Photo credit : CocoZabrico.com
Bonjour !
J’ai rencontré Kéva Martin, forgeron, lors d’une Boutique Ephémère sur la Route de Didier à Fort-de-France.
Derrière une bonne humeur communicative et une aisance apparente se cache un bourreau de travail, un homme passionné par son métier qui ne compte pas ses heures pour un résultat surprenant.
La prochaine boutique éphémère se tiendra à la fin du mois (du 24 au 30 avril) au village de la poterie des trois ilets !
Bonjour Kéva !
1. D’où t’es venue l’idée de magnifier les métaux ?
En fait l’envie de magnifier les métaux vient d’une longue recherche pour résoudre des problèmes d’oxydation que j’avais au niveau de mon ancienne collection. À la base « la Forge de Martinique » était une forge pure et dure, donc avec des lames fabriquées en tapant à chaud sur des suspensions de bâchés. Et puis j’ai voulu me lancer dans l’inoxydable, qui est quand même plus simple d’utilisation dans un climat tropical. Mais vendre des couteaux basiques ne me plaisait pas, alors j’ai trouvé comment y mettre ma petite touche.
2. La Martinique est au coeur de ton métier. Pourquoi avoir fait le choix de l’utiliser dans ton logo et l’appellation de ton entreprise ?
J’ai décidé de mettre la Martinique au centre de la démarche de l’entreprise pour une raison plutôt simple: je suis un martiniquais qui a ouvert une coutellerie artisanale en Martinique, pour les Martiniquais. Ca coulait de source !
3. Raconte nous une anecdote rigolote qui t’a marqué ?
Durant l’année que j’ai passée avec une boutique ouverte tous les jours, j’ai eu quelques personnes de passage qui m’ont bien fait rire, mais une histoire se détache de toutes les autres. Un jour, deux dames rentrent dans ma boutique. L’une d’elles, très intéressée, me demande de lui montrer ce que je fabrique. Comme d’habitude, je commence par les petits couteaux principalement des couteaux d’office. C’est alors qu’elle s’exclame que ça lui fait bien trop peur car trop pointus et trop dangereux. Elle commence à me raconter toutes les mauvaises histoires qui pourraient lui arriver avec une lame de 3 centimètres et me demande rapidement de la ranger. Sans aucun souci je rengaine le petit couteau en me demandant quoi lui proposer. Alors imaginez ma réaction quand après proposition, je vois la même dame qui joue avec un coutelas forgé de 40 centimètre de long, aiguisé comme un rasoir, cherchant n’importe quel objet qui pourrait être abattu.
4. Que pouvons nous te souhaiter pour la suite ?
En ce début d’année j’espère simplement pouvoir continuer à faire ce que je fais. Pas seulement en termes financiers mais surtout en terme de motivation. Depuis le début de mon activité pour palier un manque de capital je me suis imposé un rythme de semaines de 70h minimum. Ca peut paraître beaucoup mais c’est le strict nécessaire quand on a ce genre d’entreprise (quand je ne monte pas à 100-120heures / semaine en préparation d’événements). Mais quand on aime ce que l’on fait il n’y a pas de limite, alors j’espère que cette amour perdurera.
5. La question Chiante
Il est temps pour toi de te glisser dans la peau de La Chieuse et nous dire quelle question récurrente te dérange le plus ? Et pour une fois, tu vas pouvoir y répondre librement ! Et ça restera entre nous évidemment. 😉
« Faites vous des couteaux chien? »
Cette question est je crois celle qui revient le plus, et n’a pas vraiment de réponse (et c’est pour ça qu’elle m’énerve autant haha).
Il faut que je m’explique : en fait il y a deux versions de ce que l’on appelle un couteau chien. Le premier est celui auquel tout le monde pense ; celui fabriqué à Thiers depuis 150-200 ans, qui s’appelle en fait le couteau « Le Chien » et produit à 30000 exemplaires uniquement vendu dans les dom-tom, fabriqué à partir de tôles et de résine. Et puis vous avez la « vraie » version, ou du moins sa version originelle. En effet ,un couteau chien est en créole un couteau qui traîne, celui que l’on possèdait depuis de longues années, qui souvent était remanché et avait perdu une grande partie de sa surface de coupe.
Alors au final aucun des modèles n’est faisable, car l’un correspond à un modèle sous brevet créer de toute pièce et rajouté à la culture antillaise, et le deuxième, correspond à un vieux couteau.
Ah ah des couteaux chien ! Je n’aurais jamais osé XD !
Merci d’avoir répondu à mes questions.
A bientôt !
Exclusivité Créola : Les dernières créations de Kéva Martin pour La Forge Martinique
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NB : Boutique éphémère du 24 au 30 avril au village de la poterie des trois ilets !