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La pop créolitude d’Hélène Raffestin

Hélène Raffestin, artiste plasticienne, designeuse, créatrice de l’Atelier 49 à Fort-de-France, nous projette dans la quête de l’émancipation artistique, par-delà tabous, dogmes et stéréotypes. L’histoire d’une vie éprise de passion et de liberté, par amour de l’art et… de la Martinique.

« Ma mère était danseuse, mon père sculpteur, professeur aux Arts appliqués à Paris et en bijouterie-joaillerie. Il maîtrisait les techniques précieuses des matériaux, des métaux particulièrement. C’est avec lui que je suis arrivée en Martinique en 1989, où j’intègre l’école d’Art de Fort-de-France. J’y étudie pendant cinq années. Mes parents artistes m’ont énormément portée, inspirée », se souvient Hélène Raffestin.

Sa mère emportée trop tôt par la maladie, un parcours scolaire chaotique qui contrecarre son rêve d’agrégation dans le sillage de son père… Rien n’altère pourtant le feu intérieur qui la tient vivante et alerte, à l’écoute de son environnement et dans son temps.

« Aux Beaux-Arts de Fort-de-France, j’apprends les techniques de reproduction d’image comme la sérigraphie, la gravure. Une période foisonnante où tous les ateliers me sont ouverts et me suggèrent des possibles artistiques infinis », confie-t-elle. Puis elle poursuit à la Sorbonne avec une maîtrise en photographie contemporaine autour d’un travail personnel sur « l’insoutenable regard de l’être », profondément inspiré du souvenir de sa mère.

 

Engagée

De retour en Martinique en 2000, Hélène poursuit sa quête autour de l’image en agence photo, puis comme designeuse graphique indépendante et autodidacte. « Indépendante », elle l’est de tout son être et l’exprime désormais dans ses prises de positions artistiques engagées en faveur des droits des femmes, de l’égalité des sexes, des désordres de la société, non sans humour et sens du décalage. « En 2009, quand j’ai commencé mon travail personnel, les boutiques regorgeaient de produits doudouistes.

Je me suis aperçu qu’un créneau n’était pas emprunté : sublimer de manière contemporaine la singularité de l’île ». La beauté poignante du paysage ou le patrimoine architectural comptent parmi les sources d’inspiration de l’artiste, irrigant ses collections à l’esprit frais et lumineux, teintées de « rétro pop ».

« Je suis de près les grandes tendances graphiques de l’art contemporain, que j’adapte à une écriture créole » résume-telle en un sourire depuis l’Atelier 49, cette vieille maison de ville acquise en 2016 et rénovée dans ce style pop-contemporain qu’elle affectionne, sublimant au passage les matériaux d’origine. Un atelier de création/showroom qui vous accueille : vous y découvrirez un lieu magnifique à l’occasion d’évènements culturels et artistiques.

En Images :

 

L’Atelier 49

Concept store – Atelier – Résidence d’artiste

49 rue Moreau de Jones

Fort-de-France, Martinique

  1. 06 96 18 75 40

helloatelier49@gmail.com

 

Texte : Véronique Brusini 

Photos : Aurélien Brusini

Fort Delgrès, et ceux qui le peuplent

Tout d’abord « maison forte » du gouverneur Houël en 1650, d’où nous vient le Houëlbourg de Jarry en Guadeloupe, le fort Delgrès est renforcé à la fin du XVIIe siècle sur les conceptions du grand Vauban, ingénieur et architecte du roi Louis XIV. Nous allons voir comment ses diverses dénominations portent les flux et reflux de l’histoire, notamment celle de l’esclavage, à travers ses fonctions et notre symbolique mémorielle.

 

Du haut de ses cinq hectares bordés de remparts, il offre une vue majestueuse sur la rade de Basse-Terre et la mer des Caraïbes. On imagine que l’on pouvait y voir de loin arriver l’ennemi, mais aussi les bateaux négriers.

Pendant la guerre de Sept Ans, un bombardement victorieux des Anglais, le 23 janvier 1759 leur donne la Guadeloupe. Mais l’île est rendue à la France lors du Traité de Paris et la forteresse devint Fort Royal.

Le Bastion Plat et la Poterne du Galion, le massif du volcan de La Soufrière en arrière-plan.

En 1794, durant la Révolution, la Grande-Bretagne revient quelques mois occuper de nouveau l’île papillon et l’ouvrage prend alors le nom de Fort Matilda. L’Angleterre en est chassée par Victor Hugues qui peut alors faire appliquer l’abolition de l’esclavage décrétée le 4 février de la même année par la Convention nationale.

 

En mai 1802 cependant Napoléon envoie le général Richepanse pour y rétablir l’esclavage. Le fort est alors occupé par l’armée coloniale de Delgrès et Ignace. Cette bataille, perdue par Delgrès et ses hommes, sera suivie des évènements qui feront la notoriété de Delgrès et contribueront à construire sa légende. Il se suicida en effet à l’âge de 36 ans avec 300 de ses hommes au Matouba. Louis Delgrès a marqué ainsi l’histoire par sa bravoure et sa détermination.

Général glorieux de l’Empire, Richepanse a, lui, son nom gravé sous l’arc de triomphe de l’Étoile à Paris. La fièvre jaune a raison de lui le 3 septembre 1802 et il est enterré avec d’autres dans l’enceinte du fort que Napoléon baptisa de son nom en 1803. Le LKP a saccagé sa sépulture en 2018 et demandé qu’elle soit déplacée mais le gouvernement français n’a pas donné suite à cette demande.

Sachons que le cimetière des officiers porte aussi la tombe de l’Amiral Gourbeyre qui est le grand homme de la reconstruction de la Guadeloupe après le séisme de 1843 et dont l’action apaisante aurait contribué à une mise en place réussie de l’abolition de l’esclavage en 1848. Son nom fut d’ailleurs donné à la commune de Gourbeyre en 1846 en signe de reconnaissance.

Le fort Richepanse est renommé fort Saint-Charles, appellation peu sujette à polémiques, en 1960, du nom du lieu-dit sur lequel il est édifié.

En 1989 enfin, le conseil général de la Guadeloupe, devenu propriétaire des lieux, le baptise Fort Delgrès. On y trouve entre autres le très beau mémorial Louis Delgrès réalisé par Roger Arékian, mégalithe monumental qui rend hommage à ce combattant farouche pour la liberté des femmes et des hommes de la Guadeloupe.

Ainsi le Fort Delgrès respire, face à la mer, les Alizés du large et les grands vents de l’Histoire qui a bâti sa légende. Il nous conte ce qui fut et nous propose d’écrire notre avenir en écoutant le chant des grands hommes du passé.

Le Corps de Garde
France, Caraïbes, Petites Antilles, Guadeloupe, Basse-Terre, Fort Louis Degrés, haut lieu de la lutte franco-anglaise dans les Antilles puis de celle des Guadeloupéens contre l’esclavage conduit par l’officier mulâtre et résistant Louis Degrés, classé monument historique depuis 1977. Ici le Mémorial Delgrès.

 

 

Texte : Michèle Robin-Clerc

Photos : Aurélien Brusini

Wilhem Belocian, à grandes enjambées

Tout au long de l’année, Créola vous entre-ouvre les portes des JO 2024 au travers de rencontres avec les sportives et sportifs antillais de haut niveau partis pour marquer l’histoire de leur discipline. Wilhem Belocian, Guadeloupéen de 27 ans, athlète spécialiste du 110 m haies, ouvre la voie.

 

Peux-tu nous rappeler ton palmarès décoiffant ?

Wilhem Belocian : Je suis sacré champion du monde junior en 2014. Je décroche la médaille de bronze aux Championnats d’Europe en 2016 et le record du monde junior en 2021, en plus d’être champion d’Europe la même année, au 60 m haies.

Où t’entraines-tu ?

W.B. : Ketty Cham, spécialiste des haies, m’a entraîné en Guadeloupe pendant douze ans. Je suis licencié de Lille Métropole depuis 2021. Et en septembre 2022, j’ai intégré le groupe de Teddy Tamgho à l’INSEP (Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance).

Raconte-nous tes débuts…

Je suis né aux Abymes. Mon grand frère faisait de l’athlétisme, j’aimais le voir courir. J’ai demandé à mes parents de m’inscrire et j’ai commencé à cinq ans et demi. J’ai été licencié au Stade Lamentinois. Quand tu commences l’athlétisme, tu t’entraînes au lancer, au sprint, au saut… Dès que j’ai débuté les haies, ça m’a plu. Les haies ? Ça me fait vibrer ! Un jour, il a fallu que j’essaie un 1200 m haies pour une compétition inter-ligues en Guyane. J’ai testé et ne me suis plus jamais arrêté depuis. Le 400 m haies ? C’était trop long pour moi. C’est avec le 110 m haies que j’ai vraiment accroché.

Ta première victoire ?

C’était en Guyane, justement lors de cette compétition inter-ligues !

Qu’aimes-tu dans l’athlétisme ?

La course ! Les valeurs de persévérance, de dépassement de soi me plaisent, c’est ma quête.

Comment te décrirais-tu ?

Têtu, obstiné. Je me relève toujours et je ne lâche jamais, là est ma force. Je sais toujours trouver l’énergie pour m’entraîner et me dépasser dans ma passion, pour atteindre mes objectifs.

Photo Stéphane Kempinaire / KMSP

Un de tes endroits préférés en Guadeloupe ?

La plage de la Caravelle. J’adore m’y ressourcer en famille.

Ton plat préféré ?

Le lambi accompagné de riz et pois rouges.

Les Antilles en trois mots ?

Paradis, bon vivre, chaleureuses…

Quel est le sportif qui t’inspire ?

Teddy Riner, sans hésitation !

Qu’aimes-tu en dehors de l’athlétisme ?

J’adore voyager, découvrir de nouveaux endroits, passer des moments en famille, me détendre et manger des bonnes choses.

Ton plus beau souvenir sportif ?

Quand, en 2014, je suis sacré champion du monde junior puis recordman du monde junior.

Les Jeux Olympiques, qu’évoquent-ils pour toi ?

Participer aux JO et décrocher une médaille, c’est le rêve attendu de tout athlète, de tout sportif de haut niveau. C’est un souhait très fort, un désir profond. Je suis pleinement concentré sur ma préparation aux JO 2024 !

Un message pour les lecteurs de Créola ?

Bonne année à toutes et tous ! Que 2023 soit bénéfique pour tout un chacun, qu’elle vous permette d’accomplir vos objectifs et de vous épanouir dans ce que vous faites.

Photo : Stéphane Kempinaire

Propos recueillis par Véronique Brusini

Le chameau, du haut des terres

Prendre de la hauteur pour mieux apprécier son environnement et comprendre le milieu dans lequel on évolue est un réflexe naturel. Nous vous emmenons tutoyer le point culminant de l’archipel des Saintes, dont la simple évocation est une invitation au voyage : le Chameau, à Terre-de-Haut.

 

Il n’est guère de sentier plus scénique que celui du Chameau, aux Saintes ! Les panoramas sur plusieurs versants se succèdent tout du long, tantôt côté mer des Caraïbes tantôt vers la façade Atlantique, jusqu’à la vue imprenable au sommet. Au départ depuis le cœur du bourg de Terre-de-Haut, dos à la mairie, traversons le petit parc municipal et suivons la rue Benoît Cassin, qui longe la mer à droite, jusqu’à sortir du village.

A la fourche au niveau du restaurant Les Balançoires, nous nous engageons sur la gauche, puis à droite à la prochaine intersection. Commence alors l’ascension, continue, par une route panoramique interdite aux véhicules. Des chèvres s’y reposent, d’autres broutent perchées dans les arbres, sous le regard des iguanes qui n’en perdent pas une miette.

Des Anolis se dorent au soleil, sur les pierres chaudes, surveillant du coin de l’œil le vol des Frégates superbes planant sur la baie des Saintes, classée parmi les dix plus belles baies au monde. Le bitume s’efface à deux pas de la tour du Chameau et nous poursuivons sur le sentier de terre sèche. A l’ombre de la fortification, la vue est éclatante sur tout Terre-de-Haut, le fort Napoléon, l’anse de la plage de Pompierre…

Si les heures semblent s’être suspendues, l’envie de déguster un bon Tourment d’amour rappelle que le temps de la redescente est venu. Un petit sentier, à l’opposé de celui qui nous a menés à la tour, invite à la culbute pour l’esprit distrait : les premiers mètres sont abruptes, puis les pièges varient, de feuilles mortes en pierres qui roulent…

Le marquage du sentier est bien visible, descendons jusqu’à un virage vers la droite presque à plat, nous faisant rejoindre une route bordée de maisons. A la dernière, bifurquons sur la gauche par le sentier de la plage idyllique du Pain de Sucre pour une baignade régénératrice !

 

 

Fiche technique

Durée moyenne : 3h30

Distance : 8,3 km

Dénivelé positif : + 394 m

Dénivelé négatif : – 391 m

Point haut : 278 m

Point bas : 2 m

Difficulté : moyenne

Retour au point de départ : oui

Commune : Terre-de-Haut (97137)

Départ : N 15.866796° / O 61.582667°

 

L’ascension jusqu’à la fortification du Chameau se fait via une route goudronnée interdite aux véhicules, sur laquelle vous serez exposé(e) au soleil ; n’oubliez ni couvre-chef ni protection solaire. A la descente vous emprunterez un petit sentier raide. Prévoyez donc d’être bien chaussé(e).

 

Texte : Véronique Brusini 

Photos : Aurélien Brusini 

Gabin Frédéric, le soleil au coeur

Martiniquais originaire du Lamentin, le Chef Gabin Frédéric qui officie au Caffé Créole et à La Créole – deux établissements parisiens au même propriétaire – ne manque pas une occasion de revenir sur son île pour trouver l’inspiration de nouvelles recettes. Il nous en dit plus depuis les cuisines du Caffé Créole.

 

« J’ai grandi en Martinique, au Lamentin, et suis arrivé en France hexagonale à l’âge de dix-sept ans, pour faire l’école hôtelière de Montparnasse », se souvient le chef Gabin Frédéric. « Je me rappelle très bien mon premier contact avec La Créole : j’avais rendez-vous pour un entretien à 9h30 et je suis resté jusqu’à 23h… derrière les fourneaux, pour les services du midi puis du soir. Et cela fait vingt-six ans que cela dure ! », lance-t-il dans un rire plein d’émotion.

« J’ai appris la cuisine antillaise avec ma mère et ma sœur. Enfant déjà, quand maman faisait des gâteaux, j’adorais la regarder ! Très tôt, j’ai su que j’allais en faire mon métier. Ce métier m’inspire. On n’en finit pas d’apprendre. Quand on est cuisinier, on est toujours curieux. Dès que j’arrive en Martinique, je file à l’hôtel Carayou, direction les cuisines. J’apprécie tellement de travailler avec son chef ! ». « Ma recette de prédilection ? La cuisse de poulet… farcie au crabe », un mets de fête qu’il réserve pour les grandes occasions.

Son premier emploi a été pour la restauration des studios de télévision, notamment pour le Club Dorothée et sur la série « Hélène et les garçons ». « Mais j’ai aussi pu servir nombre de personnalités ‘sous mes tropiques parisiennes’ avec, parmi elles, le couple présidentiel Chirac, Christiane Taubira, Alain Juppé, Roselyne Bachelot et des sportifs de haut niveau qui aiment retrouver le péyi ici. »

Pour Gabin, le rêve serait d’ouvrir un jour son propre restaurant en Martinique, avec une cuisine antillaise qu’il résume en 4 mots : « excellente, parfumée, très goûteuse ». « J’aimerais y revisiter notre cuisine Antan Lontan »

Texte : Véronique Brusini

Photos : Aurélien Brusini

Paris sous le soleil des tropiques

Par-delà l’Atlantique, au cœur de Paris, les Antilles rayonnent. Quand il fait froid dehors, on y vient se réchauffer, conquis par un décor aux fresques colorées et une équipe métissée qui met à l’honneur la cuisine créole, haute en saveurs. Bienvenue au Caffé Créole.

 

«J’aime voyager et j’ai des amis venant de tous horizons. La gastronomie créole m’a particulièrement enthousiasmé, si bien que je souhaite la partager, la faire (re)découvrir à tous mes hôtes du Caffé Créole », explique Selvarajah Sureshkumar, propriétaire de l’établissement depuis plus de vingt ans. Une cuisine généreuse, colorée, aux épices caribéennes, des recettes authentiques que l’on déguste dans une ambiance chaleureuse et boisée : tels sont les ingrédients qui ont fait le succès du Caffé Créole.

Et ce n’est pas Daniela – directrice du Caffé – qui dira le contraire, tant cette ambiance tient au feu intérieur qui l’anime et qu’elle sait transmettre à quiconque s’installe à ses tables. On y croise tout autant des curieux venus s’initier aux cultures culinaires des Antilles-Guyane et de La Réunion, que des habitués de longue date ou des familles qui retrouvent le péyi, autour d’un ti punch ou le temps d’un bon repas partagé.

Et quand arrive le vendredi soir, Lindsy entre en scène et distille aux convives ses notes jazz ‘n’ soul pour faire monter encore un peu plus la température. Les regards s’évanouissent dans cette reproduction du paysage de l’allée Dumanoir en Guadeloupe, ou par la fenêtre qui ouvre sur le lagon, bordé de cocotiers ; un cacatoès sur un fût de rhum, au plafond les lampes tressées se balancent doucement, on perçoit presque la brise océane, l’atmosphère caribéenne vous enveloppe, ça y est… vous y êtes.

Caffé Créole

Restaurant – Bar à cocktails

62 Boulevard Beaumarchais

75011 Paris

Renseignements et réservations : 01 55 28 50 76

Ouvert du lundi au samedi (fermé le dimanche), jusqu’à 23h30.

www.caffecreole.com

 

Texte : Véronique Brusini

Photos : Aurélien Brusini

Lycinaïs Jean, ou le chant d’amour

Sa mère est Guadeloupéenne, son père Martiniquais, elle vit à Paris. Elle est chanteuse, autrice, compositrice et beat maker, multi-instrumentiste, talentueuse et bien dans ses baskets. Elle est exigeante et esthète, un goût du beau qui imprègne des clips où la sensualité se fond dans la douceur. Elle, c’est Lycinaïs Jean, artiste Urban pop et R&B auréolée dès 2014 du succès de son hit « Aimer ». Une pépite péyi qui fait rayonner les Antilles à sa manière : totalement assumée.

 

Vos chansons le prouvent au fil des mélodies et des années : vous êtes une artiste qui croit en l’amour, une foi en l’autre et en la vie que vous partagez avec le public à travers des titres poignants et poétiques, tels que la très subtile déclaration d’amour « Marina », sortie en 2019. Des chansons qui donnent « la part belle aux voix et à la guitare sèche, langage d’une sincérité à fleur de peau » écrivez-vous alors sur votre site Internet.

Vos chansons abordent-elles l’intime, votre intimité, ou évoquent-elles une dimension universelle, voire spirituelle de l’amour ?

Lycinaïs Jean : Un peu des trois ! Il y a une part d’intimité dans mes textes mais comme beaucoup d’artistes, j’habille ce vécu pour ne pas livrer trop de ma vie privée. En fonction des titres, je peux aussi aborder une certaine forme de spiritualité. Mon socle, c’est la liberté. La liberté d’esprit et de corps, le respect de soi, de l’autre, toujours. C’est ce que j’essaie d’insuffler dans mes chansons. Et il y a l’amour, omniprésent dans mon répertoire. C’est un état d’esprit qui dirige mes écrits, qui certainement tend vers l’universel, quand mes chansons par exemple prônent l’ouverture aux autres et le respect des différences.

Comment expliquez-vous que l’amour soit au centre de vos chansons ?

Ce n’est pas un choix, c’est une évidence. L’amour est la base de ma vie. Quand ça ne va pas en amour, ça ne va nulle part chez moi ! C’est le sujet qui m’inspire le plus, les mots viennent tous seuls.

Vous évoquez la liberté dans l’amour…

On a tendance, dans une relation amoureuse, à penser que l’autre nous appartient. Or un couple, ce n’est pas une seule personne : il y a nous, il y a toi, et il y a moi. La liberté, c’est laisser à l’autre son espace, entendre sa vision des choses et de l’amour. Ça induit aussi d’avoir des désaccords et de ne pas se séparer pour autant.

Pour prendre mon exemple, j’ai souvent besoin d’être seule, pour me retrouver ou me ressourcer, pour créer. Ça ne me dérange pas toujours d’avoir du monde autour de moi, mais parfois je pars loin dans mes pensées. Ce sont comme des appels, je ne contrôle pas ces inspirations. Quand je veux les saisir, j’ai besoin d’être seule pour y réfléchir et coucher les mots qui viennent sur le papier. Dans mes moments d’introspection, je n’ai pas envie de parler. Ça ne veut pas dire que ça ne va pas.On peut être là et juste ne pas désirer échanger. C’est important pour moi de me sentir libre d’agir ainsi, d’être moi-même dans une relation et de ne pas jouer un rôle.

Le respect de soi et de l’autre, c’est primordial. Il faut respecter l’autre pour ce qu’il est, pour ce qu’il représente, pour ce qu’il souhaite dans la relation, et pour tout ce qu’il y a autour de cette personne. Accepter quelqu’un, c’est épouser son être, mais aussi son bagage et ses ambitions… Et se respecter soi…, ça consiste à dire « stop, là je ne suis plus moi-même » dès qu’on ne se sent plus aligné avec soi-même lorsqu’on est aux côtés d’une personne, dès qu’on se sent contraint à des sacrifices qui ne nous conviennent pas. Je pense qu’il faut entendre les attentes de l’autre, mais toujours respecter les siennes. Faute de quoi, d’un côté comme de l’autre, il y a des frustrés. Et c’est complètement nul !

Vos clips sont sensuels, celui de « Mayday » en est un très bel exemple, des clips dont vous écrivez tous les scenarios. Que racontent vos images ?

J’aime la sensualité, et tout ce qui est beau. Je suis perfectionniste, et pas uniquement en musique : en image aussi je peux être très exigeante ! J’aime faire rêver avec mes films, j’aime plonger les gens dans le fantasme. Mes clips se terminent rarement par une vraie fin. Ils laissent les gens sur leur faim justement, pour qu’ils puissent imaginer la suite…

Avez-vous la sensation, à travers vos clips, de réveiller une part de sensualité, d’érotisme peut-être, chez ceux qui les découvre ?

Je n’y ai jamais pensé, mais il se pourrait que ça fasse ce travail là ! Il y a aussi des gens que ça met mal à l’aise, qui ne sont pas prêts à s’ouvrir à cet aspect de la vie. Et puis… Ce sont deux femmes qui sont mises en scène, je suis consciente qu’on brutalise un peu certaines personnes peu habituées à ces images. Mais ce n’est pas volontaire. Lorsque j’ai tourné mon premier clip avec des femmes, ce n’était pas spécialement un coming-out. J’étais juste moi-même. Ça a bousculé, mais je l’ai vraiment fait pour moi. La démarche était d’abord personnelle, puis elle est devenue publique. Je voulais réaliser un film qui me ressemble et qui fait écho au vécu de nombreuses personnes finalement.

On dit que pour aimer l’autre, il faut d’abord s’aimer soi-même. Y êtes-vous parvenue ?

C’est le travail d’une vie ! Tout au long de son existence on peut douter, au détour d’un événement, d’une remarque. Difficile de dire si je l’ai atteint ou pas. J’avance, étape par étape, mais c’est quelque chose que je vais devoir travailler et entretenir toute ma vie, a fortiori parce qu’un.e artiste est amenée à se remettre en question souvent. Je me questionne donc beaucoup, et même si j’arrive de mieux en mieux à m’aimer, il y a forcément des moments où ça retombe. Alors il faut être fort et garder le cap.

Quels sont vos moyens pour avancer sur ce chemin-là ?

L’exigence d’abord, mais elle est parfois contre productive : je peux être trop dure avec moi-même. Je suis bien entourée, heureusement. C’est primordial dans ces moments-là. Je pense que j’ai les bonnes personnes autour de moi, un entourage affectif et professionnel qui m’offre son soutien lorsque je doute de moi.

On peut aussi agir à son propre niveau : regarder derrière, dans le bon sens, reconnaitre ce qu’on a accompli, ce qu’on a été capable de faire. Où on en est, grâce à quoi on en est arrivé là. Parfois ça ne fonctionne pas, lorsqu’on vit un gros pic de manque de confiance en soi. Je tâche alors de prendre le temps de vivre ces émotions négatives, sans les masquer ou les nier. Et puis, juste après, il faut savoir se réveiller et se focaliser sur ce qu’on a créé de positif. Ce n’est pas simple, et c’est plus facile quand on a le bon entourage et un état d’esprit optimiste au départ. Pour ma part, je sens que je suis sur la bonne voie, même s’il y a des jours avec et des jours sans !

Selon le philosophe Alexandre Lenoir, la joie indique que nous sommes à notre place au moment où nous la ressentons… Est-elle aussi un indicateur sur votre chemin personnel ?

Oui tout à fait. Mais la joie ne peut exister qu’en face de moments moins agréables. Parce que c’est grâce à toutes les batailles qu’on mène qu’on peut savourer nos victoires. Il n’y a pas de joie s’il n’y a pas de galères !

Avez-vous parfois l’impression que le thème de l’homosexualité fait ombrage à votre démarche artistique ? Est-ce une prison identitaire ?

Presque, oui. Je regrette souvent qu’on me pose plus de questions sur mes choix amoureux que sur ma musique. Oublierait-on que ce n’est pas grâce à l’homosexualité que j’en suis arrivée là ? C’est pour cette raison que j’axe ma musique essentiellement sur l’amour. C’est universel.

Vos parents sont Martiniquais et Guadeloupéen, vous vivez dans l’Hexagone. Votre vie intime y est-elle mieux acceptée ?

Être artiste m’a certainement permis d’assumer plus facilement mon homosexualité, en France comme aux Antilles, c’est indéniable. À Paris comme ailleurs, tout dépend de comment on vit son homosexualité. Si on doute, si on a peur du jugement, on attire les mauvaises langues. Mais si on arrive quelque part sûr de soi, et si ça se voit sur notre figure qu’on se fiche de l’avis des gens, alors personne ne nous importune ! Quand j’ai fait mon coming-out, j’assumais déjà mon homosexualité dans mon quotidien, tout le monde le savait autour de moi. L’assumer en musique, c’était une évidence. Il était hors de question qu’on me propose de faire comme si j’étais quelqu’un d’autre. Et cette démarche je-m’en-foutiste a fait que les gens n’ont rien trouvé à redire. Bien-sûr il y a des détracteurs sur les réseaux sociaux. Mais personne n’est venu, debout devant moi, me dire « qu’est-ce que tu nous montres ? » J’ai été félicitée au contraire – même si je n’aime trop pas le fait qu’on me donne une médaille pour le fait d’assumer d’être homo… La réaction des gens dépend surtout de soi, de sa solidité à l’intérieur. On est toujours un peu responsable de ce qui se passe autour de soi.

Aux jeunes filles qui nous lisent et commencent leur vie amoureuse, auriez-vous un conseil à donner ?

Je n’ai pas la prétention de donner des conseils, mais je pense que pour être heureux en amour, il faut d’abord être aligné avec soi-même, avec ses valeurs, avec ce qu’on souhaite au plus profond de soi, et cela fait le tri autour de soi. On rencontre les bonnes personnes quand on est en accord avec soi-même.

Propos recueillis par Julie Clerc

Photos : Didier Robcis et Emmanuel Layani

 

NOUVEAUX REGARDS Film Festival : la 6e édition aura lieu du 29 mars au 2 avril 2023

Le Festival « NOUVEAUX REGARDS », basé en Guadeloupe, propose des sélections cinématographiques originales d’ici et d’ailleurs. La programmation intègre, cette année encore, un large choix de longs-métrages, courts-métrages et documentaires visant à satisfaire l’intérêt d’un public grandissant depuis six éditions.

Le « NOUVEAUX REGARDS FILM FESTIVAL » présentera cette année trente-six films venant de quatorze pays et mettra en compétition dix-neuf réalisations issues de la Caraïbe et de la Guyane. Sélectionnés parmi 3101 propositions, l’équipe organisatrice s’est dirigée vers des films qu’elle qualifie de captivants et dont les scénarios ont longtemps accompagné leur imaginaire après visionnage, au point de vouloir les partager.

Priscilla Delannay, directrice artistique et générale du festival

Les différents auteurs et réalisateurs mis à l’honneur révèlent ainsi leurs visions du monde à travers des films engagés, parfois positifs, parfois plus complexes, drôles ou terribles, toujours ancrés dans les problématiques de la société contemporaine.

Brother Jimmy, de B. World connection
Conférence de presse de la 6e édition du festival, le 17 mars 2023 à Jarry (Guadeloupe).

La compétition demeurant le cap majeur du festival, elle sera articulée autour de jurys de professionnels du cinéma et de l’audiovisuel. Huit prix seront décernés dont les prix « révélation et prix du jury pour les courts-métrages de fiction », « meilleur documentaire », « prix du public », « prix des médias », « prix Poté Ganm » récompensant des premiers travaux en courts-métrages autoproduits, « prix Byen Jouwa » distinguant le travail de sociétés de production basées aux Antilles-Guyane, et enfin le prix « jeunes regards » du meilleur court-métrage, décerné par des lycéens en option cinéma.

Des master classes et des ateliers

Organisé du 29 mars au 2 avril dans différents lieux, dont le Palais de la Culture Félix Proto aux Abymes, les temps forts, au-delà des diffusions, seront marqués par des master classes en présence de scénaristes, réalisateurs et producteurs, ainsi que des ateliers pour découvrir le domaine de la réalité virtuelle ou apprendre à concevoir des podcasts documentaires.

Corinne LOBEAU Présidente de l'association ACIA
Corinne Lobeau, présidente de l’association ACIA

Trois réalisations ont déjà suscité l’intérêt de la rédaction, avec notamment la thématique « Regard vert l’Avenir » qui propose, en collaboration avec le TERRA Festival, un documentaire engagé sur le sujet de l’environnement.

Ainsi avons-nous retenu « All That breathes », de Shaunak Sen, qui devrait sensibiliser le public face à l’urgence de préserver dame nature ; le documentaire « Le Zouk et la prière des oiseaux » de Philippe Mugerin, qui conte l’histoire de Pierre-Edouard Decimus, co-fondateur du groupe KASSAV’ et icône de la musique antillaise ; et encore la séance « ciné-méditation » qui, en compagnie de la bio-énergéticienne Laetitia Alvarade, propose la diffusion du film « BEBA » de Rebecca Hunt, précédée d’une séance de méditation guidée dans le but de mettre le mental au repos pour mieux se connecter au sujet abordé.

Tout un programme à découvrir dans son intégralité en cliquant ici

Ou en participant à la cérémonie d’ouverture, le mercredi 29 mars, à 18h30 au Palais de la Culture Félix Proto, aux Abymes.

Bon festival !

De gauche à droite : Corinne Lobeau (présidente de l’association ACIA), Michelle Grandjean (directrice de la communication Canal+ Antilles-Guyane), Aurélie Bitufwila-Yerbe (élue de la Région Guadeloupe), Priscilla Delannay (directrice artistique et générale du festival), Mahité Perrault (attachée de presse)

Le festival Nouveaux Regards, organisé par l’ « Association Cinémas d’Ici et d’Ailleurs » (A.C.I.A.), regroupe des passionnés de cinéma et des professionnels du secteur culturel et cinématographique. Leur but est de promouvoir l’audiovisuel sous toutes ses formes, par le biais d’événements et d’actions à destination du grand public et des professionnels de l’industrie. Force vive du territoire, l’association favorise le croisement et le partage de compétences.

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Mahité Perrault : 0690 994 366

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Texte : Mathias Flodrops

Photos : Jessica Laguerre et Christian Nixon

Femmes, sexualité et désir : le plaisir sacré

« En corps », les podcasts de Bōni

Absolument inédit ! On n’a jamais entendu des femmes parler de leur corps, de leurs plaisirs avec autant de liberté, d’honnêteté, de légèreté, de jubilation aussi. « En corps », des podcasts audios réalisés par Bōni Kwaku, journaliste et podcasteur répondent à cette urgence, cette obligation de parler et d’écouter ces histoires de femmes qui mettent des mots sur leurs corps pour exprimer leur plaisir, ce qu’elles désirent, ce qu’elles attendent de leurs partenaires. C’est de l’ordre de la révélation. Voilà des paroles fondamentales sans lesquelles on ne peut comprendre la sexualité de la moitié de l’humanité ! Autant vous dire que c’est essentiel !

Pourquoi, en tant qu’homme tendez-vous votre micro pour porter la parole des femmes sur leur sexualité ?

Bōni Kwaku : Dans le podcast « En corps.. ! », j’ai proposé mon micro pour modestement créer un nouvel espace d’expression. Ces femmes ont de 25 à 79 ans. Elles parlent librement de leur sexualité et le font très bien. Je pense que vouloir une société égalitaire est une œuvre collective où chacun peut apporter sa contribution. C’est ma façon de participer. Il paraît que « Tout seul on va plus vite, ensemble, on va plus loin. » 

Pourquoi avoir choisi de réaliser des enregistrements audios. Pourquoi des podcasts ?

Je suis curieux de la nature humaine, découvrir l’autre et comprendre ses choix. J’ai précédemment eu quelques expériences en radio (Guadeloupe 1ère) et sur le web (Kéragency) où j’aborde déjà des questions de société. Je mène des interviews en tête-à-tête, mon format favori. Aujourd’hui, je choisis le podcast parce que je préfère le son à l’image. La voix laisse place à l’imagination. Pour un sujet si personnel, c’est aussi un moyen de mettre à l’aise mes invitées. Enfin, le podcast, c’est la liberté de choisir ses sujets. Surtout un thème sensible comme la sexualité.

Vous établissez immédiatement une complicité avec ces femmes si différentes les unes des autres. La parole est libre. Elles y dévoilent leurs questionnements, leurs façons de vivre leur sexualité, toutes différentes, toutes uniques.

On se rencontre pour la première fois le jour de l’enregistrement. Donc établir un climat de confiance, voire de complicité, est capital. Car il est important que mes invitées soient à l’aise pour parler de leur intimité à un inconnu, un homme en plus. Un grand merci à elles, d’ailleurs. Oui, l’ambiance est légère et agréable. Il y a des moments de rire, d’autres plus émouvants. Sans aucun jugement, bien entendu. Concernant la diversité des témoignages, il est intéressant pour moi d’avoir la palette d’expériences la plus large possible. Au cours des quatorze entretiens, on échange entre autres sur la sexualité et la religion, la maladie, le libertinage, le plaisir solitaire et nos comportements masculins vis-à-vis de vous les femmes.

Elles y parlent de rapports hétérosexuels, homosexuels ou bisexuels, selon leurs choix de vie. Jusqu’où ces femmes parlent-elles de leur désir, jusqu’à leurs plaisirs les plus intimes ?

Il y a autant de témoignages que de personnalités. A chaque épisode, je m’adapte à mon interlocutrice. Je reste à l’écoute, discret, bienveillant. Mes questions se font plus précises quand mon interlocutrice me le permet. Avec une autre plus réservée, je fais davantage attention à mes questions et au choix des mots. Au final, il y a des épisodes plus explicites que d’autres. Mais jamais rien de voyeuriste ni de vulgaire.

Jamais encore la société n’a éprouvé le besoin de s’intéresser à la sexualité des femmes, de leur donner la parole, surtout aux Antilles où cette sexualité n’est pas revendiquée. Est-ce pour cela qu’elles sont si magnifiques et désireuses de vous en parler ?

Participer au podcast « En corps.. ! » est leur façon de prendre part à mon concept : écouter les femmes sur leur sexualité et humblement contribuer à briser une inégalité de traitement. Les choses bougent même si trop lentement. Une femme qui parle de sexe est hélas encore vue différemment de moi quand j’aborde le sujet. Toutes les invitées acceptent de s’exprimer sur leur vie intime parce qu’elles saluent cette initiative d’avoir une opportunité supplémentaire de faire entendre leur parole. Après chaque épisode, il y a un bonus où l’invitée livre ses impressions d’après interview. C’est aussi riche à entendre que les entretiens.

Y-a-t-il des phrases, des confidences qui vous ont particulièrement marqué ?

C’est une question difficile car chaque témoignage est unique et porte son lot d’émotions, de joies, de fragilités. La sexualité demeure ce qu’on a de plus intime. Je suis sensible à la grande marque de confiance des femmes qui m’ont fait l’honneur de leur participation. Je suis aussi touché par les commentaires encourageants d’auditrices. Elles se sentent moins seules dans leurs questionnements sur leur propre sexualité. Rien que pour cela, je me dis : objectif atteint !

Ces paroles de femmes vous inspirent-elles de nouveaux projets ou un développement de votre concept ?

Je souhaite réaliser une troisième saison. L’exercice m’a beaucoup plu professionnellement et enrichi personnellement. C’est pourquoi j’encourage les femmes à aussi écouter en couple ou entre ami(e)s. Cela peut susciter des discussions sur le ressenti de chacun(e). Il y a tant d’autres thématiques à aborder. Mais il faut des invitées. Ce n’est pas facile de s’exprimer sur son intimité. C’est pourquoi je suis déjà très reconnaissant envers les quatorze précédentes…, et j’ai hâte de pouvoir l’être avec d’autres !

En corps et toujours !

Les invitées de Bōni Kwaku dévoilent leur intimité en cherchant à la comprendre et à l’expliquer. De grands moments aussi pour les auditeurs et auditrices qui écoutent pour la première fois des témoignages divers, bouleversants sur la conquête de leur plaisir par les femmes. À chacune sa jouissance…  Il en a fallu du temps pour que se libèrent les corps des femmes et pour quelles trouvent les mots justes, les mots qui leur conviennent pour parler du plaisir et dire à voix haute comment elles l’obtiennent. Il en a fallu du temps pour qu’elles disent franchement ce qu’elles attendent de leurs amants, de leurs amantes, des deux ou même de leurs pratiques solitaires. Boni tend son micro. Elles s’en saisissent et sans hésitation lui confient leurs secrets. Et c’est magnifique !

Nous avons demandé à Bōni Kwaku de nous présenter quatre de ses invitées. Ça n’a pas été facile car, comme il le dit, « choisir c’est renoncer ». Il a donc renoncé et choisi.

 

Il y a Selam, une trentaine d’années qui évoque une sexualité sacrée. Quand Bōni Kwaku évoque Selam, il dit : « J’ai beaucoup aimé la personnalité de cette jeune femme. J’ai perçu, lors des échanges, une authenticité et une douceur chez elle. Elle aborde une thématique (la sexualité sacrée) dont on entend beaucoup parler, mais avec des mots simples. »

Podcast à écouter ici : http://bit.ly/3ZypTdi

 

 

Il y a Mary aussi, la cinquantaine, bourgeoise, religieuse : « Mary est le premier épisode de la série de quatorze. Il a donc une valeur particulière. De plus, elle aborde une thématique qui est revenue chez plusieurs invitées : le poids de la religion dans sa vie sexuelle. »

Podcast à écouter ici : http://bit.ly/3W8jQJl

 

 

Elodie dévoile sa sexualité alors qu’elle lutte contre un cancer. « C’est un épisode très touchant. Je ne m’attendais pas à ce qu’Elodie se livre autant. Elle semblait peu accessible de prime abord : le jour de l’enregistrement correspond à la première rencontre avec chacune de mes invitées. Le cancer est, hélas, une maladie qui nous touche tou.te.s plus ou moins directement. Le choix de cet épisode m’a semblé une évidence. »

Podcast à écouter ici : http://bit.ly/3IRqReV

 

Joranie, et ses vingt ans ! Mannequin, elle raconte comment elle a découvert son corps, comment elle en joue. « Une jeune femme pétillante, très dynamique. Une belle personnalité qui met des mots simples sur les choses. »

Podcast à écouter ici : http://bit.ly/3IQkrMT

Bōni Kwaku, ancien enseignant de français, est communicant de profession. Friand des médias, curieux de la nature humaine, il crée et conduit l’émission radio « A demi-mot » en 2017 sur Guadeloupe la 1ère radio. Il crée aussi la mini-série « Moun.gp », dans laquelle il aborde, lors d’entretiens intimes, des questions sensibles comme le racisme, le sexisme ou le refus de maternité. En 2020, il se lance dans le podcasting avec « En corps… ! ». ¨

La saison 1 a débuté en octobre 2020 et la 2, en août 2021. Chacune comporte sept témoignages. On peut également écouter les retours d’expérience de chaque femme après chaque épisode de la saison 2. Bōni est à la recherche de confidentes pour la saison 3. Mais commence à enregistrer avec les premières invitées.

« En corps… ! » : les deux saisons sont disponibles sur toutes les plateformes de podcasts (Apple podcasts, Spotify, Google podcasts, etc.) ou sur https://anchor.fm/bni8 /

Instagram/Facebook : @bybonikn

 

Texte : Aimée Petit 

Illustrations : Annia Drawing

L’art et la mode kiffent le carnaval

Ils sont tous là à préparer leur déboulé, rassembler les orchestres, tester leurs vocalises. Ces moments-là sont inoubliables, ils se gravent en lettres d’or et de paillettes dans chacun des cœurs émus, excités. Chacun-e bouillonne sous son déguisement, aucun-e ne donnerait sa place, pour rien au monde. Les familles, les touristes s’attroupent sur les trottoirs, c’est le signe. La fête est magnifique, sublime comme à chaque fois. Le carnaval s’apprête à bondir d’un élan fiévreux, tonitruant, magique. Comme tous les ans, comme à chaque fois.

L’art du carnaval, c’est l’animatrice des réseaux sociaux de Créola, Genius Iron, qui vous le présente.

 

Design art

Loïc Corvo est considéré comme un artiste prodige, précoce qui acquiert très jeune une notoriété importante sur son île natale la Guadeloupe, après avoir été repéré par un groupe de carnaval qui lui a donné sa chance à l’âge de treize ans en tant que styliste du groupe. Il devient par la suite leur directeur artistique.

Sa formation artistique fut longtemps autodidacte mais il est aussi détenteur d’un diplôme des arts graphiques. Son style à la fois singulier et décalé le démarque nettement des autres stylistes carnavalesques, autant par son talent que sa créativité. Artiste manuel, il développe son art grâce à de nombreux voyages à l’étranger et ses rencontres avec d’autres artistes et artisans dans divers domaines. Il s’installe pendant cinq ans à Londres et travaille en parallèle dans un atelier de haute couture londonien Sorapol. C’est de là qu’il se fait reconnaître artistiquement aussi bien à Londres, qu’à Paris, Berlin et Saint-Martin. Cette reconnaissance lui permet de participer à deux Fashion Week de Paris.

Son talent grandissant fait de lui l’artiste designer d’aujourd’hui. À la tête de la CL Touch, entreprise de design, c’est une vision futuriste et moderniste que Loïc Corvo développe. L’artiste multidisciplinaire prolifique et énergique se distingue par sa versatilité et ses techniques expérimentales. Sa démarche préconise l’imposition des contraintes et le développement de nouveaux processus.

En constante inspiration, la CL Touch crée Rave International associée au talentueux chorégraphe Jek Unik. Les deux collaborateurs créent cette section carnavalesque avant-gardiste qui permettra d’apporter la touche caribéenne « made in Guadeloupe » dans différents carnavals dans le monde. Une promesse que les deux associés ne manqueront pas de tenir…

Nails art                   

Amandine Rosedel-Fundere, est passionnée par l’univers féminin, plus particulièrement la beauté des mains depuis de longues années. Elle développe depuis un an un concept sur mesure où la femme est au centre de ses préoccupations « au féminin by Amandine ».

Elle accueille dans son studio cocooning où elle promet de passer un moment intime, exclusif, au cours duquel elle se dévoue à vous sublimer.

Embarquez dans un univers qui combine, la qualité, les finitions, la douceur, la disponibilité, la création et la passion. Un pur moment d’évasion et de bien-être.

« J’arrive à éveiller en chacune d’entre elle ce côté où l’on ose tout en restant fidèle à son identité »

Make-up art

Audrey Domesor maquille depuis qu’elle a huit ans. Aujourd’hui make up artiste de profession elle pratique le Color-Blocking, technique far du carnaval.

En effet, le make-up de carnaval est sa spécialité. Ce qu’elle aime et qui l’anime dans les make-up de carnaval c’est avant tout le fait de pouvoir jouer avec les pigments, les strass et les paillettes sur tout le visage.« C’est un milieu très créatif, je n’arrive jamais avec une idée toute faite, l’énergie que dégage les personnes que je maquille détermine la composition du make-up. »

Pour moi la touche qui sublime un make-up de carnaval est une bouche pailletée, c’est un indispensable pour faire ressortir cet esprit glamour de fête et d’union qu’est le carnaval.

« Pour moi la période de carnaval est celle où l’on peut oser, sur les couleurs, les strass, les designs, un tremplin pour sortir de sa zone de confort »

Toute l’actualité d’Audrey Domesor sur Instagram @ordjhane.

 

Texte : Genius Iron

Photos : DR