Dans le quartier Dugommier, coeur historique de Pointe-à-Pitre au charme désuet, des habitants, portés par l’association Atelier Odyssée, se sont engagés depuis 2014 dans l’opération « Pli Bel Lari », pour sauver ce bastion inestimable de l’architecture créole populaire.
« Quartier difficile et dégradé » : voilà bien une étiquette que bon nombre d’habitants du quartier Dugommier entendent balayer, au figuré comme au sens propre, en rénovant les cases créoles en perdition et en recréant un lien social fort. Ainsi est née « Pli Bel Lari ». « À travers la rénovation des façades, nous replaçons la solidarité au service de la qualité du cadre de vie », souligne Sylvie Adélaïde, architecte-urbaniste coordinatrice de l’opération.
En ce dimanche matin, comme tous les quinze jours, une équipe de bénévoles s’atèle à un nouveau chantier. Aujourd’hui, quatre d’entre eux, après avoir poncé le bois et rebouché les trous les plus importants, passent une sous-couche de peinture avant la mise en couleurs d’une case créole, en continuité de celle déjà rénovée par leurs soins de l’autre côté du porche. « Nous tentons toujours de rencontrer les propriétaires pour leur soumettre le projet et avoir leur assentiment », confie Hervé, un des bénévoles. « Nous leur proposons les couleurs et ajustons si besoin avec eux », complète Julie, le pinceau à la main.
Bonne humeur communicatrice, patience, ténacité et empathie unissent les membres de l’association et font des émules : pour une façade rénovée par leurs soins, ce sont parfois deux maisons environnantes qui reprennent des couleurs, à l’initiative des habitants. Mais les actions ne s’arrêtent pas là : « Nous réhabilitons aussi les espaces à l’abandon pollués par les décharges sauvages pour en faire des lieux de vie, de partage et de tranquillité », renchérit Martine. C’est ainsi qu’a vu le jour un nouveau jardin créole participatif où poussent canne Jamaïque, groseille péyi, chou Chine, tomates, menthe, bananes, herbes aromatiques et médicinales.
Plus loin, c’est un jardin zen qui accueille les passants.
Cinéma de plein air, cours d’arts plastiques, invitation de street-artistes, chanté Nwel, théâtre, débats sont autant d’occasions de se rencontrer et d’échanger créées par l’association Atelier Odyssée, pour que vive encore longtemps ce quartier aux façades comme dans les coeurs : haut en couleurs !