Xän, ou la positive street attitude

« Les murs nous appellent ! ». Le street artist Xän, créateur inspirant et inspiré nous ouvre les portes de son art. Rendez-vous est pris dans les rues de Schoelcher. 

Un scroll sur la playlist lance le flow. Urbain, forcément ; comme la danse dans laquelle le bras de Xän s’élance, bombe au poing, sur le mur de l’arrière-stade. En gentleman-vandale sur les parpaings bruts, le street artist entreprend – en plein jour – de couvrir l’une de ces anciennes fresques, décatie par les affres du temps. Enfant terrible de Paname bercé à la culture graff et biberonné au tag, omniprésents dans les transports en commun de la capitale, débarqué à 11 ans en Martinique ; en amoureux invétéré du dessin sous toutes ses formes, Xän alias Nüx, Nuxuno ou Xanoy s’échauffe d’abord « en vandale » et « brûle » dans l’anonymat de pseudos protéiformes avant de faire évoluer son style vers une philosophie de l’embellie : « En arrivant en Martinique, le contraste était intense à tous points de vue, y compris dans l’univers graphique de la ville où j’ai rencontré des fresques bien plus figuratives qu’à Paris » se souvient Xän. En une dizaine d’années, son âme de street artist embrasse ce monde plus pictural, même si la calligraphie garde une place de choix dans ses œuvres, entouré de son Crew NPL et à la source de l’association Mada Paint.

La fresque « Green Hair », à Schœlcher.
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« Notre art s’impose dans la rue. Les passants et les riverains n’y sont pas préparés. Ils ne font pas cette démarche de venir à l’art. Les fresques font irruption dans leur quotidien par surprise », note Xän « Et avec l’expérience, je me suis aperçu que nos messages sont beaucoup plus facilement reçus et acceptés par le biais de portraits chargés en émotion ». C’est ainsi qu’à mesure que les heures s’égrènent et que de peinture se couvre le mur, sportifs, étudiants et riverains viennent à la rencontre de l’artiste, tantôt l’interrogeant, tantôt le remerciant de faire revivre ce vieux mur décrépit. De l’illégalité au street art, à l’art contemporain, il n’y a qu’une marche à chaque fois, que Xän franchit allègrement, entraînant dans son sillage une jeune génération avide de création que l’art démonstratif canalise et épanouit. « Avec mon crew et l’association, c’est une grande aventure de fond, très collaborative. L’émulsion y est intense et nous sommes résolument tournés vers le positif : dans notre attitude respectueuse de chacun, à travers nos messages artistiques, dans le dialogue avec nos institutions pour prouver à tous que l’art – fut-il urbain – est partie intégrante de notre développement et garant de la bonne santé de notre société. » Partage du street art en Guyane puis Mawonaj Piktural, commissaire d’une exposition commune à l’Habitation Clément en 2016, une fresque de Spike Lee à Fort-de-France qui fait le tour du monde sur les réseaux, accélérateur de performances en Jordanie, au Mexique, bientôt à Washington… Xän devient un modèle, montrant qu’à force d’acharnement et de pratique du dessin, d’ouverture et de dialogue, il est aujourd’hui possible pour un street artist de vivre de sa passion.

« Afro tree », à Fort-de-France

 

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