Femmes, sexualité et désir : le plaisir sacré

« En corps », les podcasts de Bōni

Absolument inédit ! On n’a jamais entendu des femmes parler de leur corps, de leurs plaisirs avec autant de liberté, d’honnêteté, de légèreté, de jubilation aussi. « En corps », des podcasts audios réalisés par Bōni Kwaku, journaliste et podcasteur répondent à cette urgence, cette obligation de parler et d’écouter ces histoires de femmes qui mettent des mots sur leurs corps pour exprimer leur plaisir, ce qu’elles désirent, ce qu’elles attendent de leurs partenaires. C’est de l’ordre de la révélation. Voilà des paroles fondamentales sans lesquelles on ne peut comprendre la sexualité de la moitié de l’humanité ! Autant vous dire que c’est essentiel !

Pourquoi, en tant qu’homme tendez-vous votre micro pour porter la parole des femmes sur leur sexualité ?

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Bōni Kwaku : Dans le podcast « En corps.. ! », j’ai proposé mon micro pour modestement créer un nouvel espace d’expression. Ces femmes ont de 25 à 79 ans. Elles parlent librement de leur sexualité et le font très bien. Je pense que vouloir une société égalitaire est une œuvre collective où chacun peut apporter sa contribution. C’est ma façon de participer. Il paraît que « Tout seul on va plus vite, ensemble, on va plus loin. » 

Pourquoi avoir choisi de réaliser des enregistrements audios. Pourquoi des podcasts ?

Je suis curieux de la nature humaine, découvrir l’autre et comprendre ses choix. J’ai précédemment eu quelques expériences en radio (Guadeloupe 1ère) et sur le web (Kéragency) où j’aborde déjà des questions de société. Je mène des interviews en tête-à-tête, mon format favori. Aujourd’hui, je choisis le podcast parce que je préfère le son à l’image. La voix laisse place à l’imagination. Pour un sujet si personnel, c’est aussi un moyen de mettre à l’aise mes invitées. Enfin, le podcast, c’est la liberté de choisir ses sujets. Surtout un thème sensible comme la sexualité.

Vous établissez immédiatement une complicité avec ces femmes si différentes les unes des autres. La parole est libre. Elles y dévoilent leurs questionnements, leurs façons de vivre leur sexualité, toutes différentes, toutes uniques.

On se rencontre pour la première fois le jour de l’enregistrement. Donc établir un climat de confiance, voire de complicité, est capital. Car il est important que mes invitées soient à l’aise pour parler de leur intimité à un inconnu, un homme en plus. Un grand merci à elles, d’ailleurs. Oui, l’ambiance est légère et agréable. Il y a des moments de rire, d’autres plus émouvants. Sans aucun jugement, bien entendu. Concernant la diversité des témoignages, il est intéressant pour moi d’avoir la palette d’expériences la plus large possible. Au cours des quatorze entretiens, on échange entre autres sur la sexualité et la religion, la maladie, le libertinage, le plaisir solitaire et nos comportements masculins vis-à-vis de vous les femmes.

Elles y parlent de rapports hétérosexuels, homosexuels ou bisexuels, selon leurs choix de vie. Jusqu’où ces femmes parlent-elles de leur désir, jusqu’à leurs plaisirs les plus intimes ?

Il y a autant de témoignages que de personnalités. A chaque épisode, je m’adapte à mon interlocutrice. Je reste à l’écoute, discret, bienveillant. Mes questions se font plus précises quand mon interlocutrice me le permet. Avec une autre plus réservée, je fais davantage attention à mes questions et au choix des mots. Au final, il y a des épisodes plus explicites que d’autres. Mais jamais rien de voyeuriste ni de vulgaire.

Jamais encore la société n’a éprouvé le besoin de s’intéresser à la sexualité des femmes, de leur donner la parole, surtout aux Antilles où cette sexualité n’est pas revendiquée. Est-ce pour cela qu’elles sont si magnifiques et désireuses de vous en parler ?

Participer au podcast « En corps.. ! » est leur façon de prendre part à mon concept : écouter les femmes sur leur sexualité et humblement contribuer à briser une inégalité de traitement. Les choses bougent même si trop lentement. Une femme qui parle de sexe est hélas encore vue différemment de moi quand j’aborde le sujet. Toutes les invitées acceptent de s’exprimer sur leur vie intime parce qu’elles saluent cette initiative d’avoir une opportunité supplémentaire de faire entendre leur parole. Après chaque épisode, il y a un bonus où l’invitée livre ses impressions d’après interview. C’est aussi riche à entendre que les entretiens.

Y-a-t-il des phrases, des confidences qui vous ont particulièrement marqué ?

C’est une question difficile car chaque témoignage est unique et porte son lot d’émotions, de joies, de fragilités. La sexualité demeure ce qu’on a de plus intime. Je suis sensible à la grande marque de confiance des femmes qui m’ont fait l’honneur de leur participation. Je suis aussi touché par les commentaires encourageants d’auditrices. Elles se sentent moins seules dans leurs questionnements sur leur propre sexualité. Rien que pour cela, je me dis : objectif atteint !

Ces paroles de femmes vous inspirent-elles de nouveaux projets ou un développement de votre concept ?

Je souhaite réaliser une troisième saison. L’exercice m’a beaucoup plu professionnellement et enrichi personnellement. C’est pourquoi j’encourage les femmes à aussi écouter en couple ou entre ami(e)s. Cela peut susciter des discussions sur le ressenti de chacun(e). Il y a tant d’autres thématiques à aborder. Mais il faut des invitées. Ce n’est pas facile de s’exprimer sur son intimité. C’est pourquoi je suis déjà très reconnaissant envers les quatorze précédentes…, et j’ai hâte de pouvoir l’être avec d’autres !

En corps et toujours !

Les invitées de Bōni Kwaku dévoilent leur intimité en cherchant à la comprendre et à l’expliquer. De grands moments aussi pour les auditeurs et auditrices qui écoutent pour la première fois des témoignages divers, bouleversants sur la conquête de leur plaisir par les femmes. À chacune sa jouissance…  Il en a fallu du temps pour que se libèrent les corps des femmes et pour quelles trouvent les mots justes, les mots qui leur conviennent pour parler du plaisir et dire à voix haute comment elles l’obtiennent. Il en a fallu du temps pour qu’elles disent franchement ce qu’elles attendent de leurs amants, de leurs amantes, des deux ou même de leurs pratiques solitaires. Boni tend son micro. Elles s’en saisissent et sans hésitation lui confient leurs secrets. Et c’est magnifique !

Nous avons demandé à Bōni Kwaku de nous présenter quatre de ses invitées. Ça n’a pas été facile car, comme il le dit, « choisir c’est renoncer ». Il a donc renoncé et choisi.

 

Il y a Selam, une trentaine d’années qui évoque une sexualité sacrée. Quand Bōni Kwaku évoque Selam, il dit : « J’ai beaucoup aimé la personnalité de cette jeune femme. J’ai perçu, lors des échanges, une authenticité et une douceur chez elle. Elle aborde une thématique (la sexualité sacrée) dont on entend beaucoup parler, mais avec des mots simples. »

Podcast à écouter ici : http://bit.ly/3ZypTdi

 

 

Il y a Mary aussi, la cinquantaine, bourgeoise, religieuse : « Mary est le premier épisode de la série de quatorze. Il a donc une valeur particulière. De plus, elle aborde une thématique qui est revenue chez plusieurs invitées : le poids de la religion dans sa vie sexuelle. »

Podcast à écouter ici : http://bit.ly/3W8jQJl

 

 

Elodie dévoile sa sexualité alors qu’elle lutte contre un cancer. « C’est un épisode très touchant. Je ne m’attendais pas à ce qu’Elodie se livre autant. Elle semblait peu accessible de prime abord : le jour de l’enregistrement correspond à la première rencontre avec chacune de mes invitées. Le cancer est, hélas, une maladie qui nous touche tou.te.s plus ou moins directement. Le choix de cet épisode m’a semblé une évidence. »

Podcast à écouter ici : http://bit.ly/3IRqReV

 

Joranie, et ses vingt ans ! Mannequin, elle raconte comment elle a découvert son corps, comment elle en joue. « Une jeune femme pétillante, très dynamique. Une belle personnalité qui met des mots simples sur les choses. »

Podcast à écouter ici : http://bit.ly/3IQkrMT

Bōni Kwaku, ancien enseignant de français, est communicant de profession. Friand des médias, curieux de la nature humaine, il crée et conduit l’émission radio « A demi-mot » en 2017 sur Guadeloupe la 1ère radio. Il crée aussi la mini-série « Moun.gp », dans laquelle il aborde, lors d’entretiens intimes, des questions sensibles comme le racisme, le sexisme ou le refus de maternité. En 2020, il se lance dans le podcasting avec « En corps… ! ». ¨

La saison 1 a débuté en octobre 2020 et la 2, en août 2021. Chacune comporte sept témoignages. On peut également écouter les retours d’expérience de chaque femme après chaque épisode de la saison 2. Bōni est à la recherche de confidentes pour la saison 3. Mais commence à enregistrer avec les premières invitées.

« En corps… ! » : les deux saisons sont disponibles sur toutes les plateformes de podcasts (Apple podcasts, Spotify, Google podcasts, etc.) ou sur https://anchor.fm/bni8 /

Instagram/Facebook : @bybonikn

 

Texte : Aimée Petit 

Illustrations : Annia Drawing

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