Qui parmi vous n’a jamais eu cette impression de ne pas être écoutée ? Même d’être infantilisée ? J’ai souvent eu ce sentiment face à certains hommes, dans différentes situations, mais la conclusion était pratiquement toujours la même : il me prend pour une teubè ou quoi ?
Dans le milieu professionnel, les choses sont concrètes : tu es une femme donc par définition moins apte. Et oui, ne nous laissons pas bercer par de fausses illusions, les choses n’ont pas beaucoup changé depuis 69 (même si ce chiffre dans de très rares occasions nous permet de prendre le dessus). Aujourd’hui professionnellement, nous devons plus que quiconque travailler deux fois plus, être sur tous les fronts et savoir garder notre place de femme, pas trop déterminée (parce que ça effraie et que cela renvoie une image à l’encontre de ce que devrait être une femme, c’est-à-dire, douce, patiente, généreuse…), pas trop agressive (toujours la même image) et surtout docile. Docile face à ces collègues masculins, frileux à l’idée d’être sur le même piédestal que nous.
À la maison, c’est encore plus vicieux. Sous couvert de bonnes intentions, nous faisons face, à une nouvelle idée du patriarcat. Qui n’a jamais eu un mari ou un petit ami, qui « gentiment », nous a fait comprendre que ce que nous faisions depuis des années, voire bien avant de le rencontrer, n’avait plus lieu d’être ? Oui, c’est pour notre bien, parait-il. Ma copine Liliane, pourquoi la voir tous les samedis alors que j’ai quelqu’un dans ma vie ? Pourquoi mettre des jupes aussi courtes, alors que nous n’avons plus l’âge ? Pourquoi manger ça, alors que ce n’est pas bon ? Et la encore, nous devons être à nouveau docile, sinon nous devenons une femme aigrie, qui n’écoutons jamais personne, n’en faisant qu’à notre tête…
En même temps, nous avons, pour la plupart, été élevées selon certaines règles : demande de l’aide, ne parle pas trop fort, soit discrète, soit généreuse, à l ‘écoute… Des choses ancrées dans notre subconscient, difficiles à combattre. Je ne nous cherche pas d’excuse, loin de moi cette idée. Certaines femmes, et heureusement pour notre espèce, ont su nous montrer une autre voie : celle de la combativité. Vous pensiez que rester dans son coin et tout faire pour être invisible, c’était dur, alors imaginez celles qui décident de faire tout le contraire. Celles qui décident de ne pas la fermer. Celles qui s’imposent. Celles qui se tiennent debout. Celles qui s’assument. Celles qui disent non !
J’ai ce côté naïf qui a envie de croire que c’est la plupart du temps de la maladresse de ces chers messieurs. Et puis le coté récurrent de la chose, me prouve le contraire. Alors, je décide de continuer à l’ouvrir, de continuer à dire non et peut-être qu’un jour, ils comprendront que nous ne cherchons pas un père, mais un co-équipier, un collègue, un ami, un mari, un égal tout simplement.
Signée, une grande fille