C’est à Madiana, il y a quelques jours, que Sudéhy (coach en développement personnel) et Mickaël Guacide (chef d’entreprise et conférencier en situation de handicap) se sont livrés pendant plus de deux heures sur leur parcours de vie respectif. Ou comment faire face aux difficultés et accidents de la vie, tout en sortant plus forts de ces épreuves.
➡️ Un article de notre journaliste Marcelle Bao.
Ils arrivent sur scène tel un duo complice sous les applaudissements d’une salle déjà visiblement ultra conquise.
Sudéhy, le coach en développement personnel aux 100 000followers sur Instagram, pousse en courant le fauteuil de celui qui partage avec lui la scène ce soir-là : Mickaël Guacide, chef d’entreprise et conférencier bien connu en Martinique. Après un accident de moto en 2005 qui l’a laissé en fauteuil, avec un bras et une jambe en moins, cette force de caractère a pris le parti de partager son expérience, son parcours, avec une rare sincérité.
L’idée de la conférence, baptisée « Eclosion » et organisée par l’agence Kfée’in, est bien de transmettre des messages (positifs) mais également d’aider chaque spectateur présent ce soir-là, à trouver en lui les ressources nécessaires pour se relever des épreuves que la vie peut nous réserver.
Karline Guillaume , l’organisatrice de cette conférence donnée à Madiana.
Pour Sudéhy, le monde s’effondre le jour où, à 17 ans, il perd sa maman. Originaire du Cameroun, il vit alors avec son grand frère en France. Bien qu’entouré par sa famille, il a le sentiment, à peine sorti de l’adolescence, que le monde s’effondre sous ses pieds. Le roc qu’il croyait jusqu’alors insubmersible, infaillible, s’est effondré. Pourquoi ce sentiment violent et soudain de se sentir seul au monde ? Parce que l’amour, le soutien et l’affection donnés par cette mère à son fils étaient inextinguibles, raconte-t-il. « Je n’ai jamais eu à douter de la considération que ma mère avait pour moi. » Bien que, poursuit-il « je n’étais pas un très bon élève, ma mère croyait en moi. » Celui qui est devenu coach en développement personnel raconte alors la responsabilité qu’il sent alors tomber sur ses épaules : celle de devoir devenir quelqu’un et de s’en sortir, malgré l’absence. « Dans la difficulté, il faut savoir trouver la force qu’il y a en nous », martèle-t-il.
Mickaël Guacide : « 65 opérations chirurgicales, 2 ans d’hôpital, une jambe et un bras en moins. Il n’y a pas d’école pour ça »
Mickaël Guacide ne nous épargne pas « les moments très, très difficiles » qu’il a connus. Ces moments où il a pu sombrer dans le désespoir. Avant, il était un jeune homme insouciant, un « yéyé », « flambeur », amateur de télécrochet (1), qui gagnait bien sa vie (il est rentré cadreur chez ATV avant de devenir JRI – journaliste reporter d’images- à RFO à l’époque). « Je rentrais partout en soirée ». Jusqu’à ce que son appétit de la moto et de la vitesse le conduise dans un fauteuil après un terrible accident de la route, le 17 octobre 2005.
« 65 opérations chirurgicales, 2 ans d’hôpital, une jambe et un bras en moins. Il n’y a pas d’école pour ça », lâche-t-il devant une audience qui s’est totalement tue face à ses paroles. La sincérité du discours et la mesure de l’abîme où son récit nous mène, imposent une écoute totale. A l’hôpital, alors qu’il se retrouve dans un centre de soin et de rééducation pour les polytraumatisés en France, « je commence à parler. Et je commence à comprendre que mon problème, mon handicap, peuvent devenir une solution. Dans la pire des difficultés, il faut essayer de voir les choses d’en haut, de très haut, de prendre du recul. Le regard que l’on porte sur les choses est fondamental. » Faire fi du jugement des autres, « rester focus dans son couloir », se fixer des objectifs et s’y tenir, ainsi parlait Mickaël Guacide. Après son accident, il deviendra entrepreneur et aura deux petites filles. « Oui, c’est dur parfois, le matin, de sortir de son lit, de s’installer dans le fauteuil, d’aller dehors. Mais je le fais, je prends ma voiture et je fais mes affaires. » La mise en mouvement, l’action, une autre des clés. Il confie : « Dans tous mes rêves, je suis encore debout ».
« Il y a des promesses à se faire à soi-même », enchaîne Sudéhy. « Engagez-vous à ne pas lâcher tant que vous n’avez pas atteint votre objectif. Car chaque échec te rapproche de ce dernier. »
« Apprenez à visualiser votre journée idéale, votre semaine idéale », conseille Mickaël Guacide. En gros, balisez votre route, et ne laissez personne le faire à votre place.