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Des podiums à la yole !

La valeur n’attend pas le nombre des années. C’est ce qui vient à l’esprit lorsqu’on rencontre Ambre Bozza. A vingt-trois ans, elle débute une carrière d’infographiste. Mais pas seulement…

Elle a présenté une émission de télévision, fait de la figuration dans des séries et décroché le titre de Miss Martinique en 2019. Eh oui ! Elle avoue aussi son attachement profond à la mer : si elle a l’océan à cœur, c’est qu’Ambre a grandi et vit à Sainte-Luce. Elle nous reçoit d’ailleurs sur une vaste terrasse qui domine l’océan. Une mer qu’elle caresse du regard tout au long de l’entretien.

Photo : Gérard Graduel

Elle se souvient de sa mini-yole bleue et orange (de 30 cm) qui ne l’a jamais quittée lors de ses déplacements à l’étranger en tant que Miss Martinique. Un porte-bonheur, dit-elle en riant ! Maintes fois elle l’a sortie de sa valise (jusqu’à Tahiti) pour promouvoir ce sport endémique à la Martinique.

Dans l’agenda de Miss Martinique, figurait aussi le départ du Défi-yoles de 2019, un événement où les embarcations rassemblaient des skippers du monde entier et des yoleurs martiniquais. Un rôle de starter très approprié ! Car oui, Ambre pratique la yole. Un sport qu’elle qualifie de grisant, un vecteur de rêves…

A l’instar de ses coéquipiers, elle s’est initiée à bord d’une bébé-yole. Depuis, elle a le vent en poupe. On l’aperçoit dans le dernier clip de Malavoi « Masibol » (femme de caractère). Une chanson largement illustrée par des yoleuses de l’association « Fem’ & Hom’ à la barre », pionnière en matière de mixité au sein de cette activité nautique. Une initiative lancée par Tania Marcellus, brillante navigatrice, qui dans les années 1990 faisait partie de l’équipage 100 % féminin de la bébé-yole « Fem’ à la barre ». Lorsque ces femmes ont souhaité relever le défi en créant une yole mixte, Emile Mas et Philippe Jean-Alexis les ont soutenues. Voilà vingt-sept ans que cette équipe soudée porte les valeurs de la parité nautique et les couleurs du SMEM. Celles que défend Ambre aujourd’hui.

Ce qu’elle aime dans la yole ? Des sensations indicibles, un apprentissage constant, des limites à franchir… « Être en mer procure un sentiment de liberté intense mais requiert aussi beaucoup de connaissances et de la clairvoyance : lire les vagues, étudier les éléments, les décoder pour prendre les décisions justes au bon moment. »

Pour Ambre, la pratique de la yole est aussi une expérience collective qui pousse au dépassement de soi. « Lorsqu’on manipule un bois dressé au-dessus de la mer, la sensation est extraordinaire, on se sent vivre avec une furieuse envie de pulvériser ses limites. Si le mental ne suit pas le physique, on plonge ! Ce sport a nettement amélioré ma confiance en moi. Et dans le milieu professionnel, il m’encourage à relever des défis. »

L’injonction de la performance passe aussi, selon elle, par une organisation minutieuse. A bord, le rôle de chacun semble déterminant pour une bonne coordination : placement, déplacement, regards, paroles … des mouvements précis indispensables pour faire corps.

« Je me concentre énormément sur ma mission à bord, rien d’autre ne me vient à l’esprit à ce moment-là. C’est une même force qui nous unit et nous porte tous pour suivre la trajectoire en symbiose. L’adage « Seul, on va plus vite, mais ensemble on va plus loin » se prête parfaitement à la yole. J’ajouterais même qu’unis sur une yole, on va plus vite et plus loin… »

La mixité à bord de la yole ? Ambre y voit une chance, l’opportunité de faire évoluer ce sport. En rassemblant des sportifs mixtes (de tous les milieux et de tous les âges) aux capacités très variées, d’autres aptitudes se mettent en équivalence avec le physique, dit-elle. « La lecture de la mer, des vagues, du vent, l’agilité, la réactivité, la vivacité s’avèrent déterminantes. »

Et bien que le confinement ait interrompu deux fois de suite la saison, Ambre poursuit les entraînements, travaille les manœuvres et entretient son endurance et sa condition mentale. « Je suis optimiste. Je pense qu’on va reprendre la mer bientôt, pour porter haut nos couleurs ! »

Texte : Marlène François

Photos : Clardio Design

Patrick Chamoiseau, guerrier de l’imaginaire

Que va devenir le monde après le Covid ? Que vont devenir les Antilles, qu’allons-nous devenir ? Ces questions, nous avons eu envie de les poser à Patrick Chamoiseau, écrivain, penseur dont la lucidité agit comme un phare, un repère qui aide à penser nos îles, à penser leur « interdépendance » avec le reste du monde.

Comme celles d’Albert Camus, d’Aimé Césaire ou d’Edouart Glissant, la voix de Patrick Chamoiseau est indispensable pour comprendre le monde et ses évolutions. Ici, Patrick Chamoiseau évoque la Martinique, « le monde-d’après » ainsi que notre soumission à l’ordre économique dominant. Il démontre pourquoi nous avons tant de mal à sortir de l’univers de la consommation pour imaginer un avenir qui préserve les hommes et la planète.

Que devrait être le monde d’après ? Ce monde dont vous dites qu’il a déjà été pensé, mais que nous ne savons pas mettre en œuvre ?

Patrick Chamoiseau : On ne peut penser le monde qu’à partir de son « lieu ». Mon « lieu » est la Martinique. Dès lors, le « monde-d’après » est autant une nouvelle Martinique qu’un monde différent. La « Martinique-d’après », ne peut être qu’un pays débarrassé de ses actuelles persistances coloniales. Les plus évidentes sont toutes nos dépendances vis-à-vis de ce que l’on nomme à juste titre « la Métropole ». Ce terme atteste de notre maintien en déresponsabilisation individuelle et collective. On ne saurait appeler « politique » en Martinique un programme électoral quelconque qui ne traiterait pas à fond cette question-là. La « Martinique-d’après » ne peut être qu’une Martinique dotée de capacité d’initiative multidimensionnelle, et qui s’est instituée (non plus en organisme ultra-marin sous-ordonné) mais en partenaire de la France, de l’Europe, de la Caraïbe, et des Amériques, cela dans une pratique de l’interdépendance qui accorde à chacune des parties en présence un principe de souveraineté optimale.

Il faut aussi comprendre que la Martinique actuelle n’est ni dans le monde ni en face du monde, mais simplement dans l’ombre dévitalisante de la France. Une sorte de mise sous perfusion. Dans le « monde-d’après » elle sera vraiment présente sur la scène du monde et confrontée comme tous les autres peuples aux cinq grands défis de notre époque : le défi climatique, le défi écologique, le défi de l’extension urbaine, le défi de l’écosystème numérique et de l’intelligence artificielle, et enfin le défi de notre devenir dans le cosmos.

Pour que le monde actuel soit capable d’affronter véritablement ces défis, il faut que nous nous soyons débarrassés de l’idéologie totalitaire qui transforme la planète terre en une simple ressource vouée à l’enrichissement hors-normes d’un très petit nombre de personnes. Le « monde-d’après » ne peut être que post-capitaliste et néolibéral. Je pense donc que la Martinique ne peut se battre contre ses persistances coloniales qu’en traitant dans le même balan tous les défis du « monde-d’après ».  Tout cela a déjà été dit par Glissant ou par moi-même, et par plein de penseurs dans le monde, cela depuis des décennies. On sait ce qu’il faut faire mais nous n’avons pas trouvé comment le mettre en œuvre. C’est la preuve que nos persistances coloniales tout comme la domination planétaire du capitalisme dominent profondément nos imaginaires.

Ce monde d’après peut-il naître de l’après-Covid ? Pourra-t-on vraiment ne plus vivre comme avant ou est-ce que tout sera fait pour que nous continuions à vivre comme avant ?

P.C. : Le Covid a suspendu la machinerie économique et consumériste du néolibéralisme. Chacun s’est en quelque sorte retrouvé en face de lui-même. C’était l’occasion d’une vaste prise de conscience qui hélas ne s’est pas produite. Sitôt la fin de la pandémie, l’économie capitaliste et le règne néolibéral reprendront de plus belle et avec encore plus de virulence.

Pourquoi ? 

P.C. : Parce que le néolibéralisme a créé en chacun de nous un vide existentiel, habité par le « pouvoir d’achat » et les pulsions consuméristes. Les décolonisations nous avaient appris à nous battre contre les conquêtes territoriales, les exploitations brutales et les répressions physiques, mais nous sommes encore désarmés quand la domination s’effectue (comme c’est le cas avec le néolibéralisme) sur nos imaginaires. C’est pour cela que je me suis souvent appelé « Guerrier de l’imaginaire », pour signaler où se trouve le vrai champ de bataille, et où se situe la pertinence émancipatrice de la littérature ou de l’Art en général.

Que peut-on attendre du politique face à l’intention capitaliste et à l’ordre économique, notamment dans les régions d’Outre-mer ?

P.C. : Le colonialisme a évolué en capitalisme néolibéral qui n’a pas besoin de dominer les peuples physiquement. Il lui suffit de dominer leur esprit, leurs désirs, leur imagination et leur imaginaire. Tous les Martiniquais, comme les peuples du monde entier, pensent que l’économie est la finalité de la politique, alors que cela ne devrait être qu’un outil secondaire au service du bien-être et de l’épanouissement humain. Tous les Martiniquais pensent que leur choix d’existence au monde est, soit de se diluer dans la France, soit de rompre le lien avec la France comme dans l’idéologie anticolonialiste des années 50 ; alors que notre problème est d’abord d’articuler un projet de présence collective dans la Caraïbe et dans le monde. Ce projet engendrera un statut qui aménagera nos liens et nos alliances à la France, l’Europe, la Caraïbe et les Amériques. Tous les Français pensent qu’une République ne peut être « qu’une et indivisible » et ne constituer qu’un seul peuple, alors que les flux relationnels qui se sont déclenchés dans le monde depuis le choc colonial, font que les peuples se sont mélangés et que de nouvelles réalités anthropologiques ont surgi, à commencer par ces pays que l’on appelle horriblement « outre-mer ». Il faudra donc que cette vieille Constitution française d’après-guerre abandonne cette vision monolithique et verticale, et comprenne que dans le « monde-d’après » les nations les plus prospères seront celles qui accueilleront la diversité du génie humain et qui exalteront leurs diversités intérieures. Le peuple martiniquais peut adhérer au pacte républicain français et devenir partenaire du peuple français, des peuples européens ou des autres peuples de la Caraïbe et des Amériques. Il faut changer la Constitution française, c’est l’acte inaugural d’une nouvelle pensée politique en France.

Parlons de la langue, de cette langue créole dont vous dites qu’elle est la langue de la découverte du monde. Comment penser son avenir ?  Comment définissez-vous « la rumeur d’une langue » ?

P.C. : Une langue ne peut pas être réduite à la seule communication, elle a une portée symbolique, créative et stimulante qu’il nous faut apprendre à développer. La langue créole est très réduite en ce qui concerne le champ de la communication (cantonnée pour l’instant dans l’affectif), mais elle est immense et déterminante en ce qui concerne nos épaisseurs historiques, nos réalités composites et nos devenirs innovants dans le monde à venir. Les langues ont une âme. C‘est pourquoi on ne saurait les hiérarchiser ou en laisser mourir. Il faut défendre sa langue au nom et avec toutes les langues du monde !

Frères migrants

Toutes les migrations forcées, celles des esclaves, celles des peuples déplacés, celles des peuples en fuite n’ont pas semblé interpeler leurs contemporains. C’est comme si tous ces êtres en souffrance appartenaient à une humanité lointaine, une humanité difficile à défendre. Patrick Chamoiseau s’est emparé de ce sujet dans « Frères migrants ». Il s’est posé la question du pourquoi. Pourquoi l’Europe reste-elle insensible à la souffrance de ces foules d’hommes, de femmes et d’enfants qui fuient par la mer Méditerranée et finissent parfois par s’y noyer ? Comment expliquer cette indifférence ? « Il y a deux raisons à cela, répond Patrick Chamoiseau. La première, c’est que le système capitaliste néolibéral qui domine notre imaginaire ne vise en aucune manière à la dignité et au respect de l’humain. Si c’était le cas, l’Europe ne laisserait pas mourir des milliers de personnes à ses frontières. Cette inhumanité consubstantielle au capitalisme, nous l’avons plus ou moins intériorisée.

L’autre élément c’est que toutes les consciences, même les plus admirables, ont toujours un angle mort. Prenez l’homme historique qui vous semble le plus digne d’estime et de respect, vous trouverez toujours une dimension de son époque sur laquelle il n’a pas été vigilant, un crime ou une atteinte contre l’humain dont il s‘est accommodé. C’est pourquoi chacun de nous devrait se dire chaque jour, en regardant autour de lui : quel est mon angle mort. »  

« Frères migrants » de Patrick Chamoiseau. Ed. du Seuil

Rencontre Aimée Petit

Photo : Eric Daribo

La terre nourricière

Envie de vous lancer dans l’aventure du jardin créole ? En juin, le 1er numéro de Créola révélait les dynamiques qui font du jardin créole une terre si nourricière. Passons aux travaux pratiques. Première étape : préparer le sol.

Terre des profondeurs

D’abord, il faut faire le test : avec une pelle, creuser le sol. La terre est dure ? Comme la plupart d’entre nous, vous êtes, chez vous, en présence d’une terre qui vient des profondeurs. Que votre logement soit récent ou non, son terrain, à sa construction, a été retourné par une pelle mécanique qui a fait remonter en surface une terre rouge et compacte impropre à la culture. Et, horreur, ce jardin est planté de pelouse, qui consomme le peu de vitalité de ce sol. Résultat : « La terre est pauvre, sans vie, ni insectes, ni vers de terre. Les arbres et les plantes ne poussent pas et sont attaqués par les nuisibles, alors que dans la nature ils se défendent » explique Hugues Occibrun, fondateur de l’association 100% Zèb.

Imiter la forêt

« Imaginez les racines fragiles des petites plantes : impossible pour elles de se développer dans ce sol. » Alors, que faire ? « Imiter la forêt ! » lance Hugues. « En Forêt, les feuilles et les troncs tombent, les animaux meurent : les plantes poussent sur ce substrat riche. Si votre sol est dur, plutôt que de fouiller en profondeur, travaillez en surface : disposez un mélange de feuilles, de brindilles et de déchets verts. » La tonte de gazon, elle, est utilisée séchée, pour ne pas favoriser la prolifération d’un champignon. « Il faut autant de matière carbonée (marron) qu’azotée (verte), donc une proportion égale de feuilles vertes et de feuilles mortes, comme en forêt ! » En quelques jours les premiers insectes décomposeurs apparaissent, iules, myriapodes, coléoptères et vers de terre. Ils dégradent la matière et la mélangent à la terre, qui s’ameublit. Le sol devient fertile.

Bute lasagne

C’est le nom du procédé en permaculture : 20 cm de cet entreposage de feuilles auquel on ajoute 20 cm de terre végétale – dont la qualité importe peu car elle ne sert que de support. Assurez-vous néanmoins qu’elle n’est pas chlordéconée[1]. On plante dessus le jour même. « La couche en décomposition est le garde-manger des plantes. Et ça pousse ! » conclut Hugues.

La suite dans Créola #3 : on plante !

[1] Consulter la cartographie des analyses de la chlordécone sur guadeloupe.gouv.fr et martinique.gouv.fr

Texte : Julie Clerc 

Photo:  Aurélien Brusini

Mouv’Outremer mise tout sur le 0 !

« 0 vulnérabilité, 0 déchets, 0 exclusion, 0 polluant, 0 carbone » pour accélérer la transition vers un avenir durable : un monde où l’équilibre entre développement économique, développement social et protection de l’environnement est au cœur des réflexions et de l’action. Tel est le mot d’ordre de la communauté Mouv’outremer, composée de décideurs publics et d’élus, d’entrepreneurs, de membres de la société civile, d’experts, d’acteurs de l’innovation, de la recherche, de la jeunesse et de partenaires de l’AFD. Mais atteindre des objectifs aussi ambitieux nécessite une formation solide. Mouv’outremer dispense ainsi une formation certifiée de quatre mois, issue du Programme de Management Général (équivalent Bac+3) délivrée par la Kedge Business School. Trente-quatre ambassadeurs Mouv’Outremer pour les Antilles-Guyane ont déjà été formés. Cette communauté vous intéresse ? N’attendez plus et rejoignez le mouvement !

« Comprendre, agir, collaborer »

Plus d’informations sur mouvoutremer.fr/communaute

Texte : Véronique Brusini

Photo : Mouv’Outremer

Pou pwoteksyon rèkin karib !

Mieux connaître et protéger les requins et les raies dans les Antilles françaises, tel est le projet d’envergure mené par l’association Kap Natirel. Soutenu par l’Office Français de la Biodiversité et l’Union Européenne à travers son programme Best 4 Life, il réunit de nombreux partenaires, institutionnels et acteurs de la mer.

Avec 2PRK, trois méthodes de suivis sont déployées sur toutes les Antilles françaises pour mieux connaitre les espèces présentes dans nos eaux côtières : la pose de caméras sous-marines, l’ADN environnemental et un programme de recensement (INA scuba-Rékin).

Ce dernier, véritable projet de sciences participatives, permet aux clubs de plongée investis d’être des acteurs en faveur de la conservation et de la protection de la biodiversité de nos îles. Vous aussi, si vous faites une observation de raies ou de requins, pensez à la partager en participant au programme de recensement REGUAR !

« 70 % des espèces côtières de requins et de raies qui vivent dans nos eaux sont menacées d’extinction, il est urgent d’agir ! »

Plus d’informations sur : kapnatirel.org/reguar

Texte : Véronique Brusini

Photo : Kap_Natirel

Le patrimoine marin sous les projecteurs

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« Sensibiliser, protéger, connaître », sont les maîtres-mots de l’Asso-Mer, basée en Martinique mais dont les actions rayonnent sur toute la Caraïbe. Le postulat de départ de l’association ? Pour susciter la prise de conscience des enjeux liés au monde marin, il est impératif et urgent de sensibiliser la population. Mais cela ne suffit pas. Il faut aussi protéger les milieux afin de les préserver pour l’avenir. Et comment imaginer préserver au mieux ce que l’on ne connaît pas ?

Mise en place de zones d’activités sous-marines et d’aires marines éducatives, étude d’impact de la pêche récréative, nettoyage des milieux marins, bouturage de coraux, missions d’archéologie sous-marine, ou encore protection des tortues marines, comptent parmi les ambitieuses initiatives de terrain de l’Asso-Mer.

L’Asso-Mer vous attend nombreux pour participer à l’Odyssée !

Plus d’informations sur : lassomer.fr

Texte : Véronique Brusini

Photo : Aurélien Brusini

Cuisinons ! Le khao pad aux ouassous

Voici une recette un brin exotique, savoureuse et surtout facile : 10 mn de préparation, 5 mn de cuisson, c’est prêt !

 

Ingrédients (pour 1 personne) :

150 g de riz blanc (cuit de la veille pour qu’il ne soit pas collant)

7 ouassous

Carotte marinée une nuit dans du vinaigre de riz

Cives

Gingembre mixé ou cuit au wok (1 cuillère à soupe)

Ail mixé ou cuit au wok (1 cuillère à soupe )

Coriandre

Sucre (1 cuillère à soupe)

2 œufs

Sauce soja

Sauce Nuoc Mam (sauce de poisson)

Vous pouvez réaliser la cuisson sur plancha ou au wok.

Étapes :

  1. Faites cuire le riz blanc la veille.
  2. Coupez la carotte en petits dés, coupez finement les cives avec des ciseaux, mixez le gingembre, mixez l’ail. Réservez dans de petits récipients séparés.
  1. Sur la plancha, cuisez un œuf, façon œuf brouillé.
  2. Ajoutez un à un les ingrédients : carottes, riz, gingembre mixé, ail mixé, sauce soja, sauce Nuoc Mam, sucre, cives. Remuez très souvent jusqu’à obtenir une couleur dorée, légèrement caramélisée. Réservez dans l’assiette le riz frit.
  3. Grillez les ouassous d’un côté puis de l’autre sur un bord de la plancha.
  4. Cuisez un œuf au plat.
  5. Ajoutez de la sauce soja sur les ouassous.
  6. Finissez de dresser l’assiette : disposez les ouassous et l’œuf au plat à côté du riz frit. Ajoutez deux gressins au sésame pour la décoration.

Servez chaud.

Bonne dégustation !

Texte : Véronique Brusini

Photos : Aurélien Brusini

Si la mer m’était « comptée »

C’est un lieu de découverte et d’émerveillement. Sensibilisation et protection sont au cœur de ses missions. Plongée dans l’antre de la vie marine : l’Aquarium de la Guadeloupe.

 

Si beau, si fragile

S’immerger… Se retrouver nez-à-nez avec un poisson lion, caresser une étoile de mer coussin, sentir les minuscules podias de l’oursin blanc vous agripper la main, dénicher le poisson pierre au mimétisme déroutant, contempler la danse des requins citron, observer, fasciné, cet opistognathe à tête jaune mâle qui incube les œufs dans sa bouche, s’émerveiller devant le vol gracieux de la raie, se laisser captiver par la finesse des coraux multicolores… Comment ne pas être envoûté par temps de beauté, de diversité, d’inventivité dont a fait preuve chacune de ces espèces pour peupler nos mers et océans ?

L’Aquarium de Guadeloupe, au Gosier.

Les « pieds au sec », nous apprenons que la mer représente 98% de la superficie totale de l’archipel guadeloupéen et qu’il y a plus de biodiversité sur 1 km de récif corallien que sur l’ensemble du territoire français. Saisissant. La Guadeloupe possède la plus longue barrière de corail des Petites Antilles, mais aussi 17 espèces de cétacés, 350 espèces de poissons, 53 espèces de coraux, 3 000 ha de mangrove et plus de 200 km2 de récifs coralliens. Époustouflant. Et pourtant, cette mer nourricière est mise à rude épreuve depuis une cinquantaine d’années. Mer, océans, lagons, récifs, tous sont menacés dans leur équilibre par les activités anthropiques jusqu’à un point de non retour. Alarmant.

Baliste royal (Balistes vetula).

Apprendre la mer

« Regardez les enfants : voici le squelette calcaire du corail », explique avec ferveur Natthan Mango, animateur à l’Ecole de la Mer. Sensibiliser à la protection de l’environnement marin et à sa biodiversité pour mieux les respecter et les protéger, telle est l’ambitieuse mission de l’association. Hébergée par l’Aquarium – dont elle est partenaire -, l’École de la Mer développe depuis 2007 des activités pédagogiques à destination des scolaires et pour tout public.

Montrant aux enfants des spécimens dans les bassins, Natthan poursuit : « Le corail est un animal, même si l’on a l’impression qu’il ressemble à un végétal ou à un minéral. Son nom scientifique, c’est « polype ». Il vit en colonies, il se fixe au fond de l’eau mais il peut aussi flotter. Il en existe des durs, des mous et des gélatineux. Le récif est constitué de milliers de polypes ! » Et Natthan de conclure, devant son auditoire à peine plus grand que des tarpons, huit paires d’yeux écarquillés, en stage d’une semaine pour « apprendre la mer en s’amusant » : « C’est vraiment important de protéger le récif, car il protège à son tour nos côtes en cassant l’énergie des vagues ».

Dans leur mini-laboratoire, les enfants manipulent et observent au microscope, les yeux rivés sur l’échantillon de sable. « Vous avez vu les petits grains bleus ? Ce n’est pas du sable, mais des micro-bouts de plastique… », décrit amèrement Natthan. Ce sable qui semblait si pur à l’œil nu nous révèle la gravité de la situation. Des traces de pollution omniprésentes. Car s’il est là pour leur montrer la beauté de ces écosystèmes marins, Natthan alerte aussi les enfants sur la catastrophe écologique qui pèse sur nous tous. 85 % des coraux des Antilles sont déjà morts ou dégradés. L’Îlet Caret, en Guadeloupe, n’est plus que l’ombre de lui-même, malmené par la sur-fréquentation de plaisance. Des plages se démunissent de leur sable. Des espèces de poissons développent des maladies ou disparaissent. En cause ? Les cyclones, la houle, mais aussi la pollution de l’eau, le rejet d’eaux usées non traitées, la surpêche ou le réchauffement climatique.

Natthan ne tarit pas d’explications pour éclairer son petit groupe : « Le corail pousse lentement : de 1 à 20 mm par an. Il est aussi très sensible à l’élévation de la température de l’eau. » En effet, si celle-ci se réchauffe durablement de 1 ou 2°C, l’algue qui vit en symbiose avec le corail finit par le quitter. Un phénomène réversible si la température revient à la normale sans tarder. Mais s’il persiste, l’algue ne revient pas, le corail blanchit puis meurt alors. « Si le corail disparaît », explique Natthan, « cela entraînera la disparition de nombreuses espèces marines qui viennent s’y protéger des prédateurs. Le corail sert de nourriture, d’habitat, de pouponnière, de terrain de chasse, de jardin, de filtreur d’eau, à presque toutes les espèces marines tropicales sur Terre. Sans corail, pas de poissons ni de vie sous-marine ! »

Dans les coulisses de la Recherche

 « Maintenant, allons arroser les palétuviers ! », propose Natthan. Dans les coulisses de l’Aquarium, les jeunes stagiaires de l’Ecole de la Mer découvrent les programmes de recherche scientifique menés par les équipes de l’Aquarium, en partenariat avec d’autres instituts, laboratoires, associations et entreprises. Voilà cinq ans que cette pépinière de palétuviers a été créée. Arbres emblématiques de la mangrove, adaptés aux milieux baignés d’eaux saumâtres, ils souffrent aussi des mauvais comportements humains. Dans la pépinière, trois espèces sont cultivées : les palétuviers rouges, noirs et gris. Leur croissance et leur état de santé sont vérifiés deux fois par mois. Dix-huit mois après leur mise en culture, les jeunes pousses sont transplantées sur des sites dégradés, afin de redynamiser les écosystèmes côtiers fragilisés.

Parallèlement à ce projet autour de la mangrove, les équipes de l’Aquarium et YGREC Mer participent au repeuplement des lagons, en menant, depuis 2013, des études sur le bouturage des coraux. « Nous testons actuellement deux supports : sur arbre en PVC et sur plaque, et nous étudions une dentelle entièrement biodégradable », explique Thomas Godoc, responsable animalier de l’Aquarium. « Nous avons choisi de cultiver ici deux espèces de coraux branchus : Acropora palmata (corail cornes d’élan) et Acropora cervicornis (corail cornes de cerf), car elles sont menacées de disparition à court terme et ce sont des espèces bio-constructrices des récifs coralliens présentant une croissance rapide. » A terme, l’objectif est de transplanter ces boutures sur des récifs dégradés ou de les utiliser dans les bassins de l’Aquarium pour limiter les prélèvements en milieu naturel.

Pour les mers, océans et zones humides, tous les signaux d’alerte sont au rouge à l’heure où vous lisez ces lignes. Les stocks de poisson diminuent à vue d’œil. D’ici quelques années seulement, nombre de plages, aujourd’hui polluées, seront interdites à la baignade si rien n’est fait. Coraux, mangroves, poissons et nous autres humains vivons en inter-dépendance. En tant qu’espèce supra-dominante à l’origine des principaux phénomènes liés au dérèglement climatique, il nous revient d’agir sans délai pour sauver les océans… et garantir ainsi notre propre survie.

Texte : Véronique Brusini

Photos : Aurélien Brusini

Manman Dlo et Yemaya, déesses marines

Pour les admirer, il faut plonger dans la superbe baie de Saint-Pierre. Là résident Manman Dlo et Yemaya. Les sculptures monumentales de Laurent Valère comptent parmi les œuvres majeures du mouvement artistique underwater soucieux de la préservation de l’océan.

Inspirée des contes, de la tradition et du sacré, Manman Dlo est une traduction créole de la sirène des mers martiniquaises. Elle incarne le mythe qui a germé dans l’esprit de Laurent Valère voilà deux décennies…

Avec ses vingt tonnes, cette sculpture allégorique a pris possession des fonds marins pierrotins en 2004. Le visage de la sirène fixe les cieux, défiant la Montagne pelée, « montagne criminelle de masse » a décrété l’artiste. En retrait, a été posée la queue, laissant croire que le corps est enfoui dans le sable.

Quelques années plus tard, en 2015, les eaux de la baie ont accueilli une deuxième sculpture monumentale, Yémaya, qui pourrait être la fille de Manman Dlo. Plus massive, très voluptueuse, sa silhouette gironde s’avère plutôt accueillante.

Toutes deux veillent sur ce havre devenu sanctuaire unique pour toutes les espèces marines. Car les années ont été propices à la colonisation des œuvres par une grande faune aquatique. Poissons, oursins, éponges, coraux, gorgones s’y abritent et s’y reproduisent. Désormais récifs, ces créations/créatures participent au processus écologique naturel. Elles attirent la vie, offrant le ballet incessant d’une faune marine grouillante.

S’abîmant en cette antre artistique, le plongeur visiteur ne peut que ralentir son mouvement en glissant en silence vers un spectacle saisissant. Mamandlo et Yemaya, immobiles, soumises aux rayons du soleil, chatoient sous la lumière.

A terme, Laurent Valère souhaite réaliser une vaste galerie dédiée à la mer, à la mère et à la préservation. Il confie vouloir ancrer d’autres œuvres sculpturales dont une sorte de nasse, coque protectrice géante et alvéolée pour abriter, selon leur taille, les créatures de la mer. Une façon harmonieuse de sensibiliser l’homme aux processus écologiques naturels générateurs de vies nouvelles…

Y accéder : en palmes ou en kayak, à 50 mètres du rivage, au niveau de l’entrée Sud de Saint-Pierre. Une bouée marque son emplacement.

Texte :  Marlène François 

Photos :  Laurent Valère

Le portfolio de Jérôme « GGpikS » Nadessin

« Habituellement, le monde sous-marin et l’Homme ne semblent pas complémentaires. Avec cette série, je souhaitais révéler l’aisance que nous pouvons gagner en nous imprégnant du milieu. Entre solo et duo, entre danse et poésie, les protagonistes de ce ballet artistique ont su, par leur dextérité et leur sensibilité au milieu, retranscrire la sagesse et la sérénité que l’océan nous offre. » Jérôme « GGpiks » Nadessin

Il vénère la nature antillaise et exhausse à sa façon son territoire : chasseurs d’images depuis plus de dix ans, Jérôme « GGpiks » Nadessin a longtemps cherché l’inédit pour révéler les trésors cachés de son île, bouclant ses shootings au terme d’explorations folles dans les anfractuosités les plus périlleuses de la géologie locale. On a vu ses œuvres lors de la Pool Art Fair de 2020 ou encore, cette année, aux premières loges de l’exposition J-Expose organisée par la Fondation Clément. C’est aussi lui qui signe la sublime affiche de l’édition 2021 du festival du film caribéen Nouveaux Regards.

Aujourd’hui, ce Guadeloupéen de 29 ans explore une autre facette du monde – l’abysse et les flots qui nous cernent – pour étancher une soif d’esthétique en réalité inextinguible. Adepte de l’effort qui transcende, Jérôme sonde l’onde et plonge en apnée. Avec lui, au large de Vieux Fort en Guadeloupe, il a entrainé des danseurs muses, synthèses contradictoires et troublantes d’une humanité en osmose avec son environnement.

 

 

 

 

 

 

Texte : Julie Clerc

Photographies : Jérôme « GGpiks » Nadessin