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Guadeloupe Electronik Groove 2023 : de l’électro’KA… et plus encore !

Le festival Guadeloupe Electronik Groove (GEG) prépare sa 4e édition programmée les 24 et 25 novembre prochain, accueillant là encore son public dans un haut lieu du patrimoine architectural guadeloupéen.

 

Sa vocation ? Mettre en lumière les musiques traditionnelles fusionnées aux musiques électroniques, en particulier L’Electro et le Gwoka. Mais cette année, en incluant des artistes guyanais à sa programmation, le GEG proposera des sonorités encore plus riches.

Fidèle à son mode de fonctionnement, le GEG mettra en place plusieurs résidences artistiques en amont des festivités : les productions jouées sur scène le jour J seront, encore une fois, exclusives et jamais diffusées au préalable.

Pour vous mettre en haleine, sachez qu’à l’affiche figureront cette année le flûtiste et chanteur guyanais Yann Cléry, le Dj Charly Amadou Sy, le batteur/percussionniste Sonny Troupé, la chanteuse, flûtiste et danseuse Célia WA, le tambouyé Wojé Raspail, le Dj et producteur québécois Poirier, et bien d’autres…

Pour les surprises, patience, il faut attendre que la programmation soit intégralement dévoilée pour les découvrir !

À suivre sur les réseaux sociaux :

FB : Guadeloupe Electronik Groove

Insta : geg971

Nouveauté 2023 : l’appel à projet.

Pour cette nouvelle édition, le GEG a lancé un appel à projet afin de dénicher de futurs talents auxquels sera offert un accompagnement en résidence artistique via des Dj’s et producteurs professionnels…

Si vous êtes intéressés, toutes les infos sont sur guadeloupeelectronikgroove.com

 

Texte : Mathias Flodrops

Photos : Willy Vainqueur

Lorsque l’art nous déborde

Cécilia Kiavué, photographe et artiste peintre

C’est une rencontre forte. Elle a eu lieu dans une allée de la Pool Art Fair, salon international qui s’est déroulé en juin, à Pointe-à-Pitre. Spontanés et authentiques, les mots de Cécilia Kiavué sur son travail de peintre et photographe nous ont touchés. Nous vous les livrons ici.

 

Que diriez-vous de vous, à la naissance de votre art ?

Cécilia Kiavué : J’ai toujours eu une créativité si débordante que je ne savais pas trop quoi en faire ! J’ai été attirée par la musique, la danse, le théâtre puis la photo. J’ai dessiné très tôt aussi. J’ai voulu être journaliste pendant quelques années mais j’avais peur de galérer. Puis j’ai voulu être photographe. Je me suis vite dit que mon résonnement n’était pas bon, puisque j’allais encore plus galérer ! (rires) Le design était un bon entre-deux. Je me suis passionnée par l’espace, le volume, l’objet, l’architecture.

J’ai eu le temps, après mon Bac, d’aller étudier à Toulouse, où j’ai intégré une école de design. J’ai choisi cette discipline qui était le bon juste milieu entre exercer ma créativité et être stable. Sur certaines photos, on retrouve de nombreux éléments architecturaux ; j’ai développé un fort attrait pour ces composants architecturaux typiquement antillais. Je ne sais pas si tu vois, en arrière de mes toiles, on retrouve souvent ce motif, le claustra. C’est une paroi de béton perforé aux mille couleurs et motifs, qui permet la ventilation naturelle et que l’on retrouve presque partout dans la Caraïbe.

Il y a eu ce jour, le jour où je suis rentrée au pays pour les vacances, l’année dernière… Oui c’est ça, et je n’ai vu que ça en fait, les claustras. C’est devenu une obsession ! Certaines œuvres qu’on observe ici amorcent ma future démarche autour de ces éléments architecturaux dont je voudrais retranscrire les attributs, afin de créer une grammaire esthétique caribéenne. C’est un peu mon objectif ! En gros, j’aime l’idée de documenter, avec l’idée de patrimoine aussi, ce que notre île et, plus largement, le territoire caribéen, ont à offrir en termes d’esthétique.

En plus des claustras, je me fascine pour d’autres éléments de design architectural caribéen tels que la ferronnerie, tu sais, les garde-corps que l’on retrouve dans les kaz kréyòl. Ces composantes-là forment des motifs et un langage visuel que j’aimerais exploiter à la fois dans l’art, le design graphique, le design d’objet, le bijou, le textile… Tout est possible !

Votre inspiration ?

En dehors de tout cela, je suis éprise de nature, de philosophie, de sensualité. J’aime les silhouettes lascives, la femme, que l’on voit beaucoup dans mes peintures.
Et j’affectionne ce côté un petit peu, on va dire… Comme je l’écris, l’Éden que je présente ici représente « le jardin des délices », en lien avec son origine hébraïque. Et pour moi, cette atmosphère se retranscrit à travers des ressentis de sérénité, d’harmonie et d’amour.

J’y ajoute certains éléments comme une feuille de fruit-à-pain, ou ma représentation de la Soufrière…  Ces détails identitaires me permettent de m’exprimer. Aujourd’hui je présente à la Pool Art Fair l’ensemble de ce tout, des photos à la peinture, en mettant toutes ces inspirations côte-à-côte. Leur mélange donne vie à tout ccela. J’ai étudié à Montréal et j’y suis restée six ans, une expérience qui m’a amenée à avoir une vision globale lorsque je développe une idée.

La nature est très présente dans votre travail, en particulier dans vos photographies…

Ces photos sont prises à Pointe-à-Pitre. J’ai créé une courte série, « Lapwent », qui me tenait à cœur parce que j’y ai passé beaucoup, beaucoup de temps. J’ai été à Michelet et mon père était le directeur du Centre des Arts. J’y étais absolument tout le temps, et surtout dans cette rue-là, la rue Bébian. Centre des Arts qu’on voit d’ailleurs sur cette photo, tel qu’il est aujourd’hui. Cette inspiration ne me quitte pas.

Là, ce sont des photos qui ont seulement un an. Et celle-ci par exemple, est pour moi une illustration de la composition créole telle qu’elle existe sans qu’on n’ait rien à y ajouter. Et j’adore le fait qu’avec la photographie, on ait juste à révéler des choses qui sont déjà là et qui sont déjà belles d’elles-mêmes, surtout sur le territoire guadeloupéen.

Surtout cette dame, cette jolie dame. Dame Sorbet. Elle rappelle toutes les mamies, les taties de l’époque. On retrouve vraiment la Guadeloupe. On retrouve vraiment, dans vos photos, une touche de votre histoire, et votre identité.

Ça me fait plaisir de l’entendre, parce que je pense effectivement que c’est palpable lorsque je commence à en parler. Certaines personnes le devinent vite parce qu’il y a un point commun, un point de départ, il y a une histoire. Et c’est vrai que là, ma démarche est de commencer à constituer, par des éléments graphiques et architecturaux déjà existants, une sorte de grammaire esthétique, un champ lexical purement guadeloupéen, puis antillais, puis caribéen.

Quel est votre objectif ?

Je souhaite documenter tout cela dans un spectre plus large, dans d’autres territoires caribéens pour que puisse se consolider un vrai « lyannaj », qui n’existe pas encore complètement dans la Caraïbe en fait, à travers ce genre de gestes graphiques et artistiques. C’est ce que j’essaie de faire progressivement.

Que pouvez-vous me dire sur ces trois magnifiques tableaux ?

La Vieille madame. Je l’ai appelée ainsi parce que c’est le nom qu’on lui donne depuis longtemps. Et celle des feuilles… Je pense que c’était quasiment le même jour. Celle-ci, c’est à Petit-Bourg. C’est la petite maison d’une amie à moi, située en face d’une rivière. C’est incroyable d’habiter si près d’une rivière. J’adorerais vivre là.

C’est fou en fait que ces trois photos puissent fonctionner aussi bien ensemble tout en ayant été prises à des moments différents. On a ici un plan rapproché qui reprend un peu ce que je viens de dire sur l’extraction graphique d’éléments naturels, qui déjà sont là.

Celle-ci, je l’aime aussi : elle a beaucoup de succès parce qu’elle a ce côté immersif et attirant. On a presque l’impression de prendre la photo soi-même. Et le fait qu’elle soit très grande, qu’elle soit placée à hauteur des yeux, procure cette sensation de fenêtre sur la nature.

Retouchez-vous vos photos ?

Il n’y a aucune retouche sur mes photos et elles sont toutes prises à l’argentique. Je devrais le mentionner un peu plus car je suis très attachée à cette méthode-là. J’ai réellement commencé la photographie avec l’argentique, j’ai appris à développer mes photos quand j’avais quatorze ans. J’étais toute petite ! Je ne les développe plus depuis parce que je n’ai ni l’espace, ni le matériel. Cependant les inspirations sont là et j’aime cette fidélité entre ce que je vois sur le moment, et comment cle cliché sort – sachant qu’avec l’argentique on n’a pas d’écran de visualisation. On doit prendre une bonne photo et puis c’est tout. Et le fait de ne pas les retoucher, c’est aussi un parti-pris : avant, quand la photo était ratée, elle était ratée. Il n’y avait pas de retouches, il n’y avait pas de Photoshop, etc. J’aime l’idée de revenir à ce passé dans la pratique. Mes photos, j’ai la chance de les avoir réussies et de pouvoir les présenter telles quelles, avec authenticité.

Instagram : Cécilia.kiavue
Facebook : Cécilia Kiavué

 

Propos recueillis par Nédier Henderson

Photos : Nédier Henderson et DR

Saint-Barthélemy, poussière d’étoiles

Un jour de 1493, Christophe Colomb découvre cette poussière caraïbe. Il a dû être surpris. Pas de forêt luxuriante ni de pitons noyés dans les nuages. Une île sèche, rocailleuse, à la végétation rabougrie. Pas vraiment un éden, juste un caillou impropre à la culture sucrière. Le navigateur baptise l’île du prénom de son frère, Bartoloméo, et passe son chemin. Ce n’est que 450 ans plus tard que l’île commence à briller.

Colonisée une première fois en 1648, sans grand succès, l’île est vendue à l’Ordre de Malte. Mais les chevaliers la désertent trois ans plus tard. Replacée sous l’autorité de la France en 1674, elle voit arriver des colons bretons et normands qui se font pêcheurs, petits exploitants agricoles, ou marchands… Mais la France s’en désintéresse.

Alors, après un bref intermède anglais en 1758, elle est cédée en 1784… aux Suédois, pourtant peu experts en gestion coloniale. L’île devient un port franc où les navires de tous pavillons mouillent librement et déposent leurs marchandises (épices, tabac, indigo…).

Le port de Gustavia est exonéré de douanes et de taxes. C’est la prospérité ! Arrivée au bout du modèle portuaire, quand les bateaux à moteur remplacent ceux à voiles, Saint-Barthélemy est rétrocédée par le roi de Suède à la France en 1877, après avis favorable des habitants de l’île, puis rattachée administrativement à l’archipel guadeloupéen.
Il faut attendre 1957 et sa redécouverte par le milliardaire américain Rockefeller pour que sa notoriété s’éveille. S’enclenche alors une mode touristique qui ne l’a pas quitté depuis.

Élégant paradis

Depuis que l’île, en 2007, a obtenu le statut de collectivité d’Outre-mer, sa spécialisation dans l’offre balnéaire est le leitmotiv des relations originales liant les trois principaux groupes qui cohabitent sur l’ile : les Saint-Barths, descendants des colons français qui peuplèrent l’île à partir du XVI siècle; les immigrés, venus le plus souvent de France métropolitaine ou du reste de l’Union européenne et travaillant sur place; et enfin une clientèle de villégiateurs, que se partagent aussi d’autres destinations balnéaires telles que les Hamptons, Saint-Tropez et la côte varoise, Portofino et la Costa Smeralda.

La petite île est alors désormais un rendez-vous chic qu’il est indispensable de voir avant d’y être vu, tout de naturelle élégance, d’aimable tranquillité et de joyeuses soirées.

Un aérodrome miniature digne des aventures de Tintin, avec une piste d’atterrissage courte qui oblige les pilotes à avoir une qualification spéciale pour s’y poser, des vitrines hors taxes, des plages somptueuses… Les atouts sont multiples de cette perle de 25 km2, peuplée de 11 500 habitants, posée à deux pas de Saint-Martin et des îles Vierges, et à 233 km de la Guadeloupe.

Originalités…

Sur l’île pas de transport public, les déplacements ne peuvent se faire qu’en taxi ou en véhicule de location. Et savez-vous qu’en dehors de Gustavia, les habitants n’ont pas d’adresse postale ? Cela leur permet de vivre dans l’anonymat le plus total.

Fort Oscar, discret et secret 

Implantée depuis une trentaine d’années à Saint-Barth, la station d’écoute de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure, le service de contre-espionnage extérieur français) avait élu ses quartiers au Fort Oscar sur les hauteurs de Gustavia. Pour rappel, les « grandes oreilles » du renseignement avaient été créées en pleine guerre froide au temps de la présence soviétique à Cuba, à l’initiative d’Alexandre de Marenches, ancien directeur de la DGSE. En 2006, les bâtiments ont été réattribués à la gendarmerie.

 

Texte : Marguerite Decouard

Photos : Aurélien Brusini 

Pool Art Fair 2023, haute en couleurs !

L'artiste B. Bird

La Pool Art Fair était de retour cette année pour sa 14e édition, du 23 au 25 juin derniers au Terminal de croisière de Pointe-à-Pitre. La vaste structure de 1 300 m² située en bordure de mer accueillait en cette édition 2023 une cinquantaine d’artistes exposants.

Depuis son inauguration en 2004, à New York, en présence d’artistes invités de Guadeloupe et de Martinique, le salon PooL Art Fair de Guadeloupe poursuit son ambition de mettre en relation artistes et professionnels du monde de l’art, avec le grand public. Les visiteurs avoisinaient cette année les 5500 personnes durant les trois jours de manifestation.

Le modèle d’inspiration ? Les salons parisiens organisés en parallèle des salons officiels à la fin du 19e siècle, à l’initiative d’artistes indépendants souhaitant s’éloigner des règles strictes de l’Académie pour démontrer leur capacité à inventer de nouveaux sujets et nouvelles manières d’occuper la position d’artiste.

Céline Chat

La Pool, outil de développement d’un monde artistique en pleine effervescence dans la Caraïbe, propose donc une programmation éclectique d’artistes et de galeries. Cette année, c’est avec l’artiste B.Bird (@b.bird_art_officiel) que le parcours débute pour plonger le visiteur dans un monde symbolique, graphique et acidulé.

Vient ensuite le stand de la galerie l’Art s’en Mêle (@lartsenmele) dont la fondatrice Viviane Pelus, également artiste (Viie) s’est entourée pour l’occasion du talentueux street artist Yelow (@yelow_paint), de l’aquarelliste Marie-Galantais Bertrand Rouby (@bertrand_rouby), d’Evanor Ficadière, de Gwad’Line et Nadhy.

Maison Club

Puis, de stand en stand, on assiste à un véritable feu d’artifice de couleurs, de mediums et de créativité… On notera l’univers très original de Maison Club (@_maisonclub_) – en exposition solo à l’hôtel Arawak du Gosier à partir du 6 juillet – les splendides portraits de femmes créoles d’Alfredus (@alfredus_officiel), les sculptures en bois de Tony Boyer et les œuvres gravées sur supports en acier d’Antonwé (@antonwe_lavilabel) adepte du «Récup’ART / Recycl’ART».

Antonwé, l’artiste qui fait chanter l’acier

Difficile de citer chaque exposant, même si ce n’est pas l’envie qui manque tant la sélection 2023 était riche et variée. Pour les coups de cœur, on mentionnera sans hésitation Félie-Line Lucol (@felielinelucol) qui, une fois de plus, nous a surpris tant par la qualité de ses oeuvres que par la pluralité des techniques qu’elle sait si bien transcender.

Félie-Line Lucol

Après de longues années de travail sur matériaux recyclés, elle reprend dorénavant les pinceaux pour proposer une série à double lecture opposant l’authenticité des marchés créoles et la standardisation forcée par la consommation de masse.

Rudy Roquelaure, un des coups de coeur de cette édition.

Rudy-Marc Roquelaure (@ruddy_marc_roquelaure) était aussi de la partie avec son néo-expressionnisme captivant, sans oublier Mixi (@mixi_illus) peintre et illustratrice, qui n’a de cesse de mettre la femme à l’honneur avec, par exemple, un remarquable « radeau de la méduse » revisité à sa manière.

Mixi, peintre et illustratrice

En échangeant avec les exposants, tous évoquent l’intérêt majeur des interactions avec le public qui, à l’aide d’un regard extérieur, permet de conforter ou bousculer les uns et les autres dans leurs démarches respectives. L’artiste peintre Alice Demoly (@alice.demoly) a même observé des personnes en pleurs sur son stand… A croire que l’émotion suscitée par l’art a encore de beaux jours devant elle.

Alice Demoly devant ses oeuvres

Contact
poolartfair.com

  Photos : Xavier James et MatFLOW
Texte : Mathias

Le charme de l’authentique

Tout est là dans la plus grande luxuriance, la plus grande discrétion aussi : le jardin de l’Habitation du Comté d’abord, un parc de 7000 m2 peuplé d’arbres majestueux dont l’ancêtre Zamama, l’arbre à pluie, vieux de soixante-quatorze ans, qui impose sa ramure tel un sage qui vous abriterait de tout, vous soulagerait de toutes les fatigues et stress de la vie, un symbole, figure tutélaire de l’Habitation du temps de la sucrerie, puis aujourd’hui de cet hôtel au charme envoûtant.

À l’arrivée, la splendeur du jardin donne le ton, on guette l’habitation qui se révèle dans une architecture sobre, élégante, pur style Art déco, néocoloniale, construite en 1948. Eugénia Joulin, la propriétaire se souvient : « En 2005, mon mari et moi avons flashé sur le site : une maison familiale construite sur un morne, très ventilé, dans une végétation inspirante. Sérénité, calme, authenticité, bien être : le lieu nous a instantanément enchantés. L’intérieur en marbre, les neufs chambres spacieuses nous ont incités à donner à chacune un cachet particulier, entre tradition et modernité ».

Les clients apprécient le raffinement de la décoration, la qualité de l’accueil, la disponibilité des propriétaires aux petits soins pour eux. Ils reviennent d’ailleurs régulièrement et pour des périodes de plus en plus longues, et réservent souvent leur chambre d’une année sur l’autre. Autres gâteries, les plats d’Antony, le cuisinier grand maître du restaurant, deux Toques Gault-Millau qui, né à Sancerre, en métropole, mitonne des plats de sa composition, une cuisine métisse, mix gustatifs comme la Tartelette de boudin créole avec sa pomme rissolée et foie gras, un délice !

Après ce régale, une petite sieste ? Mieux encore, un plongeon dans la piscine dont vous ressortirez les yeux pétillants du bonheur d’être là.

 

 

 

Texte : Aimée Petit – Photos : Marguerite Decouard et DR

 

Au coeur d’un parc tropical

Quelle plus belle représentation de l’Ile aux fleurs que cet hôtel situé à la Pointe du Bout qui, comme la proue d’un navire, fait face à l’une des plus belles baies du monde : Fort-de-France ?

L’hôtel Carayou & Spa, construit dans les années soixante-dix resplendit des critères architecturaux de l’époque : 132 grandes chambres de 25 m2, confortables, avec balcon ou terrasses presque toutes avec vue mer. Une situation idéale pour un cadre charmant, à commencer par le jardin, un parc au patrimoine floral remarquable, multitude de fleurs tropicales, arbres rares, sans oublier le jardin créole et ses plantes typiques comme le doliprane, le bois d’Inde, la canne à sucre…, véritable niche écologique où le chef de cuisine fait sa cueillette.

Et que dire de l’eau ?

L’eau sous toutes ses formes : bucolique ou propice aux sports, apaisante et vivifiante, l’accès direct à la plage qui scintille sous les feux du soleil et les deux piscines pour vous initier à la plongée, pratiquer l’aquagym, ou offrir calme et détente. La base nautique labélisée « Fanatic » propose paddle, jet-ski, kite surf, windsurf…

Après les activités, besoin de relaxation ? Tout est prévu, vous êtes accueilli au spa avec ses salles de massage, son hammam et jacuzzi. Les soirées sont souvent animées : karaoké, spectacles. En haute saison, une fois par semaine, l’hôtel accueille ballets folkloriques et danses traditionnelles et un buffet créole. Quant au restaurant, il propose une formule all inclusive (pension complète), cuisine créole et internationale, sous forme de buffet et open bar de 10h à 23h.

Dans une ambiance chaleureuse et conviviale, les attentions du personnel sont très appréciées, comme cet accueil personnalisé pour les lunes de miel avec une bouteille de rhum et un joli paréo. On aimerait se marier tous les jours !

 

TERRE DE BLUES 2023 : la musique est de retour à Marie-Galante !

Le public, venu nombreux pour célébrer le grand retour du festival à Marie-Galante.

Il nous avait manqué depuis sa dernière édition en 2019, Covid oblige, mais ça y est… le festival Terre de Blues est bel et bien de retour, et les quatre jours de cette vingt-et-unième édition furent un franc succès.

L’euphorie des passagers est palpable dans la navette reliant Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) à Grand-Bourg (Marie-Galante) et pour cause… le festival Terre de Blues de Marie-Galante est de retour après trois années d’interruption forcée dues à la crise sanitaire. A l’arrivée, le pied à peine posé sur le ponton, les notes de musique flirtent déjà avec les alizés comme pour donner le ton de cette 21e édition.

Le stand de goodies aux couleurs du 21e Festival Terre de Blues.

L’accueil à Grand-Bourg est soigné et les innombrables chapiteaux constituant le village artisanal laissent apparaître, à travers les stands de miel ou de sirop de batterie, une large scène habillée de murs d’enceintes. La Mizik’live est déjà partout et les nombreux styles qui se mélangent dans l’air chaud des jours de Pentecôte donnent à la grande galette un charme particulier.

La superbe Célia WA en plein solo de flûte traversière sur la grande scène du château Murat.

Parrainé cette année par l’incontournable Pierre-Edouard Decimus, co-fondateur de Kassav’ et co-créateur du festival, ce Terre de Blues 2023 met en lumière de nombreux artistes caribéens à travers la thématique « Transmission et Identité ».

Pierre-Edouard DECIMUS, parrain du festival 2023.

C’est d’ailleurs le cas dès le premier concert sur la grande scène du château Murat, épicentre des festivités, avec la restitution d’une résidence artistique : « Créations hybrides – Rèmouné », fusionnant musique, danse, photos et vidéos. Vient ensuite le tour de Célia WA, flûtiste, chanteuse et danseuse, dont le Jazz’Ka à la sauce électro ravit le plus grand nombre, tout comme la salsa et charranga cubaine du groupe Orquesta Broadway, le blues de Donald Ray Johnson, l’afropop de la nigériane Yemi Alade et la Mbalax de Youssou N’Dour.

« Show Time » pour la chanteuse nigériane Yemi Alade !
Youssou N’Dour, tête d’affiche du Terre de Blues 2023.

Le reggae est bien représenté aussi avec Aswad, mais aussi Julian Marley dont la ressemblance physique et scénique avec son père est presque troublante.

Julian Marley, fils du grand Bob et digne représentant du reggae Jamaïcain.

Pour les coups de cœur : les remarquables « sons mêlés » du groupe Od’la qui, après avoir remporté le tremplin du Terre de Blues 2019, se produit cette année sur la grande scène. Florence Naprix et sa remarquable puissance vocale nous a également beaucoup touchés.

La chouchoute des Guadeloupéens : Florence Naprix, toujours souriante.

Côté OFF, la scène du village Caraïbe propose une programmation particulièrement riche passant du Jazz au Hip-hop, Raggamuffin ou Dancehall… pour clôturer en beauté avec La Perfecta et les Aiglons, rien que ça !

Pour finir, soulignons l’effervescence des « After » qui, chaque soir, offrent la possibilité de « winer » les pieds dans le sable ou de zouker jusqu’au petit matin…

Vivement l’année prochaine !

Contact

FB terredeblues
Lien: https://www.facebook.com/terredeblues

Insta festival_terre_de_blues
Lien: https://www.instagram.com/festival_terre_de_blues/

Photos : Dannick. N
Texte : Mathias Flodrops

Le portfolio de KwoO

« Je me souviens de ces moments lorsque, à huit ans, je me rendais chez un professeur spécialisé dans la neuro-pédagogie. Ma mère m’avait inscrite à ces sessions où j’apprenais les stratégies mentales d’apprentissage afin que mon cerveau aille à l’essentiel. En réalisant des mandalas, je favorisais le travail sur la créativité, la concentration et la mémoire. On observe ainsi son état intérieur modifié avant et après le travail. J’imagine que la répétition de ces formes géométriques, durant mon enfance, m’a familiarisée avec la technique du mandala à main levée.

Je suis partie en 2016 en Guyane, pour le travail. Mes premières œuvres autour de la Femme et du mandala sont nées sur le bois, cet or végétal. J’ai commencé à produire mes premières fresques à main levée, grandeur nature, chez un particulier – dans un carbet au cœur de la forêt primaire – ou encore avec mes élèves, dans le gymnase du collège. Ce fut un élan de joie et de partage intergénérationnel et interculturel.

Puis l’accomplissement a commencé en 2021 à mon retour en Guadeloupe, avec l’aventure du Centre des Arts et de la Culture, à Pointe-à-Pitre. Le projet était de personnaliser une salle entière du CAC dans un esprit collaboratif. Je devais dessiner les contours des mandalas à main levée. Nous nous sommes lancés à trois, puis pendant trois semaines tous ceux qui voulaient participer nous ont rejoints pour réaliser le remplissage à leur manière. C’est grâce à ces rencontres artistiques que j’ai commencé à toucher réellement à la peinture.

Aujourd’hui, j’aime réaliser le mandala et le sublimer. Mettre de la peinture sur toile, expérimenter de nouvelles expériences en solo. Mais mon vrai plaisir, c’est le partage. Le mettre à disposition de tous, observer et favoriser les réflexions de chacun. Je cherche encore à comprendre pourquoi j’ai choisi le mandala. Inspiré de mon enfance, il est là, il me suit dans la perpétuelle quête de mon moi intérieur, à chaque étape de ma vie.  »

KwoO

La pop créolitude d’Hélène Raffestin

Hélène Raffestin, artiste plasticienne, designeuse, créatrice de l’Atelier 49 à Fort-de-France, nous projette dans la quête de l’émancipation artistique, par-delà tabous, dogmes et stéréotypes. L’histoire d’une vie éprise de passion et de liberté, par amour de l’art et… de la Martinique.

« Ma mère était danseuse, mon père sculpteur, professeur aux Arts appliqués à Paris et en bijouterie-joaillerie. Il maîtrisait les techniques précieuses des matériaux, des métaux particulièrement. C’est avec lui que je suis arrivée en Martinique en 1989, où j’intègre l’école d’Art de Fort-de-France. J’y étudie pendant cinq années. Mes parents artistes m’ont énormément portée, inspirée », se souvient Hélène Raffestin.

Sa mère emportée trop tôt par la maladie, un parcours scolaire chaotique qui contrecarre son rêve d’agrégation dans le sillage de son père… Rien n’altère pourtant le feu intérieur qui la tient vivante et alerte, à l’écoute de son environnement et dans son temps.

« Aux Beaux-Arts de Fort-de-France, j’apprends les techniques de reproduction d’image comme la sérigraphie, la gravure. Une période foisonnante où tous les ateliers me sont ouverts et me suggèrent des possibles artistiques infinis », confie-t-elle. Puis elle poursuit à la Sorbonne avec une maîtrise en photographie contemporaine autour d’un travail personnel sur « l’insoutenable regard de l’être », profondément inspiré du souvenir de sa mère.

 

Engagée

De retour en Martinique en 2000, Hélène poursuit sa quête autour de l’image en agence photo, puis comme designeuse graphique indépendante et autodidacte. « Indépendante », elle l’est de tout son être et l’exprime désormais dans ses prises de positions artistiques engagées en faveur des droits des femmes, de l’égalité des sexes, des désordres de la société, non sans humour et sens du décalage. « En 2009, quand j’ai commencé mon travail personnel, les boutiques regorgeaient de produits doudouistes.

Je me suis aperçu qu’un créneau n’était pas emprunté : sublimer de manière contemporaine la singularité de l’île ». La beauté poignante du paysage ou le patrimoine architectural comptent parmi les sources d’inspiration de l’artiste, irrigant ses collections à l’esprit frais et lumineux, teintées de « rétro pop ».

« Je suis de près les grandes tendances graphiques de l’art contemporain, que j’adapte à une écriture créole » résume-telle en un sourire depuis l’Atelier 49, cette vieille maison de ville acquise en 2016 et rénovée dans ce style pop-contemporain qu’elle affectionne, sublimant au passage les matériaux d’origine. Un atelier de création/showroom qui vous accueille : vous y découvrirez un lieu magnifique à l’occasion d’évènements culturels et artistiques.

En Images :

 

L’Atelier 49

Concept store – Atelier – Résidence d’artiste

49 rue Moreau de Jones

Fort-de-France, Martinique

  1. 06 96 18 75 40

helloatelier49@gmail.com

 

Texte : Véronique Brusini 

Photos : Aurélien Brusini

Fort Delgrès, et ceux qui le peuplent

Tout d’abord « maison forte » du gouverneur Houël en 1650, d’où nous vient le Houëlbourg de Jarry en Guadeloupe, le fort Delgrès est renforcé à la fin du XVIIe siècle sur les conceptions du grand Vauban, ingénieur et architecte du roi Louis XIV. Nous allons voir comment ses diverses dénominations portent les flux et reflux de l’histoire, notamment celle de l’esclavage, à travers ses fonctions et notre symbolique mémorielle.

 

Du haut de ses cinq hectares bordés de remparts, il offre une vue majestueuse sur la rade de Basse-Terre et la mer des Caraïbes. On imagine que l’on pouvait y voir de loin arriver l’ennemi, mais aussi les bateaux négriers.

Pendant la guerre de Sept Ans, un bombardement victorieux des Anglais, le 23 janvier 1759 leur donne la Guadeloupe. Mais l’île est rendue à la France lors du Traité de Paris et la forteresse devint Fort Royal.

Le Bastion Plat et la Poterne du Galion, le massif du volcan de La Soufrière en arrière-plan.

En 1794, durant la Révolution, la Grande-Bretagne revient quelques mois occuper de nouveau l’île papillon et l’ouvrage prend alors le nom de Fort Matilda. L’Angleterre en est chassée par Victor Hugues qui peut alors faire appliquer l’abolition de l’esclavage décrétée le 4 février de la même année par la Convention nationale.

 

En mai 1802 cependant Napoléon envoie le général Richepanse pour y rétablir l’esclavage. Le fort est alors occupé par l’armée coloniale de Delgrès et Ignace. Cette bataille, perdue par Delgrès et ses hommes, sera suivie des évènements qui feront la notoriété de Delgrès et contribueront à construire sa légende. Il se suicida en effet à l’âge de 36 ans avec 300 de ses hommes au Matouba. Louis Delgrès a marqué ainsi l’histoire par sa bravoure et sa détermination.

Général glorieux de l’Empire, Richepanse a, lui, son nom gravé sous l’arc de triomphe de l’Étoile à Paris. La fièvre jaune a raison de lui le 3 septembre 1802 et il est enterré avec d’autres dans l’enceinte du fort que Napoléon baptisa de son nom en 1803. Le LKP a saccagé sa sépulture en 2018 et demandé qu’elle soit déplacée mais le gouvernement français n’a pas donné suite à cette demande.

Sachons que le cimetière des officiers porte aussi la tombe de l’Amiral Gourbeyre qui est le grand homme de la reconstruction de la Guadeloupe après le séisme de 1843 et dont l’action apaisante aurait contribué à une mise en place réussie de l’abolition de l’esclavage en 1848. Son nom fut d’ailleurs donné à la commune de Gourbeyre en 1846 en signe de reconnaissance.

Le fort Richepanse est renommé fort Saint-Charles, appellation peu sujette à polémiques, en 1960, du nom du lieu-dit sur lequel il est édifié.

En 1989 enfin, le conseil général de la Guadeloupe, devenu propriétaire des lieux, le baptise Fort Delgrès. On y trouve entre autres le très beau mémorial Louis Delgrès réalisé par Roger Arékian, mégalithe monumental qui rend hommage à ce combattant farouche pour la liberté des femmes et des hommes de la Guadeloupe.

Ainsi le Fort Delgrès respire, face à la mer, les Alizés du large et les grands vents de l’Histoire qui a bâti sa légende. Il nous conte ce qui fut et nous propose d’écrire notre avenir en écoutant le chant des grands hommes du passé.

Le Corps de Garde
France, Caraïbes, Petites Antilles, Guadeloupe, Basse-Terre, Fort Louis Degrés, haut lieu de la lutte franco-anglaise dans les Antilles puis de celle des Guadeloupéens contre l’esclavage conduit par l’officier mulâtre et résistant Louis Degrés, classé monument historique depuis 1977. Ici le Mémorial Delgrès.

 

 

Texte : Michèle Robin-Clerc

Photos : Aurélien Brusini