Depuis quarante ans, il crée les coupes et les styles dans un seul but : sublimer la femme. Denis Devaed, styliste et créateur, enlumine la haute couture caribéenne. Portrait d’un orfèvre du métissage des matières et des couleurs.
Ses débuts ?
Ce sont les années 1980, la fameuse période disco. Denis Devaed prend plaisir à habiller ses amis pour leurs soirées de fête. Puis peu à peu son cœur s’attache à révéler la saveur caribéenne, que l’on retrouve dans le choix des coupes et des tissus, mais surtout à travers sa fameuse robe créole modernisée.
Denis Devaed est l’un des premiers créateurs à imposer un style bien à lui aux Antilles en ouvrant sa première boutique en 1985 à Pointe-à-Pitre. Dès lors, les événements s’enchainent pour le créateur, entre concours et fashion-weeks, entre Martinique, Miami, Jamaïque et la capitale de la mode, Paris. Son nom est désormais connu et reconnu. M. Devaed habille des personnalités : Tanya Saint-Val, Jocelyne Béroard, Viktor Lazlo, Firmine Richard et bien d’autres.
Qu’en est-il de l’homme derrière le créateur ?
C’est la grande énigme, le personnage mystérieux n’est pas surjoué, il lui est propre. Fun fact, quand il parle de sa carrière et de la suite, il emploie uniquement le pronom indéfini “on”, jamais de “je”, en hommage à tous ceux qui l’ont accompagné, et qu’il englobe encore aujourd’hui dans cette belle aventure artistique.
D’une grande humilité, avec parfois de la pudeur dans les mots, le couturier préfère s’exprimer par son art. Selon ce qu’on comprend de lui, il montre au grand jour ses œuvres, ce qui est en quelque sorte une mise à nu – il devient alors légitime de garder son intimité et son jardin secret. Pour la petite anecdote, je lui ai demandé une photo de lui pour cet article : de vous à moi, je pense qu’il s’est dit que je finirais bien par oublier ma raquette.
Pépinière de créateurs
Sa volonté dans le sillage d’un si beau parcours ? Ouvrir les portes aux jeunes créateurs afin que des trajectoires dignes de la sienne soient possibles. Serait-ce une façon pour lui de se faire petit tout en continuant à laisser s’exprimer sa créativité ? Il se présente plus comme accompagnant que conseiller, car selon lui « chacun doit faire son expérience en fonction de sa personnalité ». Il met à profit son image pour propulser de jeunes créateurs. Et, s’il met à leur disposition une structure et son savoir-faire, Denis Devaed a le souci de ne pas influencer leurs créations.
Le concept store Mayé
De ce cheminement naît Mayé, un concept store qui met en lumière les nouveaux créateurs. Le projet ? Les former et de leur offrir l’opportunité de co-créer, diffuser et exposer leurs productions.
Ensemble, ils ont alors créé l’entreprise “Dondé fashion” qui développe trois collections : RAFA’L (collection dédiée aux hommes), Tannou, qui s’inspire de l’univers madras, wax et caribéen, et Wouye Mafi, à la tonalité sexy & girly.
Chaque collection a sa propre identité et le même fil conducteur : La Caraïbe.
Aussi le couturier s’est-il donné comme objectif obtenir de renforcer la visibilité de son équipe sur le bassin caribéen mais aussi à l’international, « l’identité caribéenne à dimension internationale », pour reprendre ses mots.
Petiote confidence : j’ai eu la chance de défiler pour lui ! Il ne transmet pas son univers uniquement à travers ses productions. C’est l’énergie-même du défilé qui prend une dimension Devaed. Du maquillage à la mèche de cheveux, tout est millimétré mais la sensation de liberté est totale. Denis Devaed est sans aucun doute une immense richesse pour le rayonnement de la mode antillaise.
Texte : Genius Iron
Photos : DR