*A tonton Marc. On continuera d’honorer ta mémoire. T’inquiète même pas.
Elle sonne à la porte, rentre d’un pas décidé et s’adresse à mon père : « Raspout’ vini couté sa !»
Elle, c’est Pascale Pidibi. Oui, elle est comme ça Pascale directe, sans combines, brute de décoffrage … An vré fanm Wobè quoi !
Alors, tu vas me dire « Mais c’est qui Pascale Pidibi ? Et pourquoi tu nous parles de la dame dans ton article ? »
A cela je réponds :
Pascale est une chanteuse Martiniquaise et une grande artiste (mais ça elle ne le sait pas encore…)
C’est une femme que rien (en apparence) ne destinait à embrasser cette voie.
Et pourtant, il aura fallut d’un rêve…
Elle a toujours aimé chanter Pascale.
« Je chantais beaucoup, dans ma famille, on a tous un peu la fibre artistique. Mon oncle jouait du saxo, ma mamie chantait, ma mère faisait de l’accordéon… »
Très tôt elle se passionne pour les rythmes d’ici, biguine, mazurka…
La fille aime tellement la musique, qu’elle devient danseuse pour le ballet folklorique. « dépi i ten’ an tambou, tout’ koy za ka changé »
Mais bon moun lan pa ka comprenn’ ke sé chanté fok i chanté…
UNE QUETE DE SOI
C’est Marc Elmira, ami d’enfance et musicien (bassiste, pianiste, auteur-compositeur) qui l’incite à se tourner vers la chanson. Tu me diras, Marc a toujours eu un don pour reconnaitre les vrais talents…
« Il m’a toujours dit que j’avais un joli grain de voix. »
Mais Pascale sirèz, madame n’aime pas sa « voix grave » (alto), donc elle hésite.
Et puis bon, elle n’a plus 20 ans…. Même si elle les fait toujours (bondié pa fè mwen trapé pwoblem épi peson) : elle a sa petite vie, son travail en tant que chargée de communication en évènementiel, son mari, son fils, un chien, deux chats, et une poule djem. Donc bon ou wè zafè chanté ta la…
Mais Marc c’est un gars persévérant. En 2005, il la convainc d’enregistrer une démo, Siwo Myel La un dimanche après midi:« On était censé se revoir mais j’ai trainé, enregistrer c’est bien, passer à l’action c’est plus dur. J’avais une vie, j’étais à un âge où on ne rêve plus. »
Le temps passe, les années passent, Marc la relance encore : « fok nou fè an bagay épi sa !»….
UN REVE
En 2011, Marc décède, des suites d’une grave maladie. La musique c’était fini…
Mais quelques mois après cet évènement, il lui apparait en rêve….
Wopapa bagay la ka tounin en Paranormal Activity man za pè ! No I’m kidding ! C’était plus un rêve genre Muphasa qui parle à Simba dans le Roi Lion tu vois ?
« Je rêve de lui, je le vois aux Halles de Châtelet (heu soit…) il est habillé en rouge et noir, il porte un chapeau noir et un complet et il me crie dessus : « PU***N Pascale il faut que tu le fasses !!! »
Pascale en parle donc à ses proches. Son mari comprend : « c’est la chanson. »
Alors Pascale ON FAIT QUOI ?
UNE AVENTURE MUSICALE : « Epi lè a rivé katchopine ka chanté ba nou »
(la meuf c’est Indiana Jones)
Pour la première fois de sa vie, Pascale envisage la possibilité de peut-être y croire !
Elle en parle à son entourage, pou yo bay fos’ la. Marcé réussira à la convaincre : « il m’a dit Pascale ou ni Kan man an pou fèy alors annou ! »
(Le kan man = le style, la posture, la prestance à la manière des Matad d’antan)
En 2015, elle se lance… ENFIN !
Et je peux te dire que la meuf a une équipe de choc avec elle :
- Mario Masse, réalisateur directeur musical, qui la conseille et la motive
- Marcé, bien sûr, la base !
- Malory M, chanteuse, qui la guide lors de la réalisation de son single
- Loute et Raspoutine, les frères de Marc qui sont tantôt conseillers, tantôt psychologues, et surtout, auteurs de certains titres.
« Petit à petit je commence à prendre confiance en moi »
Et elle se met au travail toujours guidée par la petite voix de Marc, et là je peux te dire que Pascale n’est pas venue faire la fête : Elle sort son single Siwo Myel La en auto production. Puis en 2017, l’album Asi…Pozé.
A travers cet opus (olala j’ai toujours rêvé de dire ça on dirait chui journaliste ahah)… à travers cet opus, donc, elle souhaite partager son univers musical et ses émotions.
Asi…Pozé est un album aux sonorités « roots » avec une forme d’engagement très fort.
Bon déjà cherche pas, elle chante en créole : « c’est là que je me sens le mieux, le créole c’est une langue que l’on ressent avant tout. »
Elle parle de sujets d’actualités : la cause des noirs, l’éducation…
Elle souhaite avant tout mettre en valeur les rythmes identitaires de la Martinique, et surtout les déclinaisons du bélè : le grand bèlè, le marine bèlè, le bèlè lisid’. Le tout avec des sonorités modernes(guitare rock, violon…)
Un syncrétisme musical cher à Marc Elmira : « Mario (Masse) connaissait l’univers de marc, on essayé de restituer sa couleur et la mêler à la mienne. Le but était de garder sa patte sans pour autant que je me perdre moi. »
« Je voulais mettre à l’honneur le bèlè, mais sans rentrer dans des cases, je suis ouverte à tous les styles musicaux, mais je tiens à garder mes racines, le nannan, le grif an tè »
Pascale, sé an fanm tanbou !
Pascale ressort grandie de cette expérience.
Elle est plus forte, elle a réussi à accomplir quelque chose de grand, sortir un album. C’est pas rien ! Aujourd’hui elle fait ce qu’elle aime.
Cette histoire nous montre qu’il n’y a pas d’âge pour arrêter de rêver, et surtout que même si on ne croit pas en nos rêves, nos rêves croient nous !
Et franchement, ça fait du bien cette petite piqure de rappel !
En tous cas, Woulo Bravo Pascale OU FEY !
Pascale a tenu à remercier: (attention prend ta respiration)
Thierry Vaton (piano) – Freddy Simion (guitare) – Hervé Laval (batterie) – Pipo Burdy et Hervé Martiny (basse) – Natalie Ecanvil (chacha) – Miki Télèphe et Bago Balthazard (tambour) – Luc Labonne, Orlane, Maude Masse (chant) – Patrick Marie-Joseph et Jean-Pierre Bulot (ingénieurs du son)
EYYYY PA PATI toute l’actu de Pascale Pidibi c’est par ici:
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– L’album est disponible à la Librairie Antillaise et à Kaza Média
ETTTTT un concert est prévu en mai à l’Apaloosa stay tuned!!