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Msaki x Tubatsi : Synthetic Hearts

Célèbres musiciens sud-africains, Msaki et Tubatsi Mpho Moloi rencontrent dans « Synthetic hearts » l’arrangeur et violoncelliste Clément Petit. Vous allez être envouté. L’album touche directement au cœur. Peut-être est-ce dû à cette façon d’interroger les relations que nous entretenons les uns avec les autres et l’amour aussi. La musique, le texte, tout n’est que désir, égarement, quêtes personnelles.

 

Tout questionne dans ces chansons. Trois artistes et deux voix se mixent au grès des morceaux et des mélodies suggérées par Clément Petit. On connait ce violoncelliste qui chante silencieusement quand il joue, il ne peut pas s’en empêcher, ses lèves bougent toutes seules et évoquent l’émotion qui traverse sa musique.

L’émotion est donc bien là et c’est ce qui touche en premier. Les trois artistes savent vagabonder entre les genres musicaux. En musique exactement comme en amour, diraient-ils, ils éprouvent, le besoin de lâcher prise et d’être simplement soi. Alchimie musicale dans une ambiance luxuriante.

SYNTHETIC HEARTS. MSAKIxTUBATSI

Sortie le 10 mars chez No Format

Texte : Aimée Petit

Emel Mathlouthi : une voix divine au Tropiques Atrium

Avec sa voix dense, profonde, son énergie flamboyante, d’Emel Mathlouthi a porté une révolution ! Elle a été la figure symbolique de la révolution de jasmin, en Tunisie, en 2011,  après qu’une vidéo d’elle interprétant une version de sa chanson « Kelmti Horra » (Ma parole libre) ait fait le tour du monde. Mais elle ne s’est pas arrêtée là. Lancée dans une carrière internationale, elle a été invitée en 2015 à chanter « Kelmti Horra » à Oslo pour la remise du Prix Nobel de la Paix. Tropiques Atrium la programme cette année et l’annonce : « La Scène nationale accueille cette chanteuse tunisienne le 8 mars. Comme chaque année nous faisons un écho à la journée internationale pour la lutte pour les droits des femmes. Ce concert est un temps fort, qui s’inscrit dans un festival pluridisciplinaire que nous proposons au public pendant tout le mois de mars.

Emel Mathlouthi sait créer des ponts entre les cultures musicales, elle veut proposer une musique audacieuse, une liberté de mouvement et d‘expression. Et ça lui va très bien. Sans perdre son esprit révolutionnaire, elle propulse sa voix dans ce que certains appellent : une électronique à fleur de peau.

Emel Mathlouthi. Tropiques Atrium Scène nationale, le 8 mars 2023.

 

Texte : Aimée Petit

Aqua lodge : les Saintes à fleur d’eau

Il n’est pas toujours nécessaire de partir loin pour s’évader de tout et se relaxer en pleine nature. Quelques minutes de bateau à peine et vous voilà sur le deck de votre villa flottante, prêt(e) à vivre pleinement ces moments d’exception. Vous inspirez profondément, vos yeux se plissent sous les irisations des turquoise Caraïbes. Bienvenue à l’Aqua Lodge.

Entre deux mondes, pourquoi choisir ? En un battement de cils, plongez dans un jardin d’eau multicolore et sans frontière… depuis votre salon ! Voilà la promesse de ce refuge insolite pour hédonistes amoureux du monde marin. 13 m de long, 6 de large, deux belles chambres avec terrasse avant, toilettes sèches et salle de bain, électroménager alimenté par panneaux solaires : de quoi accueillir couples ou familles de quatre personnes en parfaite autonomie, dans le respect de l’environnement. Si les 78 m² de cette villa flottante peuvent, par leur confort et le design de son aménagement intérieur, vous faire oublier que vous êtes bien sur un bateau – catamaran en l’occurrence -, l’eau et ses reflets changeants façonnent l’atmosphère lumineuse unique de ce havre de paix.

Une partie du plancher de la cuisine ouverte est même vitrée pour laisser apercevoir les poissons qui fraient sous les coques. Mais pour de plus belles rencontres encore avec les tortues vertes, chirurgiens bleus, diodons et autres poissons-papillons, rien de tel qu’un masque et une paire de palmes pour rejoindre les jardins coralliens des abords de la base nautique (au cœur de la baie), ou encore le rivage de l’ancienne « Maison du Docteur » en forme de proue de bateau.

Si la douce onde de surface vous convient mieux, pourquoi ne pas s’adonner au plaisir d’une balade en stand up paddle, au coucher du soleil ? Kayak et annexe à moteur électrique sont aussi à disposition pour des vagabondages plus lointains. Et quand vient la nuit, opère la magie des lumières sous-marines. Sous le plancher de verre et à poupe, les spots de l’Aqua Lodge attirent et hypnotisent petits poissons et grands tarpons aux reflets d’argent sous le firmament.

AQUA LODGE

1 résidence les Boutiques du Moulin

Marina de Bas-du-Fort / 97110 Pointe-à-Pitre, Guadeloupe

OÙ SONT LES AQUA LODGES ?

  • 4 à Saint-François, en Guadeloupe
  • 1 aux Saintes dans la baie de Terre-de-Haut
  • 5 à Sainte-Anne, Anse Caritan, en Martinique
  • 1 à Saint-Martin, baie de la marina à l’Anse Marcel

… Et de nouveaux prévus courant 2023 !

Renseignements et tarifs : 05 90 90 16 81

SE RENDRE AUX SAINTES

Partez tranquille avec la compagnie CTM Deher : www.ctmdeher.com

Bénéficiez d’une réduction en réservant à l’avance et de l’envoi de e-ticket par courriel.

Texte : Véronique Brusini 

Photos : Aurélien Brusini

 

Ti kaz’la, l’excellence renouvelée

L’établissement Ti Kaz’la, dans le sillage de son créateur, feu Philippe Dade maître-restaurateur de France, ravit à nouveau nos papilles. Chef Miguel Besson aux fourneaux, Sandra Homo à la création des cocktails et Sarah Guilcher vous ouvrent les portes de cet incontournable de la gastronomie à Terre-de-Haut.

 

Ti Kaz’la : ceci n’est pas un restaurant. C’est une déclaration d’amour ! L’amour de Philippe Dade pour l’art de la gastronomie. L’amour de sa femme, Sarah Guilcher, qui chérit sa mémoire et perpétue cette flamme qu’une nouvelle équipe, créative et brillante, attise chaque jour pour le plaisir des convives. Vous cherchez l’adresse ? Trouvez son emblème : un généreux piment végétarien rouge peint sur le fronton blanc, à 200 m après l’église en venant du ponton de débarquement.

Propre à la Caraïbe, ce produit de choix se retrouve allègrement parsemé dans la carte qui fait la part belle aux produits locaux, non seulement de Guadeloupe mais aussi des Saintes avec son miel, la coco ou encore la noix de cajou. Ici, tout est fait maison (sauf le pain). On y vient pour être sûr de bien manger, mais encore plus pour voyager. Car la cuisine de Ti Kaz’la est une invitation à la découverte, au lâcher prise, à la surprise et à la poésie.

Le tout dans une ambiance chaleureuse et intime, un décor coloré mêlant bois flotté, mobilier et menuiseries « maison », ouvrant grand sur la plage de sable blanc et ses eaux translucides, dans lesquelles miroite le volcan de la Soufrière. La carte est modulée en fonction de la pêche du jour et de l’humeur créative du Chef Miguel Besson. Le doux clapot berce les conversations. Le soleil ricoche en étincelles sur les verres de rhums arrangés. Ces moments justifient à eux seuls la traversée depuis Trois-Rivières !

Ti Kaz’la

10, rue Benoît Cassin / 97137 Terre-de-Haut / Les Saintes (Guadeloupe)

  1. 05 90 99 57 63 / P. 06 90 74 22 21

tikazlarestauration@gmail.com

Ouvert : jeudi au lundi

Réservation recommandée

SE RENDRE AUX SAINTES

Partez tranquille avec la compagnie CTM Deher : www.ctmdeher.com

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Texte : Véronique Brusini

Photos : Aurélien Brusini

« L’embrasée », d’Estelle-Sarah Bulle

L'autrice Estelle-Sarah Bulle ©Patrice Normand

« L’Embrasée », le dernier roman jeunesse d’Estelle-Sarah Bulle, va vous envoûter. Ses jeunes héros adolescents, des personnages attachants, vibrants, puisent-t-ils l’énergie qui les anime dans la puissance du volcan sur lequel ils vivent ? Ce qui est sûr c’est que l’Embrasée, la « vielle dame » abrite leurs rêves, leurs questionnements et leurs amitiés et que dans la vigueur de son ombre, chacun défriche sa voie exigeante et terriblement excitante.

 

Le volcan est un personnage majeur de votre livre « l’Embrasée ». Quelle influence a-t-il sur les êtres qui vivent à ses pieds ?

Estelle-Sarah Bulle : Le volcan symbolise l’ensemble de la Nature. Il est à la fois source de vie, menace, force et fragilité. Au départ, Amalia, Jory et Joséphine vivent au pied du volcan sans trop y prêter attention. Ils sont nés là et la montagne est pour eux comme une donnée de base, comme l’air qu’ils respirent : presque invisible. Avec l’arrivée de Paul, ils vont peu à peu prendre conscience de cette présence indomptable, des richesses qu’elle recèle, et cela va aller de pair avec la découverte de leurs propres ressources intérieures.

Dans «l’Embrasée», Paul, un jeune garçon surdoué en chimie, cherche une molécule qui pourrait aider au sevrage de certaines drogues. La jeunesse y prend à bras le corps les problèmes dont elle souffre. Est-ce un constat ou un souhait ?

E-S B : C’est un constat! La jeunesse du monde entier ne cesse de m’étonner et de m’impressionner. Il y a toujours eu des jeunes gens pour faire avancer les choses. Aujourd’hui, avec le réchauffement climatique, la jeunesse hérite malheureusement d’une obligation à trouver des solutions. C’est une responsabilité qui ne doit pas leur incomber uniquement, mais de fait, ce sont les jeunes d’aujourd’hui qui changeront l’avenir.

Votre livre est une ode à la créativité de la Caraïbe et notamment de sa jeunesse inventive, vibrante, généreuse. A-t-elle été un des moteurs de votre inspiration ? 

E-S B : Les jeunes de la Caraïbe ont été ma source d’inspiration, en effet. Je me suis notamment appuyée sur une initiative publique, les Talents de l’Outre-Mer, organisée en 2019 par la structure Casodom. Cette initiative visait à récompenser des jeunes de l’Outre-Mer remarqués pour leur parcours, leurs projets, leurs sujets de recherche dans les domaines scientifiques, culturels et économiques. C’est là que j’ai trouvé les modèles des quatre adolescents de mon roman.

Vous rapprochez des cultures géographiquement éloignées qui pourtant se reconnaissent (Guyane – Guadeloupe). Pourquoi ce choix ?

E-S B : Dans mes romans, j’ai toujours à cœur de démontrer que la Guadeloupe ou la Martinique ne sont pas des territoires isolés, mais des zones complètement insérées dans un « arc caribéen » qui va du Québec à la Guyane en passant par Haïti, la Colombie ou la Louisiane. Malgré des langues différentes, c’est une ère créole qui partage une culture et une histoire communes, où la France est un trait d’union, où les échanges sont nombreux et très intéressants, que ce soit en termes de population, de musique, de façon de vivre…

Vous mêlez la tradition, notamment celle de la ferme dans laquelle vit la jeune Amalia, et la modernité des projets des jeunes héros du livre. Et si votre fiction se faisait un jour réalité ?

E-S B : J’en serais ravie! Pour survivre sur notre planète bien malmenée, il faudra allier des savoirs ancestraux et des technologies de pointe. C’est déjà le cas. Les sociétés occidentales se tournent peu à peu vers des savoirs qui avaient jusqu’ici été déconsidérés, jugés secondaires : par exemple, le savoir des Indiens d’Amazonie en termes de gestion de la forêt, le savoir des Aborigènes d’Australie en termes de transmission de connaissances millénaires, le savoir des anciens esclaves caribéens en termes de jardin créole… Il faudra faire avec tout cela mais aussi avec les fusées et les satellites, pour créer un avenir meilleur.

On reconnait votre âme de chercheuse, de documentariste. les recherches scientifiques et les innovations que vous mentionnez sont inspirées de véritables projets de jeunes chercheurs et entrepreneurs des territoires d’Outre-mer . Ce que vous avez trouvé dans vos recherches vous a-t-il étonnée ?

E-S B : Oui, je suis toujours étonnée par ce que l’être humain est capable d’accomplir. Même si je n’en comprends pas la moitié, j’aime lire les articles scientifiques de vulgarisation qui racontent les dernières avancées de la recherche. D’ailleurs, j’essaie souvent ensuite de les raconter à ma manière à mon fils de sept ans, comme des contes merveilleux mais réels : récemment on a envoyé une sonde pour dévier la trajectoire d’un astéroïde qui menaçait de frapper la Terre, on a retrouvé des bateaux antiques dans le lit d’une rivière à sec, on a pris des photos de la naissance de l’univers… Mon grand-père, qui n’a jamais quitté la Guadeloupe et a vécu jusqu’à cent quatre ans, avait beau être coupeur de canne, il aimait, le soir, demander à mon père de lui expliquer comment l’Homme avait pu marcher sur la Lune. Il était émerveillé, j’ai hérité ça de lui. Je suis encore plus heureuse lorsque je vois que des recherches de pointe sont issues du travail incroyable de jeunes issus des Outre-Mer.

Un joli nom pour un volcan : l’embrasée ! De mémoire d’hommes qui habitent sur ses pentes, elle ne porte d’« Embrasée » que le nom. Elle souffle bien quelques volutes de souffre, mais la vielle dame ne semble pas vouloir, un jour, se réveiller. Pour l’heure, Amalia et Jory, les jeunes héros du livre qui habitent au village, aux pieds du volcan, ont d’autres préoccupations : comment gérer leurs parents compliqués, comment ne pas s’ennuyer pendant les vacances, comment entrer en contact avec Paul, le garçon guyanais qui accompagne ses parents chercheurs et qui est lui-même un as en chimie ? En essayant de résoudre ces énigmes, ils vont découvrir que la solidarité est un cœur battant aux richesses inépuisables et que chacun dispose de ressources sur lesquelles il peut compter. L’écriture d’Estelle-Sarah Bulle est lumineuse, éclairante pour les ados qui se reconnaitront dans ses héros, leurs errances et la puissance de leurs espoirs. Au fil de « l’Embrassée », l’autrice propose une vision ambitieuse des jeunes gens qui, dans les Outre-mer comme partout ailleurs, ne cessent de participer activement aux mouvements de nos sociétés. « J’aime bien m’adresser aux jeunes lecteurs et je suis très heureuse quand j’arrive à les toucher, car c’est un public exigeant, mystérieux, que les adultes ont du mal à saisir ». Une histoire qui parle vraiment d’eux. Les ados vont adorer.

Texte : Aimée Petit

La Soufrière, l’ascension sulfureuse

Sous son fard chlorhydrique et son dôme en robe plissée, la Soufrière, baptisée « la Vieille Dame » à travers l’archipel, se révèle être une toute jeune fille, âgée d’à peine 120 000 ans. Une randonnée d’exception.

Empreinte d’un caractère bien trempé, les 6 à 8 m de précipitations annuelles dont elle est gratifiée en font l’un des lieux les plus arrosés de la planète. Dans les brumes trois cents jours par an, le point culminant des Petites Antilles garde la tête froide depuis près de quatre décennies : aux alentours de 19 °C, soit dix de moins qu’au niveau de la mer, 1 467 m plus bas.

Au cœur de la forêt primaire des Bains-Jaunes, étincelante de rosée, grenouilles, oiseaux et insectes orchestrent le concert perpétuel sous la crosse des fougères arborescentes, véritables fossiles vivants. Un entêtant parfum d’humus teinté de vapeurs soufrées parcourt l’air saturé d’humidité, au beau milieu d’un dédale de lianes et de plantes épiphytes entre les grands arbres à contreforts, bois-bandé, bois canon, balisiers et fraisiers sauvages. La terre transpire en ruisseaux ferrugineux orangés sur les pierres luisantes du sentier du Pas-du-Roy, bâti par les soldats de l’infanterie de marine à la fin du XIXe siècle.

Le Chemin des Dames dessine une saignée circulaire à l’assaut du dôme : cône de lave séchée aux pentes inclinées à 45 degrés apparu au XVIe siècle, suite à une puissante éruption magmatique. Paysage cataclysmique au sommet. Profondément fracturé, fissuré et poreux, le plateau de La Découverte est hérissé de pitons rocheux, entaillé de crevasses insondables dont certaines prennent naissance par plus de 100 m, criblé de fumerolles chargées d’hydrogène sulfuré potentiellement mortel et d’acide chlorhydrique brûlant toute végétation. Hypnotique, mystique, terrifiante ou magnétique, la beauté intérieure de la Soufrière contraste avec ses flancs fertiles et ses généreuses réserves d’eau potable qui couvrent en grande partie les besoins d’une population à son chevet.

 

TOPO //

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Durée moyenne: 3 h 15

Distance : 6,37 km

Dénivelé + 492 m / Dénivelé – 484 m

Point haut : 1467 m

Point bas : 968 m

Niveau : Difficile

Retour point de départ : Oui (parking des Bains Jaunes)

Départ : N 16.034523° / O 61.67016°

 

Conseils //

Equipez-vous de bonnes chaussures de marche et d’un coupe-vent. Le soleil tape fort et il n’y a pas d’ombre sur la partie supérieure du volcan : prenez suffisamment d’eau et protégez-vous. Partez à la fraîche pour éviter au maximum le brouillard au sommet. Suivez les indications et soyez prudent avec les émanations de gaz qui peuvent être dangereuses. Redoublez de vigilance après de fortes pluies, même survenues plusieurs jours avant votre ascension.

Texte : Véronique Brusini 

Photos : Aurélien Brusini

Ardente Montagne Pelée

Les volcanologues du monde entier la connaissent pour les éruptions « péléennes » auxquelles elle a donné son nom. Les Martiniquais ont craint autant qu’ils chérissent aujourd’hui la générosité de ses sols fertiles. La Montagne Pelée, affectueusement surnommée « la grande Dame du Nord », n’en finit pas de fasciner, au point d’être peut-être bientôt inscrite sur la Liste du patrimoine mondial par l’Unesco.

8 mai 1902 à Saint-Pierre, 8 h du matin. La foule venue célébrer l’Ascension se presse dans les églises, quand la ville plonge brusquement dans l’obscurité. 8h02 : un panache s’élève de la Montagne Pelée qui vient d’exploser, littéralement. Cette nuée ardente – dont la température oscille entre 800 et 1500°C – déferle sur Saint-Pierre en 634 secondes (elle a été modélisée par des scientifiques en 2020), à plus de 150 km/h, ne laissant que deux survivants parmi 28 000 Pierrotains.

L’Américain Frank Perret, père de la volcanologie moderne, s’attèle alors à décrire ce nouveau type de volcanisme dit « péléen » suite à cette éruption, qui reste la plus meurtrière du siècle. Stratovolcan gris actif et point culminant au nord de la Martinique (1395 m), la Montagne Pelée est placée sous haute surveillance dès 1903, sous l’initiative du minéralogiste Alfred Lacroix, avec la création de l’Observatoire volcanologique et sismologique de Martinique (OVSM), directement rattaché à l’Institut de physique du globe de Paris (IPGP).

Au Mémorial de la catastrophe de 1902, la cloche « fondue » de l’Eglise Saint-Etienne-de-Centre à Saint-Pierre, date de 1865, vestige de l’éruption du 8 mai 1902.

Un gage de confiance inestimable pour la population qui peut considérer qu’en cas de réveil du volcan, les mesures seront prises pour la protéger, en connaissance de cause et avec le maximum d’anticipation possible. En effet, contrairement aux tremblements de terre, un volcan en phase de réveil donne des signes avant-coureurs de ses manifestations les plus spectaculaires. « En 1902, tout commence dès le mois de février, analyse à rebours Fabrice Fontaine – directeur de l’OVSM-IPGP -, avec de forts dégagements de sulfure d’hydrogène (H2S) à l’odeur caractéristique d’oeuf pourri et d’inhabituelles oscillations de la mer. Le 23 avril, une forte secousse sismique donne le coup d’envoi de l’éruption avec l’apparition de fumerolles.

Le Prêcheur, vue aérienne sur le littoral, la rivière du Prêcheur et son pont, reconstruit et surélevé suite aux nombreux lahars qui ont déjà dévasté les abords de la rivière.

Le 5 mai, un premier lahar (coulée de boue d’origine volcanique) dévaste l’usine sucrière Guérin et génère un mini tsunami. Les deux jours suivants, un dôme de lave se forme au sommet du volcan, avant la grande explosion et la nuée ardente du 8 mai. Mais plusieurs nuées ont encore lieu, jusqu’à celle du 30 août qui, en changeant de direction, rase le village de Morne-Rouge et touche L’Ajoupa-Bouillon, faisant 1000 nouvelles victimes ». Si d’autres éruptions de moindre importance ont eu lieu ensuite, l’activité du volcan est très réduite depuis six décennies maintenant.

La Montagne Pelée.

TECTONIQUE ET NAISSANCE DE « L’ÎLE AUX FLEURS »

Jordane Corbeau est chercheuse en géosciences à l’OVSM, spécialiste de l’activité sismotectoniques des frontières de plaques, travaille à la compréhension de l’activité sismique actuelle de la subduction des Petites Antilles, pour améliorer la connaissance de l’aléa sismique dans la Caraïbe.

« Pour mieux la comprendre et saisir les soubresauts de la Montagne Pelée », confie Audrey Michaud-Dubuy – post-doctorante à l’IPGP travaillant depuis huit ans sur le volcan -, « on doit la replacer dans le contexte géologique régional : la Martinique est située sur l’arc volcanique des Petites Antilles qui s’étale sur 800 km, issu de la subduction de la partie Atlantique de la plaque Nord-Américaine sous la plaque Caraïbe, commencée il y a environ 55 millions d’années. « La Pelée » fait partie des trente volcans actifs sur les 100 000 dernières années, mais aussi des cinq volcans étant entrés en éruption ces 120 dernières années ».

Contrairement à certaines idées reçues, la Montagne Pelée n’est pas la partie la plus ancienne autour de laquelle se serait formée la Martinique. C’est plutôt du côté de la presqu’île de La Caravelle (dont les orgues basaltiques sont des témoins) et de la péninsule de Sainte-Anne, vieilles de 25 millions d’années, que tout a commencé, avant la création de la chaîne Vauclin-Pitault (entre 16 et 8 millions d’années), celle du Morne Jacob (entre 5 et 1,5 millions d’années), des Pitons du Carbet ( entre 1 million d’années et 320 000 ans) puis de la Montagne Pelée depuis 127 000 ans.

SOUS L’ŒIL DES SCIENTIFIQUES

Depuis le nouvel observatoire, inauguré le 17 mai 2022, volcanologues, géochimistes, ingénieurs et techniciens scrutent les moindres signaux d’activité du volcan. Il semble d’ailleurs qu’une dynamique de réactivation se soit mise en place (en témoigne la sismologie des vingt dernières années), ce qui a conduit l’OVSM-IPGP et la préfecture à enclencher, le 4 décembre 2020, le premier stade de vigilance (jaune), concernant surtout les observations scientifiques et la sensibilisation sociétale. « Nous avons toute une batterie de capteurs qui nous envoient, en temps réel et en continu, quantité d’informations sur l’évolution du volcan et la sismicité qui lui est liée », confie Fabrice Fontaine.

« Des outils puissants qui complètent et orientent nos investigations de terrain. Ils nous permettent, par exemple, de faire de l’imagerie sismique pour avoir une idée plus précise de ce qui se passe en profondeur, à l’intérieur du volcan. Ils rendent compte des déformations du sol dans les trois dimensions. Nous avons aussi des inclinomètres dans plusieurs forages, à des profondeurs allant de 30 à 60 m ». L’analyse et l’étude quotidiennes de l’activité sismique sont capitales : localisation, magnitude, déplacements des épicentres, profondeur, types de séismes… Tout est passé à la loupe.

« Ce qui pourrait nous faire émettre des bulletins d’alerte et engager les processus de sauvegarde graduels des infrastructures et de la population avec la préfecture et les services de secours ? » Fabrice Fontaine de répondre : « Si l’on constate une augmentation exponentielle des paramètres observés comme la sismicité volcanique ressentie, la sismicité de basse fréquence, l’apparition d’un lien entre la localisation des séismes en surface et les zones de stockage magmatique, le nombre et de l’intensité des explosions phréatiques, un fort gonflement de l’édifice volcanique (détecté à partir des capteurs de déformations), une variation anormale du niveau d’eau de forages, une anomalie thermique du sol, la température des fumerolles, l’apparition d’un dégazage en dioxyde de soufre (SO2) et l’injection de gaz profonds, des variations brutales de flux de gaz, une incandescence au sommet et sur d’autres zones, ou encore le développement en surface de fractures et de glissements »… Les signaux sont nombreux !

« LA GRANDE DAME DU NORD »

« C’est le surnom affectueux que nous, Martiniquais, donnons à notre volcan ! », lance Charles Noëlé, directeur de l’école maternelle de Saint-Pierre, fervent gardien de la mémoire de la commune. « J’ai à cœur de transmettre cette acception doublée d’attachement et de confiance dans le fait de vivre avec le volcan ». Un sentiment qui semble majoritairement partagé par les habitants du nord de la Martinique. Car, si le risque naturel est réel, les éruptions sont rares et dorénavant prévisibles, en tant que phénomènes qui s’inscrivent sur le temps long.

Charles Noëlé, directeur de l’école maternelle de Saint-Pierre.

Les habitants sont régulièrement informés, notamment par l’observatoire qui publie des bulletins accessibles à tous sur les réseaux. Ils sont sensibilisés par la préfecture et les services de protection civile. Une nouvelle actualisation du plan ORSEC (Organisation de la réponse de sécurité civile) a d’ailleurs été signée par le préfet en mars 2022 et des exercices de grande ampleur seront réalisés d’ici à la fin de l’année, voire début 2023.

En cas d’évacuation de masse en prévision d’une nouvelle éruption volcanique, le plan prévoit – entre autres – le transfert des populations du nord vers des communes du sud avec lesquelles elles sont jumelées, en fonction de l’équivalence de leurs infrastructures et de leurs capacités d’accueil. L’information passe avant cela graduellement par différents niveaux d’alerte (jaune / orange / rouge), correspondant à un effort de préparation et d’organisation croissant suggéré à la population, via tous les canaux de télécommunication disponibles.

L’actuel niveau « jaune » n’a pas d’impact sur la vie quotidienne des gens. Il concerne avant tout les scientifiques qui augmentent leur niveau de surveillance régulière. Le sentiment de confiance qui prévaut dans les communes du nord vient des bénéfices offerts par la Montagne Pelée au quotidien : les terres volcaniques, particulièrement fertiles, sont propices à l’agriculture et nourrissent une population reconnaissante.

Charles se souvient : « Cette confiance me vient de mon père et de l’expérience de mon grand-père, Adrien Gabriel. Il a neuf ans en 1902. Sa famille, sur le qui-vive depuis le mois de février, part à Morne-Rouge où ils ont des parents. Ils survivent donc à la catastrophe du 8 mai, mais Adrien Gabriel se souvient du ciel noir et de la pluie brûlante qui s’est abattue sur eux. Puis les nuées ardentes ont continué, jusqu’à détruire Morne-Rouge. « Ma famille trouve refuge vers Fort-de-France, dans les quartiers de Fond Zamy et Terres Saintville, bâtis par les sinistrés., quand d’autres préfèrent quitter l’île et s’installent en Guyane, à Rémire-Montjoly »s’émeut-il. Mais beaucoup sont revenus à Saint-Pierre, dès les années 1920, mettant la main à la pâte pour reconstruire la ville. « Mon père, Jean, naît lors de la seconde éruption de 1929 », poursuit Charles. « Plus tard, il me confiera que les gens savaient très bien que toutes les éruptions ne se valent pas et que celle-ci n’avait rien à voir avec celle de 1902. Les gens étaient confiants ».

La commune de Saint-Pierre, au pied de la Montagne Pelée (Martinique).

Une relative sérénité, due en grande partie à l’implication de Frank Ferret, qui fait construire un musée historique et volcanologique sur la Montagne Pelée, à Saint-Pierre, dès 1932.

Faisant face à de nombreuses et vives oppositions, il est convaincu du bien-fondé de s’inscrire à nouveau dans la pérennité à Saint-Pierre, à travers cet édifice symbolique. Témoin assidu de toutes les manifestations du volcan depuis 1902, c’est lui qui, par ses recherches scientifiques, conseille la population sur les conditions d’un retour en toute sécurité, dès les années 1930. Mais depuis lors, Saint-Pierre reste prise en étau entre les partisans de son développement et ceux qui voudraient la voir mise sous cloche, transformée en vitrine touristique, telle la « Pompéi de la Caraïbe ». Un dilemme qui ne date pas d’hier, comme l’écrivait un journaliste dans Télé 7 Jours en… 1982 : « Saint-Pierre ne doit pas mourir deux fois ! »

VERS UNE RECONNAISSANCE MONDIALE

Que la Montagne Pelée incarne un type de volcanisme à son nom témoigne déjà d’une aura internationale dans la sphère scientifique. Mais la Martinique verrait bien « la Grande Dame du Nord » inscrite sur la Liste du patrimoine mondial par l’Unesco. Initialement prévue en juillet 2022, ladite commission étant sous présidence russe avant le confit ukrainien, tout a depuis été suspendu et le suspense reste entier quant à cette reconnaissance universelle des spécificités de la Montagne Pelée…

 

Texte : Véronique Brusini – Photos : Aurélien Brusini

Observatoire avec vue

Le nouvel observatoire volcanologique de la Martinique est un bâtiment aérien planté à flanc de morne et largement ouvert sur la mer et la montagne. Son histoire est belle et nous allons vous la conter.

À la suite de l’éruption de la montagne Pelée en 1902, un « observatoire volcanologique », une petite cabane en fait, est créé en 1903 à l’instigation d’Alfred Lacroix au sommet du Morne des Cadets, sur la commune de Fonds-Saint-Denis. C’est le deuxième observatoire volcanologique du monde, après celui du Vésuve fondé en 1841. Son emplacement a été soigneusement choisi par le vulcanologue : c’est un lieu qui n’a pas été atteint par l’éruption. Il possède de petits sismographes et un gravimètre. Rien n’ayant été observé, on le ferme quelques années plus tard, quatre ans avant l’éruption de 1929.

Après cette nouvelle menace volcanique, la construction du bâtiment de l’observatoire du Morne des Cadets est décidée et réalisée en 1935 par l’architecte Louis Caillat sur le Morne Moustin, face au Morne des Cadets mais en en conservant le nom. Il s’agit de l’une des premières constructions en béton en Martinique, à laquelle on accède après avoir emprunté l’étroite et pentue route de l’Observatoire par des volées de marches nombreuses. Il est inscrit au titre des monuments historiques grâce à son sismographe Quervain-Piccard, dont il n’existe que trois exemplaires au monde. Ce sismographe, aujourd’hui objet de musée, pèse près de vingt tonnes et l’un de ses inventeurs, Auguste Piccard, servit de modèle à Hergé pour la création du Professeur Tournesol. Ça ne s’invente pas !

L’ensemble est devenu peu à peu obsolète et remplacé par un nouveau bâtiment, inauguré le 13 décembre 2019. Son architecte, Alain Nicolas, a conçu un ouvrage très élégant qui se présente comme un volcan, avec ses rives et son cratère central, fait de deux anneaux superposés dont les escaliers de desserte s’articulent autour d’un patio central planté de palmiers. C’est un bâtiment parasismique et paracylonique et on doit à la société Sedime une structure métallique fine et légère fermement ancrée dans le sol sur sa partie avant par des bipodes. D’une superficie de 1 200 m2 au lieu des 400 m2 de l’ancien, le bâtiment comprend sur deux niveaux trente bureaux, des lieux d’hébergement et des salles de conférences. On y accède par une passerelle depuis les parkings.

Largement ouvert sur la montagne Pelée et la mer des Caraïbes, ce Centre de recherches semble bien porter son nom « d’observatoire » c’est-à-dire de lieu d’où l’on observe. Le mot peut troubler car en réalité les évènements volcaniques et tectoniques ne sont pas étudiés depuis des observatoires : ils sont surveillés par des sismographes qui portent des sismomètres délivrant des sismogrammes. Et par des satellites et des distancemètres aussi. Regarder la Pelée apprend peu de ce qui se passe dans ses entrailles. Autant que regarder la mer ne renseigne pas sur les tsunamis. Nous dirons que ce bâtiment joint l’utile à l’agréable. Il est ouvert sur l’extérieur, aérien et transparent, ce que n’était pas le cas de son prédécesseur conçu par l’architecte Louis Caillat et situé au Morne Moustin à Fonds Saint-Denis : tout de béton armé, c’était un genre de château-fort sans machicoulis, dressé face au volcan comme un guerrier d’un autre temps.

Bienvenue donc à ce bel observatoire avec vue.

Texte : Michèle Robin-Clerc

Photos : Aurélien Brusini

La vieille Dame a ses vapeurs – La Soufrière, Guadeloupe

Du haut de ses 1467 m, le volcan de la Soufrière laisse entrevoir ses fumerolles sommitales. En repos éruptif depuis 1977, le suivi des scientifiques de l’Observatoire sismologique et volcanique de Guadeloupe montre les signes d’une lente reprise d’activité. La confiance des habitants est pourtant à nouveau de mise et le volcan attire irrémédiablement les passionnés de nature. Tour d’horizon avec « vié madanm la ».

 

L’éruption phréatique de mes huit ans

« Il faisait très beau, ce jour-là, le 8 juillet 1976 », se souvient Thierry Rollin. « Nous habitions à Saint-Claude, quartier de Parnasse. J’étais sorti jouer dans la rue avec mes copains et mon neveu. Quand je me suis tourné vers lui, sa tête est subitement devenue toute grise. Je lui ai dit : « Mais qu’est-ce qu’il se passe ? Tu as du sable sur la tête ! » Par réflexe, les enfants lèvent alors les yeux au ciel… « On avait l’impression que le volcan de la Soufrière crachait des cumulonimbus. » Au même moment, les sirènes d’alerte retentissent et une voiture armée d’un haut-parleur sillonne les rues en diffusant ce message : « La Soufrière est entrée en éruption ! » Tout s’accélère, le soleil disparaît et une nuit soudaine avale l’horizon. Thierry et sa famille s’engouffrent à neuf dans la voiture et tentent, malgré de formidables embouteillages, de regagner la Grande-Terre pour se mettre à l’abri. « Ça a forgé ma vision de la vie : on peut tout perdre du jour au lendemain. La vie, notre petit confort, ne tient qu’à un fil.

C’est la Nature qui donne le la. Elle peut tout nous reprendre à n’importe quel moment. Par peur, ma mère n’est jamais revenue, malgré les appels à regagner le domicile un à deux ans après les éruptions phréatiques, et moi j’ai perdu de vue mes amis d’enfance pour me reconstruire en Grande-Terre », confie aujourd’hui Thierry. « Malgré que j’aie été déraciné, j’ai eu une belle adolescence. Dans l’année qui a suivi les événements, lors des conflits dans la cour d’école, on nous lâchait parfois : « Tais-toi ! Tu n’es même pas d’ici d’abord ! Tu es un Magma ! » [surnom donné aux déplacés de la Basse-Terre suite à l’éruption NDLR] Mais cela n’allait guère plus loin… » Adulte, dans son parcours d’investisseur immobilier, Thierry ne s’est plus projeté en Basse-Terre, jugeant la proximité du volcan incompatible avec des projets à long terme. Ce n’est qu’à la cinquantaine qu’il revient à Saint-Claude, suite à un héritage. « J’y ai eu une révélation. Comme un retour aux sources, c’était là que je me sentais bien.

Ma vie était là ! » Et d’ajouter : « Les moyens de communication avaient considérablement évolué et ont réellement contribué à nous rassurer durablement. Les bulletins réguliers de l’observatoire sur les réseaux et dans les médias, comme les messages d’informations de la préfecture, jouent un rôle central dans la confiance recouvrée des habitants à vivre autour du volcan. Le point primordial est qu’il n’y ait pas de discordance entre ces messages ». Le maintien de Basse-Terre en tant que chef-lieu de la Guadeloupe a aussi joué un rôle essentiel dans sa quête d’attractivité et de dynamisme économique, prégnant depuis une vingtaine d’années. Thierry estime à présent que, s’il devait y avoir une nouvelle éruption du type de celle de 1976, les gens reviendraient beaucoup plus rapidement parce que l’observatoire volcanique fonctionne bien. « On ne pourra plus traverser ce que j’ai vécu à huit ans, parce que nous avons à présent les moyens de prévenir et des outils très performants. »

Passions volcan et communication 3.0

Géochimiste, physicienne adjointe à l’Institut de physique du globe de Paris (IPGP), directrice adjointe de l’Observatoire de l’eau et de l’érosion aux Antilles (ObsERA) et ex-directrice de l’Observatoire volcanologique et sismologique de la Guadeloupe (OVSG)… Une longue liste pour jeter là les contreforts professionnels du parcours de Céline Dessert. Ou, plus simple mais non moins authentique : Céline Dessert, chercheuse enthousiaste, passeuse humaniste, écologiste engagée.

Elle qui déclare : « J’ai à cœur la compréhension globale des systèmes hydrogéologiques et volcaniques de Guadeloupe. Pour autant, la transmission de savoirs et le partage d’expériences est nécessaire à mon équilibre ». Faire découvrir le volcan de la Soufrière aux enfants en les emmenant y randonner, informer et sensibiliser les populations du Sud Basse-Terre au comportement de « la Vieille Dame », par l’art didactique ou sur la scène de l’Archipel via une comédie musicale sur l’éruption de 1976… Toutes les occasions sont bonnes pour faire en sorte de maintenir des relations éclairées et apaisées entre les habitants et le volcan avec lequel ils vivent. Un pari en grande partie réussi, puisque Saint-Claude est devenue « la ville du volcan » par exemple, en témoigne son armorial. « Mais on se sent parfois scientifique-funambule et l’on se doit de rester humble ! », sourit Céline, « L’éruption de 1976 reste très présente dans les esprits et, si j’ai régulièrement l’occasion d’échanger avec des gens qui l’ont vécue dans leur famille, il n’y a plus aujourd’hui dans le monde scientifique de personnalités actives ayant aussi vécu cet événement.

Deux lectures, concomitantes et complémentaires, doivent cohabiter sans froisser ni rien éluder : le souvenir marquant d’une expérience intime spectaculaire, voire traumatisante, et la lecture objective des faits scientifiques enregistrés à l’époque. » Un exercice compliqué car le duel fratricide et incompris entre le volcanologue Haroun Tazieff et le nouveau directeur de l’IPGP de 1976, Claude Allègre, a semé durablement le trouble dans la confiance envers les scientifiques ; le premier déclarant alors qu’il n’était pas nécessaire de s’inquiéter du réveil de la Soufrière, quand le second conseilla l’évacuation de 70 000 personnes. Depuis l’avènement des réseaux sociaux – incubateurs en temps réel de passions épidermiques -, la communication de l’observatoire et des instances étatiques doit s’adapter en permanence pour rectifier la mésinformation, voire la désinformation et garantir des messages clairs aux habitants. Saint-Claudienne depuis quinze ans et personnalité publique, Céline est souvent questionnée par ses concitoyens. C’est avec pédagogie et un plaisir certain qu’elle les rassure, sans pour autant minimiser la nature explosive de la Soufrière. « Il y a quelques années », rit-elle, « j’ai déménagé dans un autre quartier de Saint-Claude. Tous mes nouveaux voisins étaient contents et me disaient : Si tu viens t’installer là, c’est qu’on est tranquilles ! »

La Soufrière à la loupe

Dans les années 1950, les premiers sismomètres sont déployés jusqu’au volcan avec une contrainte d’époque : leur lien physique, filaire, avec l’Observatoire, sur les hauteurs de Saint-Claude. L’éruption de 1976 met en exergue les limites de cette proximité immédiate avec la Soufrière. Durant la grande évacuation de cette même année, l’Observatoire trouve refuge à la poudrière du Fort Delgrès, à Basse-Terre, avant qu’on ne statue sur sa nouvelle implantation, un peu plus à l’écart sur le Houëlmont. Il a alors fallu tracer la route, tout terrasser à la fin des années 1980, avant que les scientifiques ne commencent à y travailler en 1989 ; l’inauguration officielle ayant lieu en 1993. Bâtiment aux normes antisismiques et anticycloniques de l’époque, il a pourtant bien résisté au passage de l’ouragan Irma, même si, par mesure de sécurité, le renforcement de l’étanchéité de la salle des serveurs avec un calfeutrage par rideaux anticycloniques a été revu depuis.

« Une grande partie de nos études et observations concernent les séismes. On peut parfois en enregistrer plus d’une centaine en 24 heures, même si la plupart ne sont pas ressentis », confie Sébastien Deroussi, directeur adjoint responsable opérationnel à l’OVSG-IPGP. « Par triangulation entre les données de sismologie et de géodésie, on parvient à localiser les séismes et à les caractériser : à savoir s’ils sont d’ordre tectonique (dus aux mouvements des plaques continentales) ou volcanique ». La géodésie, c’est l’étude de la forme de la Terre et de ses déformations chronologiques, mesurées essentiellement par des GPS et des relevés de points qui se déplacent dans le temps. « Pour la Soufrière, on étudie aussi sa sismicité : s’il y a une source de pression qui arrive des profondeurs », explique Sébastien, « elle va devoir se faire sa place, occasionner des craquements à l’intérieur de l’édifice, ce qui va générer de petits tremblements de terre qui seront suivis et enregistrés. En complément, nous allons aussi sur chacune des failles mesurer à la main leurs déplacements, toutes les six semaines. »

L’Observatoire mène plusieurs projets technologiques exploratoires, pour comprendre toujours plus finement les comportements de la Soufrière. Ivan Vlastélic, directeur de l’OVSG-IPGP et chercheur géochimiste au CNRS, spécialiste des sources des magmas et de leurs processus de fusion, nous en dévoile quelques-uns : « La fibre optique cristallise les attentions car on s’est rendu compte qu’elle transporte et capte à la fois le signal. Elle nous sert donc en détection sismologique au sommet du volcan, mais aussi sur la faille des Saintes pour la tectonique et le suivi de la sismicité régionale. Sur la partie centrale du dôme de la Soufrière, on étudie les flux de chaleur avec des caméras thermiques, des sondes, pour réaliser le bilan thermique du volcan comprenant les gaz, la vapeur et aussi les eaux chaudes, voire bouillantes.

C’est périlleux ! Nous opérons en ce moment de nouveaux forages sur les secteurs de Parnasse et de la Savane à Mulets, entre autres, pour descendre des sismomètres en profondeur (entre 10 et 50 m environ) afin d’enregistrer des signaux beaucoup plus propres, enterrés, avec extrêmement peu de bruit de fond (perturbations liées au vent, à des phénomènes météo extérieurs…). Nous allons faire également un suivi des gaz en temps réel, grâce aux relevés multi-gaz (sulfure d’hydrogène H2S, dioxyde de soufre SO2, dioxyde de carbone CO2…) pour observer la formation de magma. Les relevés continus vont nous contraindre à des entretiens deux fois par mois des stations sommitales, en première ligne des sources dans des milieux très hostiles, acides, ultra-humides et battus par les vents, pour pouvoir pérenniser ce dispositif. » Les informations sismologiques, géochimiques et goédésiques brutes ainsi récoltées sont ensuite pré-analysées par le logiciel WebObs, créé par François Beauducel – géophysicien et ancien directeur de l’OVSG-IPGP. Devenu une référence en la matière, très répandue dans les observatoires y compris à l’international, la plateforme permet une meilleure lecture et interprétation humaine, à grande échelle, participative et avec toute la réactivité nécessaire.

Alerte au sommet !

« Mille cent missions par an, soit en moyenne trois par jour. C’est la cadence des alertes auxquelles il nous faut répondre à la base du Groupement d’Hélicoptères de la Sécurité Civile (GHSC) de Guadeloupe, au Raizet », annonce Yann Morvan, chef pilote instructeur Antilles-Guyane et responsable de la base. La Sécurité civile, chaînon incontournable et fer de lance du secours et de l’assistance aux personnes, mène des missions au profit du SAMU (accidents de la route, secours en montagne), des pompiers (randonneurs perdus, ouragans et tempêtes, assistance technique), du CROSS Antilles-Guyane (sauvetages en mer, évacuations sanitaires de marins, plongeurs ou croisiéristes) ou de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) et de divers services étatiques (préfecture, observatoire volcanologique). Reconnaissable entre tous, l’hélicoptère biturbine Airbus EC145, jaune bardé de rouge, intervient donc en mer, en plaine, comme en moyenne montagne – ici sur la chaîne volcanique de la Soufrière -, répondant au doux nom de « Dragon » suivi du code du département « 971 ». Les neuf membres de la base, tous très aguerris, fonctionnent en binômes par rotations et se divisent en deux corps : pilotes et mécaniciens-opérateurs de bord.

« En mission, notre binôme est indissociable et parfaitement complémentaire », confie Stéphane Berthel, responsable mécanicien-opérateur de bord. « Quand nous arrivons à une cinquantaine de mètres de la zone de secours – suivant notre hauteur de vol -, le commandant de bord perd le visuel qui se trouve sous la machine. L’opérateur de bord quitte alors sa place à la gauche du pilote pour diriger les manœuvres avec les équipiers, à l’arrière. Il ne perd surtout pas le contact avec son binôme et le guide à la voix en annonçant chaque action et en tenant compte de l’anticipation nécessaire au pilotage du Dragon. C’est aussi l’opérateur de bord qui effectue le treuillage, dès que le commandant de bord lui en donne l’autorisation. » Jean-François Sarda, mécanicien-opérateur de bord d’ajouter : « Des manœuvres particulièrement exigeantes et périlleuses dès lors qu’on intervient sur le volcan. La météo est capricieuse et nos fenêtres d’action peuvent être très courtes ».

Les souvenirs de missions fusent et l’on comprend vite qu’une simple erreur de jugement, comme partir en randonnée mal équipé, peu préparé ou sans avoir tenu compte d’une météo pluvieuse au sommet le jour de la sortie ou dans les jours qui l’entourent, peut mettre en danger la vie de toute l’équipe, en plus de celle des randonneurs. Sans compter l’impatience de certains qui, ayant demandé une assistance suite à une brutale montée des eaux de rivière par exemple, tentent malgré tout une traversée sans attendre l’arrivée des secours qui peuvent être retardés par une autre mission déjà en cours et par une météo défavorable. « Cette dame avait dû se perdre dans le brouillard et s’était retrouvée blessée à la jambe, isolée au milieu de nulle-part, très haut juste sous la cassure rocheuse. Impossible d’approcher avec le Dragon.

Le sauveteur a dû faire le balancier au bout du treuil pour l’atteindre, la sécuriser et la remonter en quelques minutes à peine, avant que les nuages ne se referment », se rappelle Jean-François. « Cette autre fois, nous avions pu nous poser mais les manœuvres de secours étaient difficiles et ont pris plus de temps que prévu. La météo est devenue mauvaise et nous sommes restés plusieurs heures sans pouvoir redécoller », ajoute Yann. « Et comment ne pas évoquer ce 31 août 2020 ? », lance Stéphane à la cantonade. « Un bon marcheur parti reconnaître un sentier pour un cross, s’est finalement perdu… et a dû survivre seul pendant six jours avant qu’on ne le retrouve, épuisé mais vivant ! Sur un coup de chance, car nos informations ne le plaçaient pas au bon endroit. Mais il a eu le bon réflexe de se poster en amont d’une cascade, dans le canyon de la rivière Pérou et de se signaler avec de la rubalise, ce qui a attiré notre attention ».

Mais le secours aux personnes n’est pas le seul atout du GHSC. Les missions conjointes avec l’observatoire volcanique (OVSG-IPGP) ont permis par exemple le balisage du sentier sommital de la Soufrière, la mise en place des barrières qui délimitent la zone de sécurité des cratères sud et participent à l’entretien du matériel scientifique sur les sites difficiles d’accès (dépose de batteries, panneaux solaires, instruments de mesures lourds ou volumineux).

Seul opérateur héliporté avec la gendarmerie (et son Écureuil) depuis le départ de l’armée de l’air il y a une douzaine d’années, le rayon d’action du GHSC s’étend bien sûr à tout l’archipel guadeloupéen, mais aussi aux îles voisines, jusqu’à Saint-Martin et Saint-Barthélemy (où il est immédiatement intervenu suite à l’ouragan Irma en 2017). Un rapprochement stratégique d’infrastructure est d’ailleurs à l’étude entre les services distincts de gendarmerie et de sécurité civile, qui se matérialisera, courant 2023-2024, par une toute nouvelle base commune, toujours au Raizet. Le nouvel hangar permettra, entre autres, d’accueillir une machine supplémentaire pour des actions de soutien en tant de crise. Mais pour l’heure, le Groupement d’Hélicoptères de la Sécurité Civile de Guadeloupe a fêté en octobre dernier ses vingt ans de présence opérationnelle. Vingt ans d’abnégation au service de la population !

Texte : Véronique Brusini 

Photos : Aurélien Brusini

Les codes du zouk, par Jean-Claude Occo

@ Migail Montlouis-Félicité

Jean-Claude Occo est danseur, chorégraphe, professeur de danse et auteur de « La codification du zouk », un livre essentiel pour la compréhension et la survivance du zouk. La préface est signée par Jocelyne Béroard, s’il vous plait ! Et voici ce qu’elle annonce : « Jean-Claude Occo codifie la danse zouk, d’abord parce qu’il l’enseigne mais surtout parce qu’il est nécessaire de laisser des traces pour la transmission. Nous nous laissons trop souvent phagocyter par toutes les modes qui viennent d’ailleurs. Et ces autres apports ont des professeurs… Occo Style devient le nôtre et il m’a convaincue ! Cette méthode simple et claire est à la portée de tous. Les postures, styles et déplacements sont nommés en créole et décrits de manière précise, permettant à chacun de s’essayer ou peaufiner son style Zouk. “ Mèsi !” ».

« C’est un art, un état d’esprit, un patrimoine, une culture », dit Jean-Claude Occo. Que les expressions du zouk sont belles ! Elles se déhanchent comme une « évidanse » : le  « vansé ou rèkilé », « asi koté èvè kwazé », « pivo altèwné  »…  L’auteur décrit dans son livre les postures, en solo, en couple, les rythmes, les tours, les mouvements, les déplacements… Il décrit les mises en mouvement du corps pour aborder le zouk, ses ondulations, ses retournements, cette gestuelle qui l’anime, le transcende en une énorme émotion. La fusion de la danse annonce presque un combat.

Un duel entre les danseurs et la musique qu’ils marquent et relèvent. Duel aussi entre le danseur et la danseuse qu’il essaie de surprendre, de piéger. C’est une musique qui voyage et attrape au passage les accents des pays qui l’accueillent. Elle se nourrit de la musique caribéenne, américaine, africaine : le zouk love et le zouk chiré, appelé aussi zouk béton, le ragga zouk et sa note jamaïcaine, le zouk R&B, le zouk métal, avec des accents rock de guitares saturées à la manière de Jacob Desvarieux, le zouk « Konpa » au timbre haïtien.

Il fallait une encyclopédie du zouk, Jean-Claude Occo l’a écrite ! Il y a ajouté des photographies festives, joyeuses, collé-serré qui relèvent la royale effervescence et la technique exigeante de notre danse si passionnément zouk.

Texte : Aimée Petit

Photos : Occo Style