Suite à ma rencontre avec Ketty COTREBIL (voir ITW ici), et après avoir navigué sur son site KAMERI SHOP, je suis tombée sur ce pantalon que j’ai trouvé très original et j’ai eu envie de m’intéresser d’un peu plus près à sa créatrice : Yohann Berger.
Aujourd’hui, vous en saurez un peu plus sur sa marque WAIBBI, son parcours, et ses ambitions.
Qui se cache derrière Waibbi collection. ?
Je suis une martiniquaise de 40 ans, informaticienne de formation qui a une passion : la création (en tout genre).
Je ne couds pas depuis toute petite, mais j’ai toujours admiré ma grande tante qui elle cousait et ma marraine qui disposait au sol des tissus pour réaliser sa tenue de soirée, qu’elle portait le soir même!
Il est vrai que toute jeune, je créais des choses à très petite échelle comme des bracelets brésiliens en fil (bracelets que j’ai d’ailleurs intégré dans quelques pièces de ma dernière collection), des chouchous pour les cheveux quand c’était à la mode, des napperons au crochet, et puis à 20 ans je me rappelle avoir réalisé un soutien au crochet que j’ai encore aujourd’hui. J’ai aussi fais des chapeaux pour le carnaval, et je me rends compte que c’est surtout pendant cette période que je pouvais réellement exprimer ma créativité, en découpant, nouant et perçant des tissus mais jusqu’à 2016 je n’avais jamais imaginé réaliser des vêtements comme je le fais aujourd’hui.
Comment t’es venue l’envie de créer?
Apres une période tres difficile, j’ai décidé de lacher prise, de me poser et de me questionner. Je me suis demandée ce que j’aimerais faire qui me passionne, qu’est-ce que j’ai au fond de moi qui me permettrait de m’exprimer, je ressentais le besoin de partager un savoir faire mais aussi je savais qu’au fond de moi il y avait un potentiel! Je ne voulais pas forcément vendre, je voulais surtout m’exprimer et créer quelque chose pour me détendre. Pour répondre à toutes mes questions je me suis souvenue qu’ en 2006 en revenant en Martinique après mes études, je m’étais achetée, une machine à coudre, j’avais pris des cours de couture à cette période mais sans vraiment en être convaincue. Depuis cette période je voulais déjà me mettre à la création.
J’ai pris une quinzaine de jour pour écouter « VRAIMENT » mon coeur et mettre tous ce que je voulais faire sur papiers. En regroupant toutes les réponses, tout amenait à cette unique conclusion : « JE veux créer une marque de vêtements à mon image selon mon style ». Aujourd’hui c’est avec ma machine de 2006 que je réalise mes pièces ????
Quelles sont les matières et imprimés que tu aimes le plus travailler ?
Je n’ai pas vraiment de matières préférées, néanmoins j’adore voir et manipuler tout ce qui est très coloré et flashy donc forcément on retrouvera le wax pour ses couleurs, le poncho mexicain que j’ai associé à d’autres tissus dans certaines pièces que j’ai créé, certains madras, les bracelets brésiliens que j’ai cousu sur des vêtements, la broderie anglaise sans doublure pour laisser paraître la peau à certains endroits. J’adore les formes géométriques sur les tissus pour jouer avec les symétries et justement créer l’asymétrie: c’est ma marque de fabrique depuis mes débuts.
Que signifie waibbi ?
Je me prénomme Yohann Berger, ma marque résulte de la prononciation de mes initiales Y et B en anglais soit : [waï] et [bi] ????
Où puises-tu ton inspiration ?
Mon inspiration vient de la rue, des couleurs du quotidien, des couleurs de notre culture et de celles des autres pays. Nous sommes en Martinique au carrefour de beaucoup de cultures, du métissage, de la multi-ethnicité, on retrouve tout cela dans mes créations.
S’agit-il de ton métier ou de ta passion ?
J’ai fait des études scientifiques, afin d’être architecte ou prof de math. Le monde de la Mode n’était pas du tout dans mes ambitions, ni dans ma tête au lycée. Quoiqu’en 1ère, je me suis présentée à l’élection de la Reine de mon Lycée et j’ai d’ailleurs gagné lol, mais une fois la période carnaval terminée, il fallait se concentrer sur les études! Et puis Papa répétait tout le temps (oui TOUT LE TEMPS) qu’il fallait trouvé un travail pour être indépendant, le reste viendrait avec un salaire! Il fallait donc étudier, pas de place pour les paillettes et la mode. … jusqu’à ce qu’un jour je décide de m’y mettre, d’écouter « vraiment » MON coeur !
Quelle vision as-tu de (ton métier) cette passion et quels en sont les avantages et inconvénients ?
J’admire toutes celles qui en Martinique arrivent à vivre de ce métier de styliste. Mais je pense qu’il ne faut pas se cantonner qu’à la Martinique, il faut voir plus loin et voyager pour se faire connaitre. Il faut donc des sponsors, des aides financières, créer des événements en local en espérant qu’ils puissent financer les matières premières (dont l’importation n’est pas très évidente et surtout très élevée) et la main d’oeuvre. Tout ceci rend difficile le métier pour quelqu’un qui débute comme moi.
D’un autre coté, avec cette passion je fais des salons et des expos et j’adore pouvoir discuter avec les clients de mon inspiration et des idées qui m’amènent à réaliser mes pièces. J’ai par exemple fait une expo-vente à la maison d’artiste un Oeuf et j’ai réalisé spécialement pour l’occasion des pièces contenant la couleur jaune d’oeuf pour faire le lien avec le lieu qui m’accueillait. La cliente a bien entendu été informé de toute la genèse de son ensemble et est repartie enchantée de l’apprendre! L’avantage de cette passion pour moi, est là!
Quels sont tes projets à venir?
A long terme j’aimerais que mes créations soient portées lors d’un défilé en Guadeloupe afin de les faire connaitre, mais aussi dans la caraïbe anglophone, et pourquoi pas au Canada ou aux Etats-Unis (soyons fous!)
Quels sont tes créateurs phares?
En fait, je suis inspirée par l’Art, plus précisément par la peinture, j’adore tout ce qui est coloré comme je l’ai dit. En ce moment, je suis beaucoup JonOne et DoudouStyle qui sont des graffeurs que j’ai pu rencontrer et avec qui j’ai pu discuter.
Sinon dans le monde de la mode j’aime beaucoup la créatrice haïtienne Stella Jean qui associe des matières et des couleurs comme j’adore le faire!
Yohan est une femme simple et pétillante à la fois. Les petits échanges que j’ai eu avec elle me permettent de penser et d’espérer qu’elle ira loin car elle est vraiment passionnée et fait les choses avec le cœur. Son destin l’a juste rattrapé malgré sa profession.
« Le temps n’est pas maître de notre destin, il n’en est que le comptable » – Grégoire Lacroix
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Je vous embrasse.
Sass????