si j’ai moins de trois enfants et que je n’en veux plus… Ben je continue à utiliser des contraceptifs alors que ça me réussi pas et que mon mari veut pas faire de vasectomie?
C’est à vomir…
IMPLIQUER L’AUTRE
Alors on fait quoi?
Le problème avec cette charge mentale contraceptive, c’est qu’elle concerne autant les femmes que les hommes, et que ces derniers se désolidarisent alors qu’ils sont concernés…
C’est là qu’on intervient. Il faut mobiliser les hommes et y’a pas de secrets, ça passe par l’information et la communication.
Qu’il soit notre époux, notre copain, notre sexfriend sa i yé a! Crois-moi que la biologie s’en fiche de ton statut amoureux…Il faut l’impliquer.
C’est à nous, les femmes, de le faire, car personne leur a appris, et personne ne leur apprendra à partager cette charge.Le changement de mentalité passera par nous!
Un homme, adulte, doit comprendre qu’il a son implication dans la contraception: recours à des formes de contraceptions masculines, aides financières, soutien moral …
L’amour et les enfants ça se fait à deux.
La contraception est un droit durement acquis. Nous sommes reconnaissantes. Cependant elle est encore trop souvent accompagnée de souffrances physiques et psychologiques.
Et malheureusement ces souffrances sont tues.
Alors les femmes parlez, parlons! Croyez-moi qu’on va nous écouter…!