Maher Beauroy : quand le jazz devient transcendantal

Maher Beauroy, pianiste, auteur-compositeur-interprète martiniquais, nous invite à emprunter le pont musical qu’il lance entre l’Algérie et son île natale, à travers « Insula », son dernier album.

Donnez-lui un clavier, il en fera un plaidoyer, une ode à la liberté, à la fraternité entre les peuples. « Insula » – piste du deuxième album éponyme de Maher Beauroy – est un projet né de sa rencontre avec Redha Benabdallah, oudiste, guitariste et musicologue franco-algérien. Deux artistes aux vies et univers musicaux assez éloignés, qui pourtant fusionnent et se retrouvent dans les textes de Frantz Fanon, icône de la pensée anti-coloniale et tiers-mondiste, « ciment de nos pensées créatrices » comme aime à le dire Maher.

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Sur les 88 touches noires et blanches courent ses doigts agiles, soudain se figent d’un commun accord, avant que le ballet digital ne reprenne de plus belle en circonvolutions caribéennes aux accents arabo-andalous. Les notes sont perlées, le phrasé feutré, rond, chaud, enveloppant de bienveillance l’appel au réveil des consciences et à la singularité affirmée.

Si le projet « Insula » a grandi au fil de répétitions libres comme autant de conversations musicales entre Redha et Maher, il s’est aujourd’hui étoffé, porté par un orchestre d’une dizaine de musiciens venus de Côte d’Ivoire, de La Réunion, de l’Hexagone, de Martinique et d’Algérie, sous l’égide de Tropiques Atrium Scène nationale à Fort-de-France. Et c’est la poétesse Florence « Flo » Baudin qui incarne – tout en sobriété mais avec force – les textes de Frantz Fanon, dont la résonance contemporaine sème le trouble. « Insula » est une ode, lumineuse et puissante, à bâtir de nouveaux ponts entre les cultures, dont respect et acceptation des différences sont les fondations profondes. Une musique comme nourriture de l’esprit, touchant à l’intime.

 

Texte : Véronique Brusini 

Photos : Aurélien Brusini

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