Pour les admirer, il faut plonger dans la superbe baie de Saint-Pierre. Là résident Manman Dlo et Yemaya. Les sculptures monumentales de Laurent Valère comptent parmi les œuvres majeures du mouvement artistique underwater soucieux de la préservation de l’océan.
Inspirée des contes, de la tradition et du sacré, Manman Dlo est une traduction créole de la sirène des mers martiniquaises. Elle incarne le mythe qui a germé dans l’esprit de Laurent Valère voilà deux décennies…
Avec ses vingt tonnes, cette sculpture allégorique a pris possession des fonds marins pierrotins en 2004. Le visage de la sirène fixe les cieux, défiant la Montagne pelée, « montagne criminelle de masse » a décrété l’artiste. En retrait, a été posée la queue, laissant croire que le corps est enfoui dans le sable.
Quelques années plus tard, en 2015, les eaux de la baie ont accueilli une deuxième sculpture monumentale, Yémaya, qui pourrait être la fille de Manman Dlo. Plus massive, très voluptueuse, sa silhouette gironde s’avère plutôt accueillante.
Toutes deux veillent sur ce havre devenu sanctuaire unique pour toutes les espèces marines. Car les années ont été propices à la colonisation des œuvres par une grande faune aquatique. Poissons, oursins, éponges, coraux, gorgones s’y abritent et s’y reproduisent. Désormais récifs, ces créations/créatures participent au processus écologique naturel. Elles attirent la vie, offrant le ballet incessant d’une faune marine grouillante.
S’abîmant en cette antre artistique, le plongeur visiteur ne peut que ralentir son mouvement en glissant en silence vers un spectacle saisissant. Mamandlo et Yemaya, immobiles, soumises aux rayons du soleil, chatoient sous la lumière.
A terme, Laurent Valère souhaite réaliser une vaste galerie dédiée à la mer, à la mère et à la préservation. Il confie vouloir ancrer d’autres œuvres sculpturales dont une sorte de nasse, coque protectrice géante et alvéolée pour abriter, selon leur taille, les créatures de la mer. Une façon harmonieuse de sensibiliser l’homme aux processus écologiques naturels générateurs de vies nouvelles…
Y accéder : en palmes ou en kayak, à 50 mètres du rivage, au niveau de l’entrée Sud de Saint-Pierre. Une bouée marque son emplacement.
Texte : Marlène François
Photos : Laurent Valère