Un jour de 1493, Christophe Colomb découvre cette poussière caraïbe. Il a dû être surpris. Pas de forêt luxuriante ni de pitons noyés dans les nuages. Une île sèche, rocailleuse, à la végétation rabougrie. Pas vraiment un éden, juste un caillou impropre à la culture sucrière. Le navigateur baptise l’île du prénom de son frère, Bartoloméo, et passe son chemin. Ce n’est que 450 ans plus tard que l’île commence à briller.
Colonisée une première fois en 1648, sans grand succès, l’île est vendue à l’Ordre de Malte. Mais les chevaliers la désertent trois ans plus tard. Replacée sous l’autorité de la France en 1674, elle voit arriver des colons bretons et normands qui se font pêcheurs, petits exploitants agricoles, ou marchands… Mais la France s’en désintéresse.
Alors, après un bref intermède anglais en 1758, elle est cédée en 1784… aux Suédois, pourtant peu experts en gestion coloniale. L’île devient un port franc où les navires de tous pavillons mouillent librement et déposent leurs marchandises (épices, tabac, indigo…).
Le port de Gustavia est exonéré de douanes et de taxes. C’est la prospérité ! Arrivée au bout du modèle portuaire, quand les bateaux à moteur remplacent ceux à voiles, Saint-Barthélemy est rétrocédée par le roi de Suède à la France en 1877, après avis favorable des habitants de l’île, puis rattachée administrativement à l’archipel guadeloupéen.
Il faut attendre 1957 et sa redécouverte par le milliardaire américain Rockefeller pour que sa notoriété s’éveille. S’enclenche alors une mode touristique qui ne l’a pas quitté depuis.
Élégant paradis
Depuis que l’île, en 2007, a obtenu le statut de collectivité d’Outre-mer, sa spécialisation dans l’offre balnéaire est le leitmotiv des relations originales liant les trois principaux groupes qui cohabitent sur l’ile : les Saint-Barths, descendants des colons français qui peuplèrent l’île à partir du XVI siècle; les immigrés, venus le plus souvent de France métropolitaine ou du reste de l’Union européenne et travaillant sur place; et enfin une clientèle de villégiateurs, que se partagent aussi d’autres destinations balnéaires telles que les Hamptons, Saint-Tropez et la côte varoise, Portofino et la Costa Smeralda.
La petite île est alors désormais un rendez-vous chic qu’il est indispensable de voir avant d’y être vu, tout de naturelle élégance, d’aimable tranquillité et de joyeuses soirées.
Un aérodrome miniature digne des aventures de Tintin, avec une piste d’atterrissage courte qui oblige les pilotes à avoir une qualification spéciale pour s’y poser, des vitrines hors taxes, des plages somptueuses… Les atouts sont multiples de cette perle de 25 km2, peuplée de 11 500 habitants, posée à deux pas de Saint-Martin et des îles Vierges, et à 233 km de la Guadeloupe.
Originalités…
Sur l’île pas de transport public, les déplacements ne peuvent se faire qu’en taxi ou en véhicule de location. Et savez-vous qu’en dehors de Gustavia, les habitants n’ont pas d’adresse postale ? Cela leur permet de vivre dans l’anonymat le plus total.
Fort Oscar, discret et secret
Implantée depuis une trentaine d’années à Saint-Barth, la station d’écoute de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure, le service de contre-espionnage extérieur français) avait élu ses quartiers au Fort Oscar sur les hauteurs de Gustavia. Pour rappel, les « grandes oreilles » du renseignement avaient été créées en pleine guerre froide au temps de la présence soviétique à Cuba, à l’initiative d’Alexandre de Marenches, ancien directeur de la DGSE. En 2006, les bâtiments ont été réattribués à la gendarmerie.
Texte : Marguerite Decouard
Photos : Aurélien Brusini